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Sur quoi dormaient nos ancêtres ?

Le matelas est un produit acquis. Aujourd'hui, le sommeil est synonyme de confort et de tranquillité, mais autrefois, comment était-ce ?
Dessin de l'intérieur d'une chambre en 1857 - Auteur inconnu | Domaine public
Dessin de l’intérieur d’une chambre en 1857 – Auteur inconnu | Domaine public

Depuis toujours, l’humanité dort. Que ce soit dans une grotte, sous un arbre, dans une cabane rudimentaire, sur un matelas de paille, de plume d’oie, puis dans notre literie moderne et confortable, l’humanité a toujours trouvé un moment pour se reposer. Aujourd’hui, le sommeil devient une ressource précieuse tant les sollicitations sont omniprésentes.

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir sur quoi dormaient nos ancêtres ? Inévitablement, les lieux de repos ont évolué entre le Paléolithique, le Moyen Âge et la Renaissance… Alors découvrons ce que l’archéologie, les sources et les historiens peuvent nous apprendre sur le sommeil de nos ancêtres.

L’évolution du mode de couchage de l’humanité

L’évolution de nos couchages n’est pas linéaire; inévitablement, un sénateur romain dormait dans des conditions plus agréables qu’un serf du Moyen Âge. Néanmoins, l’objectif de l’humanité a toujours été d’améliorer le confort moyen pour l’ensemble de la population.

Nos matelas il y a 200 000 ans

Le magazine Science & Vie annonçait en août 2020 la découverte d’un lit archaïque composé de couches de cendres et d’herbes, datant de 200 000 ans. Nos ancêtres avaient déjà compris que, pour bénéficier d’un sommeil confortable et réparateur, il était nécessaire de se trouver hors du sol et à l’abri des insectes.

Ce type de couchage avait déjà été retrouvé auparavant, mais daté de seulement 38 000 à 77 000 ans. Cette découverte, publiée dans Science par une équipe sud-africaine, portait sur plusieurs restes retrouvés à Sibudu, dans la province de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud.

Les membres de l’équipe ont constaté que la literie se composait d’une couche d’un centimètre d’épaisseur de tiges et de feuilles compactées. Les feuilles utilisées avaient des propriétés insecticides. Selon eux, ces plateformes de couchage n’étaient pas réservées uniquement au sommeil, mais servaient également aux activités quotidiennes.

En France, cette fois, dans la grotte du Lazaret, ce sont des literies composées d’algues qui auraient été retrouvées. Aucun reste n’est bien sûr présent; ce sont de minuscules coquilles marines, bien trop petites pour être consommées, qui ont été retrouvées dans une zone de repos de la grotte. C’est la conclusion admise par les scientifiques.

Le sommeil au Moyen-Âge

Vous avez déjà dû entendre parler du sommeil biphasique, un modèle de sommeil répandu chez nos ancêtres, qui aurait existé du VIIIe siècle avant J.-C. jusqu’à la Révolution industrielle dans l’ensemble des cultures humaines. Ce mode de sommeil a été découvert par l’historien Roger Ekirch dans les années 1990.

Ainsi, nos ancêtres dormaient une première fois de 21h à 23h, puis se réveillaient naturellement et restaient éveillés jusqu’à environ 1h du matin. Mais sur quoi dormaient-ils ?

En fonction de la richesse du propriétaire, les matelas étaient composés différemment. Au Moyen Âge, le matelas pouvait être un sac de paille, de laine, de crin, de feuilles de maïs ou de son, par exemple. Ces sacs étaient souvent le seul confort disponible pour les classes laborieuses, pour éviter l’inconfort du couchage à même le sol. Le sac pouvait être posé sur un sommier rudimentaire.

Pour les plus riches, les matelas pouvaient être composés de coton, de laine et même de plumes. Les privilégiés cherchaient des procédés et des améliorations pour leur lit. Ainsi, au cours du XIVe siècle, une tête de lit fut ajoutée pour limiter le contact avec la fraîcheur des murs. Au XVe siècle, le lit à baldaquin fut inventé (1490), permettant de mieux garder la chaleur, un sujet essentiel pour tous les hommes et femmes de cette époque.

Le lit était donc un indicateur social : tout le monde n’était pas logé à la même enseigne.

Pour les voyageurs, un simple tapis pouvait suffire. Dans les auberges, les marchands partageaient des lits, à la fois pour conserver la chaleur, mais aussi pour diminuer le prix du couchage. Le partage du lit était une réalité pour la majorité de la population : pour les voyageurs, mais aussi pour les familles, les malades et les religieux.

Le premier matelas à eau

Dernier sujet de cet article, le matelas à eau, que nous pourrions imaginer comme très récent, pourtant le premier a été créé au début du XIXe siècle. C’est le médecin écossais Neil Arnott qui conçoit ce matelas pour empêcher les escarres chez les invalides.

Le matelas n’est pas breveté, afin que chacun puisse en construire un, dans le but d’aider un maximum d’invalides. La structure est assez simple : une couche d’eau se trouve dans une toile imprégnée de caoutchouc, sur laquelle une literie conventionnelle est placée.

Dans l’article A New Beecher Church de Mark Twain, publié dans le New York Times le 23 juillet 1871, ce matelas à eau est évoqué :

Dans l’infirmerie, seront gardés un ou deux lits à eau (pour les invalides dont les souffrances ne leur permettent pas de reposer sur une substance moins souple) et une demi-douzaine de chaises longues sur roues. Les lits à eau et chaises roulantes appartenant actuellement à l’église sont constamment demandés et toujours en service.

En 1968, Charles Prior Hall invente le lit à eau moderne, qui sera par la suite commercialisé à partir de 1971, lorsqu’il obtient son brevet. En 1987, le matelas à eau représente 22 % du marché.

Le matelas un produit de luxe

Aujourd’hui, nous ne nous rendons plus compte de tout le confort qui compose nos maisons. Entre l’électricité en continu, l’eau courante, des toilettes à disposition, une chambre comme pièce unique, et enfin un matelas confortable. Ce luxe est de plus en plus accessible à petit prix, avec des matelas discount, de toutes les tailles, pour tous les gabarits.

Profitons de ce que nous possédons aujourd’hui, mais gardons en tête que tout n’est pas acquis pour la vie. Dans le monde, de nombreuses personnes ne dorment pas sur des matelas, et certaines tribus, encore déconnectées du mode de vie occidental, dorment comme nos ancêtres. C’est à la fois un sujet d’étude intéressant pour les spécialistes, qui peuvent en apprendre plus sur nous, mais aussi une illustration des disparités qui existent encore sur notre planète.

Quelques liens et sources utiles

Coline Buanic, Nos ancêtres dormaient dans des lits d’herbes il y a 200000 ans, Science & Vie, 2022

F. Belnet, Des lits et des insecticides, il y a 77 000 ans…, Hominidés, 2011

Hominidés, Grotte du Lazaret

Cormier, Anselme. « Chapitre 2. Les lits antiques : formes et origines ». In Lectus eburneus. Naples: Publications du Centre Jean Bérard, 2022.

Marion Poirson-Dechonne, Au lit au Moyen-Âge : comment et avec qui ?, Marenostrum, 2024

Chiara Frugoni, Au lit au Moyen âge : Comment et avec qui, Belles Lettres, 2024

Éric Chaverou, Fiona Moghaddam, Le sommeil d’antan, c’était vraiment mieux avant ?, Radio France, 2020

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