Mary Treat est une biologiste du XIXème siècle spécialisée dans l’étude des insectes et des plantes carnivores. Elle est également connue pour avoir correspondu avec de nombreux biologistes de renom tel qu’Asa Gray, botaniste américain, ou encore le célèbre Charles Darwin, auteur de l’Origine des Espèces.
De nombreuses figures féminines qui ont marqué l’histoire sont malheureusement tombées dans l’oubli au fur et à mesure des années. Dans ces personnes oubliées se trouvent généralement les femmes ayant eu un impact intellectuel majeur comme Ada Lovelace, première programmeuse au monde, ou encore celle dont nous parlerons dans cet article, Mary Treat.
Courte biographie de Mary Treat
Mary Treat, née Davis, est née en 1830 à Trumansburg dans le New Jersey. Elle déménage ensuite en Ohio. Là-bas elle suit un cursus scolaire dans un établissement privé qui la forme en science et dans les disciplines littéraires comme les langues gréco-latines.
Elle se marie avec le docteur Joseph Burrel Treat en 1863. Ils vivent quelque temps en Iowa et déménagent par la suite à Vineland dans le New Jersey en 1869. Le couple se sépare en 1874. Désormais seule et sans enfants, Treat accorde encore plus de temps à ses travaux en biologie.
Mary Treat meurt en 1923, admirée par ses congénères biologistes. Elle sera restée une femme indépendante de sa séparation avec son mari jusqu’à sa mort. Rares sont les femmes du XIXème siècle à avoir pu vivre financièrement de leurs recherches scientifiques et Mary Treat en a fait partie.
Vineland
Vineland est une communauté établie par Charles Landis qui favorise à la fois l’intellect et l’agriculture. C’est pourquoi vivre là-bas développe l’intérêt de Mary Treat pour la botanique.
La communauté de Vineland se trouve également à proximité du Pine Barrens. Le Pine Barrens est un large écosystème peuplé de pins. Le nom Pine Barrens fait référence à la stérilité de son sol.
En effet, le terme “barren” se traduit par stérile en français. Et pourtant, le Pine Barrens abrite un grand nombre de plantes comme des orchidées et des plantes carnivores.
Ces plantes sont pour beaucoup des spécimens rares.
Sa carrière scientifique
Mary Treat s’est d’ailleurs particulièrement intéressée aux plantes carnivores. Elle publie un article sur celles-ci intitulé “Les plantes qui mangent des animaux“. Les plantes carnivores sont difficiles à trouver, c’est pourquoi Mary Treat fut l’une des premières botanistes à avoir pu les observer sur des longues périodes.
Mary Treat est aussi à l’origine de plusieurs livres et articles scientifiques populaires. On peut prendre comme exemple son livre “Injurious Insects of the Farm and Field” publié en 1882. Ce livre rapporte les découvertes et les observations de Mary Treat sur les insectes que l’on trouve à la campagne dans les champs et dans les fermes comme les fourmis. Comme nombre de ses ouvrages, ce livre est écrit de manière à ce que même le public non scientifique puisse le lire facilement. Il a d’ailleurs été tellement apprécié du public qu’il a été réédité cinq fois.
Mary Treat était l’une des seules femmes ayant pu vivre entièrement de la science. Elle a également publié à la fois dans des revues scientifiques et dans des magazines plus populaires. De fait, Mary Treat a activement participé à la popularisation de la science en ne confinant pas ses publications aux cercles universitaires.
Elle découvre au cours de sa carrière scientifique nombre de nouvelles espèces d’insectes et de plantes, telles que des fourmis, des mouches, des araignées ou encore des amarillys. Par ailleurs, quelques-uns de ces correspondants biologistes lui font hommage en nommant des espèces en son nom. On retrouve par exemple une espèce de fourmi brune native des États-Unis nommée “aphaenogaster treatae“, ou encore une espèce de guêpe vivant dans les chênes portant le nom de “belonocnema treatae“.
Sa correspondance avec Charles Darwin
Mary Treat a correspondu avec de nombreux scientifiques. Ces correspondances variaient entre échanges de spécimens et conversations théoriques et analytiques sur la botanique. Mary Treat était d’ailleurs l’une des seules femmes correspondant avec des hommes de science qui fut traitée d’égal à égal. Ils discutaient avec elle de théories et d’analyses scientifiques.
Il faut savoir qu’à cette époque, les correspondances entre hommes de science et les femmes scientifiques se cantonnaient généralement à un simple échange de spécimens. La relation d’égal à égal qu’entretenait Mary Treat avec ses correspondants est donc d’autant plus impressionnante.
Dans une lettre de Charles Darwin lui étant adressée, ce dernier lui confie qu’il n’arrive pas à comprendre le mécanisme d’ouverture de l’utricularia aurea, un type de plante carnivore, et cela le frustre. Elle se penche alors sur la question.
En passant un spécimen sous le microscope, Mary Treat observe des poils sensibles formant un système organique qui détecte la présence d’insectes.
En d’autres mots, ces plantes carnivores fonctionnent de la même manière que les lampes à détecteur de mouvements.
Darwin fut tellement impressionné par ses découvertes sur les plantes carnivores qu’il la mentionne dans son ouvrage, “Les plantes insectivores“. Et c’est d’autant plus impressionnant quand on sait que Charles Darwin était conservateur.
Cependant, si une femme venait à l’impressionner scientifiquement, comme ce fut le cas avec Mary Treat, Darwin était le premier à la soutenir. Rappelons également que Charles Darwin est l’un des noms les plus connus de la science.
De fait, ce que Mary Treat a accompli en tant que femme de sciences est gigantesque. Comme Mary Read et Anne Bonny, Mary Treat s’est imposé dans un domaine qui était pourtant presque exclusivement masculin.
Redécouverte contemporaine de Mary Treat
On retrouve évidemment Mary Treat dans de nombreux livres dédiés aux figures intellectuelles féminines. Cependant, cette redécouverte se fait également par le biais de la littérature de divertissement.
C’est le cas pour Mary Treat dans le roman “Des vies à découvert” de Barbara Kingsolver publié en 2018. Mary Treat y est certes romantisée, mais sa présence dans le roman de cette autrice américaine populaire lui aura tout de même permis de briller de nouveau.
Quelques sources et liens utiles :
Sanders, Dawn, “Behind the Curtain. Treat and Austin’s Contributions to Darwin’s Work on Insectivorous Plants and Subsequent Botanical Studies.” Jahrbuch für Europäische Wissenschaftskultur, Vol. 5, 2010, pp. 215-229.
Bonta, Marcia, Women in the field: America’s pioneering women naturalists. College Station, Texas A & M University Press, 1991, pp. 42–48.
Kingsolver, Barbara, Des vies à découverts. Paris, Éditions Payots & Rivages, 2021.