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Indice de Manning et les mains négatives

L'indice de Manning, malgré son caractère incertain, a été utilisé en archéologie pour identifier le sexe des peintres d'antan.
Pochoirs à main et renards volants - Google Cultural Institute | Domaine public
Pochoirs à main et renards volants – Google Cultural Institute | Domaine public

L’inconnu est une donnée qui déplaît à l’espèce humaine. Lorsque nous avons commencé à découvrir des fossiles d’individus ressemblant de près ou de loin à nous : homme de Yunxian ; homme de Pékin ou encore garçon de Turkana, il nous a été impossible de ne pas savoir le sexe !

Un anatomiste allemand dans les années 1870 met en évidence la différence de proportion entre l’index et l’annulaire chez l’homme et la femme. Néanmoins, pendant plus d’un siècle, cette information reste lettre morte. Il faut attendre le travail du biologiste britannique John Manning en 1998, travaillant alors dans un centre de fertilité à Liverpool.

Le concept de l’indice de Manning

John Manning mesure le ratio des doigts de ses patients. Il découvre que chez les hommes ayant de hauts niveaux de testostérone, les ratios sont plus faibles. Son équipe poursuit les analyses et découvre que la différence de ratio est déjà présente entre les sexes dès l’âge de deux ans. Ils concluent que la différence se crée avant la naissance, dans le ventre de la mère.

Ainsi, John Manning conclut que le ratio 2D (index) : 4D (annulaire) est le reflet des niveaux de testostérone et d’œstrogène durant le développement prénatal.

Utilisation médicale

L’indice de Manning a rapidement été utilisé dans des thèses particulièrement tendancieuses. Au début des années 2000, des scientifiques ont cherché à établir un lien entre le ratio des doigts et l’homosexualité chez les femmes, ou encore à déterminer si le ratio pouvait être un indicateur de la capacité d’un individu à être un bon sportif.

John Manning a également été un partisan de l’utilisation de son indice dans tout un tas de recherches scientifiques. Il est l’auteur d’une thèse : Ratio des doigts : indice de fertilité, du comportement et de santé, qui met en avant ses recherches et l’importance de ce ratio pour comprendre l’être humain.

Depuis, le nombre d’études a explosé, cherchant à intégrer la valeur du ratio 2D : 4D à tous les aspects de caractères ou d’héritage physique de l’être humain. En vrac, voici quelques thèmes abordés par ces recherches : aptitude d’une personne à performer en aviron, intelligence lors de placements en bourse, capacités sexuelles, risque de souffrir d’autisme ou de cancers (prostate, œsophage), voire dispositions à réussir des études.

Tous les résultats liés à ce ratio 2D : 4D sont controversés. Certes, après quelques semaines de développement, le fœtus est soumis à un pic de testostérone, qui sert à déterminer son sexe. Il se trouve que c’est à ce moment aussi que poussent les doigts. Un lien est donc possible, même s’il reste encore à établir formellement. Mais lier ce taux de testostérone à d’autres traits, comme la voix, voire le visage, qui prennent leur forme définitive à l’âge adulte, est absurde.

Il n’existe dans la littérature aucun article permettant de considérer indubitablement l’une ou l’autre de ces assertions comme plausibles. Il s’agit d’inférences, de corrélations postulées, mais aucun lien de cause à effet entre le taux de testostérone durant la gestation (et donc peut-être le rapport 2D : 4D) et les innombrables traits humains décrits n’a pu être démontré. Ce genre de thèses est toutefois à la mode, car elles permettent de faire la une des médias.

Denis Duboule, directeur du Pôle de recherche national Frontiers in Genetics et spécialiste des gènes de croissance des fœtus

Utilisation en archéologie

En archéologie, la définition du sexe n’est pas quelque chose d’aisé. Pendant longtemps, les préhistoriens ont considéré la majorité des squelettes et des ossements comme des restes d’hommes. Au même titre que les mains négatives dans les grottes, les traces d’hommes de la Préhistoire.

Pochoir d'une main négative - Schomynv [Pseudo Wikipédia) | Domaine public
Pochoir d’une main négative – Schomynv [Pseudo Wikipédia) | Domaine public

L’indice de Manning, malgré son caractère incertain, a été utilisé en archéologie pour identifier le sexe des peintres d’antan. Grâce à lui, nous pensons aujourd’hui que les peintures de mains négatives ont été réalisées à la fois par des hommes et des femmes.

Savoir que les mains négatives sont réalisées à la fois par des hommes et des femmes ne nous permet néanmoins pas de comprendre pourquoi nos ancêtres les ont réalisées. Quelques théories circulent, mais les plus admises considèrent que ces pochoirs s’intègrent dans un système de signes, de séances d’initiation, de rituels magiques, thérapeutiques, religieux ou divinatoires.

La littérature comme porte à l’archéologie

Revivre les premières années de l’Humanité est le rêve de tous les curieux. Nous vous parlions dernièrement du jeu vidéo Ancestors: The Humankind Odyssey, qui permet ce voyage ! Pour les mordus de littérature, nous vous proposons plutôt cette aventure à travers l’ouvrage d’Arslan Cheer Atavi Le Labyrinthe de Fundokolia.

Atavi Le Labyrinthe de Fundokolia

C’est par cette lecture que nous avons découvert l’indice de Manning. L’auteur y fait référence, notamment pour son intérêt dans la recherche archéologique, pour connaître le sexe des auteurs des mains négatives.

Un ouvrage que nous vous conseillons pour découvrir, à travers le roman, le quotidien de nos ancêtres, les Homo sapiens et les Homo neanderthalensis.

Elle avait besoin de prendre des mesures précises comparatives et procéder au calcul de l’indice de Manning ou encore, selon Friedhelm, au ratio digital.

Arslan Cheer, Atavi Le Labyrinthe de Fundokolia, Spinelle Editions, 2024

Quelques liens et sources utiles

Ce que dit la longueur de vos doigts sur votre personnalité et votre santé, selon la science, doctissimo, 2024

Odile Fillod, Un indice fiable de quoi ?, Allodoxia, 2018

Robin Korda, Que disent nos doigts de notre personnalité? Plongée dans une surprenante bataille scientifique, Le Parisien, 2019

Jean-Philippe Daoust, La longueur des doigts pourrait prédire l’attitude des hommes envers les femmes, Le journal de Montréal, 2015

Jean-Michel Chazine, L’indice de Manning et le sexe des peintres des grottes, Futura, 2007

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