Les Graciés de l'Histoire de Marlène Sándor, un livre à découvrir !

Les Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor

Découvrez l'histoire de graciés dans l'ouvrage Graciés de l'Histoire ; où des hommes et des femmes échappent à la peine capitale.
L'exécution de Madame Roland - Abbott, John S. C., New York, Harper & brothers | Domaine public
L’exécution de Madame Roland – Abbott, John S. C., New York, Harper & brothers | Domaine public

L’Homme rend justice depuis toujours. Cette justice n’a pas toujours été synonyme d’humanité. Marlène Sándor, dans son ouvrage Les Graciés de l’Histoire, évoque avec brio une trentaine d’histoires où des hommes et des femmes, condamnés à mort, sont graciés.

Chaque histoire est contextualisée, permettant aux lecteurs de comprendre l’état du royaume, de l’empire ou de la nation où se déroule la condamnation. Un effort plus que nécessaire, tant les lieux et les périodes sont variés.

La peine capitale et son histoire

La peine de mort est aussi vieille que les premières sanctions pénales. Pour les étudiants d’histoire, vous vous souvenez tous du Code de Hammurabi : œil pour œil, dent pour dent. Dans ce code, la peine de mort est déjà décrite sous le principe causal de la loi du talion.

La peine de mort est la clef de voûte des systèmes répressifs jusqu’au XVIIIe siècle

Jean Imbert 1989, p. 5

La peine de mort est une sanction universelle qui a été appliquée dans un très grand nombre de civilisations. Il faut attendre le XIXe siècle pour que cette peine commence à être remise en cause.

Les signes de Dieu comme grâce

La mise à mort du condamné a été réalisée de bien des manières, souvent dans la souffrance avant la mise en place de procédés plus “doux”, comme la guillotine. Ainsi, la mise à mort n’a pas toujours été un franc succès, et parfois, les condamnés étaient encore vivants après l’application de la peine…

Un homme est condamné à mort pour l’assassinat d’un artisan. Il clame son innocence. Le jour de l’exécution publique, une coccinelle se pose sur le cou du condamné. Le bourreau tente de l’enlever, à plusieurs reprises, mais la coccinelle se repose toujours au même endroit. Voyant là une intervention divine, le roi Robert II décide de gracier l’accusé.

Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor, p.20

Dans certains cas, les condamnés étaient graciés sous couvert d’un geste divin, une preuve que la grâce devait leur être accordée. Ainsi, l’échec du bourreau devenait la chance du condamné ! À la bonne heure.

La peine de mort où le bagne

La France, comme l’Angleterre, a envoyé des hommes et des femmes condamnés dans des colonies pénitentiaires. Ce verdict offre plus d’espoir que la peine capitale, pourtant, c’est souvent la mort qui les attend.

En France, les premiers bagnes sont installés sur les côtes, notamment le bagne de Toulon, le bagne de Brest et le bagne de Rochefort, au cours du XVIIe siècle. Dès le XVe siècle, des hommes étaient condamnés aux galères, mais quasi exclusivement en temps de guerre.

Les bagnes sont construits par la volonté de Louis XIV, qui souhaite reconstruire la flotte royale, notamment un corps de galères. Pour cela, il a besoin de rameurs, et c’est Colbert qui ordonne l’application de la peine des galères.

Sa majesté désirant rétablir le corps de ses galères et en fortifier la chiourme par tous les moyens, son intention est que vous teniez la main à ce que votre compagnie y condamne le plus grand nombre de coupables qu’il se pourra, et que l’on convertisse même la peine de mort en celle des galères

Ministre Jean-Baptiste Colbert

Lorsque les galères n’ont plus d’intérêt militaire, la peine des galères est transformée en peine des fers, qui sera modifiée une dernière fois par le Code pénal napoléonien de 1810 en peine de travaux forcés.

La mise en place des bagnes dans les colonies n’a lieu qu’en 1840. Les politiques souhaitent éloigner les criminels tout en développant ces territoires. Ainsi, les bagnards sont envoyés en Algérie, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, à La Réunion, en Indochine, à Madagascar, et même en Italie durant l’époque napoléonienne.

Bagnards à Nouméa, arasement de la butte Conneau, vers 1875. Découverte photographique de la Nouvelle-Caledonie. 1848-1900 - Kakou Serge | Domaine public
Bagnards à Nouméa, arasement de la butte Conneau, vers 1875. Découverte photographique de la Nouvelle-Caledonie. 1848-1900 – Kakou Serge | Domaine public

Graduellement, les bagnes métropolitains sont fermés au profit des bagnes situés dans les colonies.

Albert Soleilland est envoyé au bagne à l’île Royale.

Trois jours plus tard, Louis-Victor Houlbert est gracié (…) embarqué le 20 mars 1923 vers la colonie pénitentiaire de Guyane.

Le condamné gracié est envoyé au bagne de Guyane jusqu’à sa fermeture, en 1953.

Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor, p.84, 93 et 96

Les conditions de vie des bagnards sont atroces, et nombreux sont ceux qui meurent avant de terminer leur peine. Les maladies sont nombreuses dans ces territoires exotiques. De toute manière, les bagnards étaient condamnés à rester sur place, devant prendre en charge leur retour en métropole…

Il faut attendre le 1er août 1953 pour que les derniers bagnards rentrent en France.

Un mirroir de nos faits divers

Plusieurs histoires nous laissent un goût amer, avec une impression de déjà-vu. L’humanité, malgré son évolution – que l’on espère positive – est parfois confrontée à des faits datant de plusieurs siècles, qui pourraient se retrouver tels quels dans nos journaux…

L’Homme, d’hier comme d’aujourd’hui, est torturé par ses émotions, sa jeunesse, ses rencontres et son histoire. L’ouvrage de Marlène Sándor est un rappel de ce qu’est le genre humain.

Alors qu’il a vingt ans, le 3 juin 1835 aux alentours de midi, Pierre Rivière tue sa mère […], sa soeur […] et son frère […] à coups de serpe.

“J’ai déliveré moin père de tous ses embarras. Je sais que je mourrai, mais je lui ai fait le sacrifice de ma vie.”

Le 10 février, Pierre Rivière est gracié par Louis-Philippe.

[…] le 20 octobre 1840, Pierre Rivière se suicide par pendaison à la maison centrale de Beaulieu.

Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor, p.62 et 63

Cette première histoire, terrible, raconte comment un fils, par un parricide, sauve son père de sa mère. Cette histoire semble si familière. Bouleversant.

Albert Soleilland a violé puis tué Marthe chez lui avant de deposer son corps à la consigne de la gare de l’Est.

Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor, p.84

Cet ouvrage présente des histoires glaçantes, mais qu’il est bon de lire, tant ces faits sont encore si présents dans nos sociétés dites modernes. C’est un rappel alarmant que nous ne sommes pas plus évolués que nos aïeux, vivant à notre place il y a plus d’un siècle.

La fin de la peine de mort dans le monde ?

L’ouvrage de Marlène Sándor permet de nous rappeler que nous vivons dans une société qui a abolit la peine de mort – que depuis le 9 octobre 1981. Néanmoins, nous voilà protégé de la peine capitale.

Ce livre nous rappel donc ce luxe que nous avons, car nombreux sont les pays qui encore aujourd’hui pratique la peine de mort en droit ou en fait.

Quelques liens et sources utiles

Graciés de l’Histoire, Marlène Sándor, Opportun, 2024

Pays où la peine de mort est maintenue (en droit ou en fait), Sénat

Forçats corses, déportations au bagne de Toulon (1748-1873), Jacques Denis, Éditions Privat, 2011

Michel Pierre, Le temps des bagnes, 1748-1953, Tallandier, 2017.

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