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Louis Blériot : Un véritable pionnier de l’aviation

En 1901, Louis Blériot s’intéresse à la construction des aéroplanes, alors très récente et devient vite l’un des pionniers de l'aviation.
Louis Blériot vers 1908, BNF I Domaine Public
Louis Blériot vers 1908, BNF I Domaine Public

Louis Blériot est un aviateur et industriel français du XXème siècle. Travaillant premièrement dans l’industrie automobile, Blériot s’intéresse à la construction d’aéroplanes qui en sont à leur tout début. Pourtant ponctuée de nombreux d’échecs, la carrière de l’aviateur décolle en 1909 et l’homme devient rapidement l’un des pionniers de l’aviation.

Un brillant ingénieur découvrant l’aviation

Louis Blériot est né le 1er juillet 1872 à Cambrai.

Jeune homme intelligent et travailleur, il reçoit au cours de sa scolarité de nombreux prix aussi scientifiques que littéraires. Étudiant au Collège Sainte-Barbe à Paris, il rentre à l’école Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1892, d’où il sort diplômé à 23 ans.

Il travaille premièrement dans la production d’accessoires automobiles en créant sa société dès 1896 avec laquelle il révolutionne l’éclairage. La société Blériot produit des phares à acétylène qui éclairent très bien la nuit et constituent les phares les plus performants de l’époque auprès de l’industrie automobile alors en plein essor.

Mais la fin du XIXème siècle est aussi la période du développement des aéroplanes :

Entre le vol de l’Eole de Clément Ader en 1890, puis celui des Frères Wright en 1903, les tentatives de faire voler l’homme se multiplient. Pour cela, les premiers avions de l’époque sont fabriqués les plus légers possibles. Souvent constitués de bois et de toiles tendues, il en résulte que leurs structures sont très fragiles : le moindre choc est ainsi souvent synonyme de casse pour l’appareil et le pilote.

La passion naissante de Blériot pour les aéroplanes

Louis Blériot s’intéresse depuis quelque temps à l’aviation et décide de s’installer dans un atelier pour débuter la construction d’aéroplanes.

Avec l’argent gagné avec sa société, il construit un premier modèle réduit (1.50 m ,10kg, moteur 2Cv) à ailes battantes imitant le vol des oiseaux. À l’occasion d’un essai réalisé en janvier 1901, le baptisé Blériot I ne quitte pas le sol et Blériot doit abandonner son premier prototype.

Blériot se met alors à construire de nouveaux modèles qui explosent malheureusement au cours des essais suivants. Mais ces échecs ne le désespèrent pas et l’ingénieur consacre ses économies et son temps à sa nouvelle passion.

Louis Blériot adhère en 1901 à l’Aéro-Club de France, récente association des aviateurs français, et commence à fréquenter les premiers constructeurs d’avions.

L’ingénieur y rencontre Gabriel Voisin, dessinateur des Beaux-Arts qui a réussi avec son frère Charles à effectuer des vols planés avec un appareil en 1904. Les deux frères réalisent depuis quelque temps sur la Seine des tests de vols avec des planeurs biplans équipés de flotteurs et tirés par un bateau.

Blériot assiste à un de leurs essais en juin 1905 où le prototype de la fratrie s’envole à 20 m d’altitude. Fasciné, il propose une association aux frères Voisins.

L’ingénieur a notamment l’idée de modifier la forme des cellules de l’avion Voisin ou encore de remplacer les flotteurs par des roues. Mais tous les essais échouent : une fois l’appareil plonge dans la Seine, l’autre fois, les roues se cassent en décollant au Bois de Boulogne.

Ces essais qui n’ont pas les résultats escomptés sont moqués par le public. Blériot acquiert le surnom de « roi de la casse » ou « roi des pâquerettes ».

Par ailleurs, l’association Blériot-Voisin se détériore car les deux hommes ne s’entendent pas. En effet, Gabriel Voisin ne supporte pas le caractère autoritaire de son partenaire qui remet sans cesse en question ses choix de conception. Blériot de son côté investit toute sa fortune et ne croit plus en la capacité des biplans qu’il veut abandonner au profit des monoplans. C’est ainsi que la brève collaboration des deux constructeurs s’arrête début 1906.

Blériot crée par la suite un monoplan nommé le Canard, appareil à ailes déployées avec l’hélice à l’arrière du pilote qui manquera de stabilité et ne fera jamais que quelques bonds ponctués d’accidents à chaque tentative.

Une course à la meilleure performance

Blériot doit faire face à de nombreux concurrents parmi lesquels :

  • Le pilote Santos-Dumont réussit en novembre 1906 un vol sur une distance de 220 m à quelques mètres de hauteur. Cette performance lui permet d’obtenir le prix de l’Aéro-Club de 1906 récompensant l’aviateur de l’année.
  • Henry Farman, qui réussit en 1908 le premier vol en circuit fermé sur 1 km avec un avion des frères Voisins ainsi que le 1er vol avec passager la même année.
Louis-Bleriot-et-Henry-Farman-en-1912-BNF-I-Domaine-Public
Louis Blériot et Henry Farman en 1912 au concours d’hydro aéroplane de Monaco, BNF I Domaine public
  • Hubert Latham, qui fait deux tentatives de traversée de la Manche les 19 et 25 juillet 1907 et sera le futur détenteur des records de distance (154km en 1909) et hauteur (1000m en 1910).
  • Léo Delagrange, détenteur de plusieurs records dont celui du vol sur une distance de 24 km en septembre 1908.
  • Les frères Wright, pionniers de l’aviation s’attaquent au record de durée de vol qu’ils battent successivement pour atteindre 1h30 en septembre 1908.

Louis Blériot s’entoure ainsi des meilleurs spécialistes pour espérer battre ses concurrents : ainsi l’ingénieur Raymond Saulnier est chargé de dessiner les appareils et Alexandro Anzani conçoit les moteurs. Par ailleurs, Blériot essaie seul ses prototypes contrairement à la plupart des autres constructeurs.

En dépit des nombreux crashs, les performances s’améliorent chaque mois : 80 m en juillet 1907, 186 mètres en septembre 1907, 600 m en juin 1908, 6 km en juillet 1908 et 14 km en octobre 1908. Mais Louis Blériot est ruiné et construit alors, pense-t-il, un dernier modèle : le Blériot XI.

Le nouveau modèle Blériot XI conçu par Raymond Saulnier s’avère prometteur. Constitué de fuselage entoilé, d’une hélice à l’avant et d’un train d’atterrissage en roues de bicyclette, l’appareil réalise le 13 juillet 1909, 46 km lui valant le prix de l’Aéro-Club de France.

Blériot veut essayer la traversée de la Manche dont la récompense est de 25 000 francs-or du journal anglais le Daily Mail . Ayant assisté à l’échec d’Hubert Latham, l’aviateur tente ainsi la traversée de la Manche le 25 juillet 1909. Ne sachant pas nager, une bouée doit se gonfler en cas de crash de son avion en mer.

L’appareil décolle à 4h41 du matin. Pilotant à 100m d’altitude et 60km/h de moyenne, Blériot boucle les 38 km séparant Calais de Douvres en environ 30 minutes et devient le premier aviateur à réaliser cet exploit. La performance est mondialement médiatisée.

La Vie au Grand Air, en 1909 - La Vie au Grand Air (Gallica BNF) | Domaine public
La Vie au Grand Air, en 1909 – La Vie au Grand Air (Gallica BNF) | Domaine public

L’avion est exposé à Londres quelques jours puis effectue un retour triomphal à Paris. Louis Blériot est décoré de la Légion d’Honneur et son activité de constructeur d’avions s’apprête à débuter.

Le développement de la firme industrielle Blériot

La traversée de la Manche marque la consécration d’années de travail et un tournant dans la carrière de l’industriel. Louis Blériot démarre grâce à cette performance la production en série de modèles Blériot XI pour de nombreux particuliers et pour plusieurs armées. Son atelier de Neuilly est déménagé à Suresnes dans un atelier beaucoup plus grand.

Près de 500 modèles sont produits en 4 ans et le modèle Blériot XI devient l’un des appareils dominant les courses aériennes de l’époque (Paris-Madrid, Circuit Européen) et le détenteur de plusieurs records :

Roland Garros accomplit avec le modèle, le record d’altitude en 1910 à 4960 m. Louis Blériot réalise le record du monde de vitesse sur piste lors de la Semaine de l’aviation à Reims 1909 . Alfred Leblanc remporte en 1910 le Circuit de l’Est avec le record absolu de vitesse parcourue en 10 jours de course.

Blériot rachète la société SPAD en 1914 et équipe l’armée de modèles très performants conçus par l’ingénieur Louis Béchereau. Les SPAD seront considérés parmi les meilleurs avions français de la Grande Guerre, dont le fameux SPAD VII piloté dès 1916 par les meilleurs as comme Georges Guynemer, René Fonck, ou Charles Nungesser qui envoient régulièrement des notes pour améliorer les performances.

L’industriel construira aussi des avions pour l’Aéropostale dont le Blériot 5190. Véritable pionnier, on dit que ce sont des modèles d’avions inspirés des modèles Blériot qui permettront les grandes avancées de l’aviation comme la traversée de la Méditerranée (Roland Garros) ou de l’Atlantique (Charles Lindbergh, Jean Mermoz).

Louis Blériot décède le 1er août 1936. Ce n’est que quelques mois plus tard que la société Blériot Aéronautique est nationalisée par le gouvernement du Front populaire dans le cadre d’une politique de réarmement de la France.

Quelques liens et sources utiles

Geo Lefevre, Les grandes figures de l’aviation, 1909

Robert Chaussois, Louis Blériot, L’homme de la Manche, 1991

Revue trimestrielle des Vieilles tiges, Pionniers juin 1965

Pégase : Revue de l’association des amis du musée de l’air, 2009

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