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La Corée du Nord et la Corée du Sud sont-elles toujours en guerre ?

La division de la péninsule coréenne est l’une des conséquences les plus durables et les plus tragiques de la Guerre froide.
Unité blindée de chars T-34 nord-coréens entrant à Séoul en 1950 - Auteur inconnu | Domaine public
Unité blindée de chars T-34 nord-coréens entrant à Séoul en 1950 – Auteur inconnu | Domaine public

La division de la péninsule coréenne est l’une des conséquences les plus durables et les plus tragiques de la Guerre froide. Bien que la guerre de Corée (1950-1953) ait officiellement pris fin par un armistice, aucun traité de paix n’a été signé.

Aujourd’hui encore, la Corée du Nord et la Corée du Sud demeurent techniquement en état de guerre, un statu quo qui façonne les relations internationales en Asie de l’Est et au-delà.

Une division née de la Guerre froide

La division de la Corée remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, le Japon, qui avait annexé la péninsule coréenne depuis 1910, capitule face aux Alliés. La péninsule est alors partagée en deux zones d’occupation : le nord est contrôlé par l’Union soviétique, et le sud par les États-Unis. Le 38ᵉ parallèle devient une ligne de démarcation administrative, censée être temporaire.

Cependant, les tensions croissantes entre les blocs soviétique et américain empêchent toute réunification. En 1948, deux gouvernements rivaux sont établis : la République de Corée (Corée du Sud) sous l’égide des États-Unis, et la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), soutenue par l’URSS et la Chine.

Cette division géopolitique reflète les fractures idéologiques de la Guerre froide, avec un régime communiste au nord et un régime pro-occidental au sud.

La guerre de Corée : une guerre fratricide

Le 25 juin 1950, les troupes nord-coréennes envahissent le Sud dans une tentative de réunification forcée. La guerre de Corée devient rapidement un conflit international. Les Nations unies, menées par les États-Unis, interviennent pour défendre le Sud, tandis que la Chine soutient massivement le Nord. L’Union soviétique joue un rôle indirect en fournissant du matériel militaire.

Le conflit est marqué par des combats acharnés et des pertes humaines considérables. On estime que près de trois millions de personnes, militaires et civils, ont péri pendant cette guerre. En 1953, un armistice est signé à Panmunjom, mettant fin aux hostilités mais pas au conflit. La péninsule reste divisée par une zone démilitarisée (DMZ), l’une des frontières les plus militarisées au monde.

Un statu quo sans traité de paix

L’absence de traité de paix signifie que les deux Corées restent techniquement en guerre. Ce statu quo est alimenté par des antagonismes idéologiques, des intérêts géopolitiques et des événements historiques.

Un antagonisme idéologique persistant

La Corée du Nord, sous la dynastie des Kim, prône un régime autoritaire basé sur le juche, une idéologie d’autosuffisance. La Corée du Sud, de son côté, s’est développée en tant que démocratie capitaliste et alliée des États-Unis. Cette opposition fondamentale rend toute réconciliation difficile.

La militarisation de la péninsule

La DMZ est le symbole de cette guerre non déclarée. Des millions de soldats nord-coréens et sud-coréens sont déployés de part et d’autre de cette ligne, tandis que la Corée du Nord poursuit son programme nucléaire, alimentant les tensions internationales.

Le rôle des puissances étrangères

Les États-Unis et la Chine jouent un rôle crucial dans le maintien de ce statu quo. Washington soutient militairement et économiquement Séoul, tandis que Pékin reste un allié clé de Pyongyang, bien que cette relation soit parfois ambiguë.

Les tentatives de paix

Depuis la fin de la guerre, plusieurs sommets intercoréens ont eu lieu pour tenter de rétablir la paix. Les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Moon Jae-in ont initié des politiques de rapprochement, tandis que Kim Jong-un a participé à des discussions historiques avec des dirigeants étrangers, dont Donald Trump.

Cependant, ces efforts n’ont pas abouti à une résolution durable. Les provocations nord-coréennes, notamment les essais nucléaires, et les sanctions internationales maintiennent un climat de méfiance.

Pourquoi cette guerre froide persiste-t-elle ?

La persistance de cet état de guerre s’explique par plusieurs facteurs :

  • La légitimité des régimes : Les deux gouvernements revendiquent la souveraineté sur l’ensemble de la péninsule.
  • La militarisation extrême : Les capacités militaires de la Corée du Nord, notamment son arsenal nucléaire, dissuadent toute action unilatérale.
  • Les enjeux géopolitiques : La péninsule coréenne reste un point de tension stratégique entre les grandes puissances.

Une paix possible ?

Malgré les obstacles, des solutions sont envisageables. La normalisation des relations entre les deux Corées nécessiterait un traité de paix formel, la démilitarisation progressive et une intégration économique. Cependant, ces perspectives sont rendues complexes par les divergences idéologiques et les pressions internationales.

Quelques liens et sources utiles

Armstrong, Charles K. The North Korean Revolution, 1945-1950. Cornell University Press, 2003.

Cumings, Bruce. Korea’s Place in the Sun: A Modern History. W.W. Norton, 1997.

Oberdorfer, Don. The Two Koreas: A Contemporary History. Basic Books, 2001.

Oh, Kongdan, et Hassig, Ralph C. North Korea: Through the Looking Glass. Brookings Institution Press, 2000.

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