Pandémie de Covid-19 et crise actuelle (2020-2024)

La pandémie de COVID-19 a frappé l’Argentine en mars 2020, comme une onde de choc qui a bouleversé chaque aspect de la vie...
Centre de vaccination à Mendoza - Ciudad de Mendoza | Creative Commons BY-SA 4.0
Centre de vaccination à Mendoza – Ciudad de Mendoza | Creative Commons BY-SA 4.0

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La pandémie de COVID-19 a frappé l’Argentine en mars 2020, comme une onde de choc qui a bouleversé chaque aspect de la vie sociale, économique et politique du pays. Sur le plan de la santé publique, l’Argentine a été confrontée à des défis majeurs : un système de santé sous-financé, une infrastructure hospitalière inadéquate pour faire face à l’afflux massif de patients, et des régions rurales particulièrement vulnérables.

Le gouvernement, dirigé par Alberto Fernández, a adopté dès le début de la pandémie des mesures strictes, imposant l’un des confinements les plus longs au monde pour limiter la propagation du virus. Si ces mesures ont permis de ralentir temporairement la courbe des infections, elles ont également exacerbé les inégalités sociales et provoqué une récession économique historique.

Les impacts de la pandémie sur l’économie, la santé et la société

L’économie argentine, déjà en difficulté avant la pandémie, a subi des pertes colossales en raison des restrictions sanitaires. La fermeture des entreprises, des commerces, et la chute du commerce international ont entraîné une baisse significative du PIB, une augmentation rapide du chômage et une aggravation de la pauvreté.

En 2020, l’Argentine a enregistré une contraction de 9,9 % de son économie, l’une des pires de son histoire récente. Le secteur informel, qui représente une grande partie des emplois en Argentine, a été particulièrement affecté, laissant de nombreux travailleurs sans ressources ni protections sociales.

Covid 19 en Argentine - Hbf878 (pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0
Covid 19 en Argentine – Hbf878 (pseudo Wikipédia) | Creative Commons BY-SA 4.0

En outre, le système éducatif a été mis à rude épreuve. La fermeture des écoles a privé des millions d’enfants et d’adolescents d’un accès régulier à l’éducation.

Bien que des solutions en ligne aient été proposées, les inégalités numériques ont accentué les écarts déjà existants, notamment dans les zones rurales et au sein des familles les plus pauvres, où l’accès à Internet et aux outils technologiques est limité. Ces pertes d’apprentissage risquent d’avoir des répercussions à long terme sur une génération entière, aggravant les inégalités sociales.

Cas de Covid 19 en 2022 - Frodar (Pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0
Cas de Covid 19 en 2022 – Frodar (Pseudo Wikipédia) | Creative Commons BY-SA 4.0

La pandémie a également eu un impact profond sur l’identité collective en Argentine, exposant à la fois la résilience et la fragilité de la société.

D’une part, elle a généré un élan de solidarité nationale. Face à l’urgence, des communautés locales se sont mobilisées pour aider les plus vulnérables, des réseaux d’entraide se sont formés, et des actions caritatives ont permis de pallier les manques de l’État.

Des initiatives citoyennes ont vu le jour pour distribuer de la nourriture, soutenir le personnel médical et aider les travailleurs précarisés par la crise.

Ce sursaut de solidarité a ravivé une certaine cohésion nationale, renforçant l’idée d’une Argentine unie face à l’adversité.

D’autre part, la pandémie a révélé et accentué les fractures sociales préexistantes. Les confinements prolongés, les mesures restrictives et la gestion de la crise par le gouvernement ont cristallisé des tensions sociales et politiques.

La population argentine, déjà marquée par une polarisation croissante, s’est divisée entre ceux qui soutenaient les décisions strictes du gouvernement et ceux qui critiquaient ces mesures pour leurs effets dévastateurs sur l’économie et les libertés individuelles. Des manifestations contre les confinements et la gestion de la pandémie ont eu lieu dans plusieurs villes, alimentant une méfiance croissante envers les autorités.

La fragmentation sociale s’est également traduite par une montée des inégalités. Alors que certaines classes sociales ont pu continuer à travailler à distance et bénéficier d’une protection relative, d’autres, notamment les travailleurs informels et les populations marginalisées, ont été les plus durement touchés.

La pandémie a ainsi exacerbé les divisions entre les classes sociales, mais aussi entre les régions, les zones urbaines étant souvent mieux équipées pour faire face à la crise que les zones rurales.

Polarisation sociale et répercussions sur l’identité nationale

La crise du COVID-19 et ses conséquences ont nourri des débats intenses sur l’identité nationale en Argentine, dans un contexte de polarisation politique exacerbée. Le pays, historiquement marqué par une forte culture de débat politique, s’est retrouvé face à des questionnements sur son avenir et sur les valeurs qui devraient guider la société post-pandémie.

À gauche, les partisans d’une intervention accrue de l’État ont mis en avant la nécessité de renforcer les filets de sécurité sociale, de promouvoir une redistribution plus équitable des richesses, et de consolider les acquis de l’État-providence, héritage des présidences kirchneristes. À droite, en revanche, les critiques contre la gestion du gouvernement Fernández se sont intensifiées, avec des appels à davantage de liberté économique, à la réduction des dépenses publiques et à une intégration plus profonde dans les circuits internationaux de l’économie.

Cette polarisation politique a influencé la perception de l’identité argentine. D’un côté, un discours basé sur la solidarité et la résilience collective a émergé, valorisant l’unité nationale dans les moments de crise. Ce récit met en avant l’importance d’un État protecteur, capable de répondre aux besoins de la population dans les moments de détresse.

Alberto Fernández recevant le vaccin Sputnik - Casa Rosada | CC BY 2.5 AR
Alberto Fernández recevant le vaccin Sputnik – Casa Rosada | Creative Commons BY 2.5 AR

D’un autre côté, un discours plus libéral a insisté sur les valeurs d’autonomie individuelle, de responsabilité personnelle et de méfiance vis-à-vis de l’intervention étatique.

Les symboles et les valeurs de l’identité argentine ont également été remis en question durant cette période. La figure du péronisme, avec ses promesses d’égalité sociale et de protection des plus démunis, a été contestée par une partie de la population, notamment les jeunes générations, qui se sentent de plus en plus éloignées des idéaux des décennies précédentes. Ces débats reflètent un pays en pleine transformation, où l’identité nationale se redéfinit au gré des crises politiques, économiques et sociales.

Dans ce contexte, les discussions autour de l’identité nationale ne cessent de croître, reflétant une Argentine divisée entre un désir de continuité historique, marqué par des valeurs de solidarité et d’égalité, et une volonté de rupture avec les modèles du passé, prônant une plus grande autonomie économique et politique.

Quelques liens et sources utiles

Salvia, A ; Poy, S ; Pla, L. (2022). La sociedad argentina en la pospandemia. Siglo veintiuno editores

Redrado, M. (2022). Argentina primero. Sudamerica

Gamallo, G. (2022). De Alfonsin a Macri. Eudeba

Deglise, F. Le populisme sur le seuil d’une Argentine en crise. Le devoir. 18 novembre 2023

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