Cet article rassemble des repères concrets pour gagner en clarté et en méthode. Il propose une stratégie de préparation, une conduite de rédaction et des réflexes d’argumentation pour transformer vos connaissances en démonstration cohérente.
L’objectif est simple : aborder la dissertation en histoire avec un plan maîtrisé, des exemples précis et une expression lisible, du brouillon à la conclusion, en évitant les pièges les plus fréquents.
Se préparer efficacement avant l’épreuve
La réussite se joue en amont : routines de travail, plans-types testés et fiches d’exemples prêtes à l’emploi.
Clarifier les attentes et l’intention
Identifiez les critères d’évaluation et l’intention de l’exercice : problématiser un sujet, argumenter avec des preuves et conclure clairement. Listez les compétences attendues (définitions, repères, auteurs), puis reliez-les à des entraînements courts et réguliers. Préparez un répertoire d’exemples « phares » par thème et période : un fait, une date, une référence d’historien. Cette préparation allège la charge cognitive le jour J et sécurise votre trajectoire argumentative.
Construire un kit de révision utile
Consolidez un kit minimal : plans-types commentés, fiches notions, modèles d’introduction et de conclusion. Classez vos exemples par question possible et notez, pour chacun, ce qu’il prouve. Réservez un créneau hebdomadaire à un entraînement chronométré (plan de 20 minutes, paragraphe argumenté de 10 minutes).
En fin de séance, relevez une seule erreur prioritaire à corriger la fois suivante : ce pilotage par micro-objectifs crée des automatismes durables.
Gérer son temps le jour J
Allouez un tiers au brouillon (analyse, problématique, squelette du plan), deux tiers à la rédaction et cinq minutes à la relecture. Au brouillon, écrivez la phrase-thèse de chaque partie et deux exemples associés. Pendant la rédaction, respectez le minutage par section et bannissez les retours arrière massifs.
En fin de copie, vérifiez l’alignement problématique/plan/conclusion, l’homogénéité des dates et la présence de transitions explicites.
Méthode de rédaction : du brouillon au texte final
Une progression en quatre temps : analyser, problématiser, structurer, rédiger.
Analyser le sujet sans hors-sujet
Commencez par définir deux ou trois notions clés et fixer des bornes spatio-temporelles motivées. Reformulez ensuite le sujet en une phrase simple pour clarifier l’angle. Repérez les tensions possibles (continuités/ruptures, échelles, acteurs) et isolez les axes viables. Cette analyse prépare le choix du plan et évite les développements décoratifs. Elle vous donne surtout un critère de sélection pour trier les exemples utiles des anecdotes.
Problématiser et choisir le plan
La problématique transforme le thème en question directrice faisable. Elle appelle un plan en deux ou trois mouvements, thématique ou chronologique problématisé. Choisissez l’architecture qui sert la démonstration, pas l’inverse. Rédigez la phrase-thèse de chaque partie : elle annonce ce que vous démontrez et guide vos transitions. Ce calage initial évite l’effet « catalogue » et donne un fil conducteur au lecteur comme au correcteur.
Rédiger introduction, parties et transitions
L’introduction suit quatre temps : accroche brève, définitions et cadre, problématique, annonce de plan. Dans le développement, un paragraphe = une idée appuyée par un exemple précis et, si pertinent, un historien situé. Concluez chaque section par un mini-bilan qui ouvre logiquement sur la suivante. La conclusion répond explicitement à la question et peut proposer une ouverture mesurée. Relisez pour l’unité de ton, la ponctuation et les dates.
Donner de la force à l’argumentation
La solidité vient d’exemples précis, d’auteurs bien mobilisés et d’un style rigoureux.
Exemples précis et références d’historiens
Sélectionnez des exemples probants (événement, donnée, carte, extrait) et dites ce qu’ils prouvent. Évitez l’empilement : mieux vaut deux preuves solides et commentées qu’une liste. Intégrez des historiens lorsque leur thèse éclaire l’argument ; situez-les brièvement (objet, période, position). La citation est courte, référencée et immédiatement analysée. Le couple exemple + interprétation fait gagner des points à chaque paragraphe.
Mobiliser l’historiographie avec mesure
Servez-vous de l’historiographie pour nuancer, pas pour saturer. Mentionnez une controverse utile, confrontez deux positions et expliquez votre choix. Montrez comment cette divergence éclaire le sujet plutôt que d’alourdir la copie. Un rappel d’école ou de courant a du sens s’il appuie votre démonstration. Au besoin, placez la discussion historiographique en fin de partie pour ne pas casser le rythme des preuves.
Soigner la langue et la mise en page
La forme rend la démonstration lisible. Visez des phrases claires, un lexique précis, des connecteurs logiques. Uniformisez les dates, soignez la typographie et la hiérarchie des titres. Limitez les digressions et bannissez les jugements vagues. Une relecture ciblée sur la ponctuation, la cohérence des temps et la stabilité des termes évite des pertes de points faciles et renforce l’autorité du propos.
Éviter les pièges fréquents
Anticipez les erreurs qui plombent les copies, même bien documentées.
Plan catalogue et récit linéaire
Le plan catalogue juxtapose des rubriques sans répondre à la question ; le récit linéaire enchaîne des faits sans analyse. Les deux trahissent l’absence de problématisation. Pour les éviter, testez votre plan au brouillon : chaque partie doit contenir une affirmation démontrable. Supprimez tout segment qui ne prouve rien. Le fil directeur doit rester visible du début à la fin.
Citations sans analyse
Une citation n’a de valeur que commentée. Indiquez en quoi elle appuie l’argument, ce qu’elle montre des acteurs, du contexte ou d’un mécanisme. Proscrivez l’empilement d’auteurs ou les références floues. Mieux vaut un historien bien situé qu’une liste décorative. Évitez aussi les chiffres orphelins : rattachez-les à une thèse et confrontez-les si nécessaire à une source indépendante.
Conclusion faible ou hors-sujet
Une bonne conclusion répond nettement à la problématique et met en avant l’apport de la démonstration. Elle n’introduit pas d’idées nouvelles. Une ouverture est possible si elle reste pertinente (comparaison, changement d’échelle). Relisez la première et la dernière phrase de chaque partie : leur cohérence garantit la solidité de la synthèse finale.
Les questions qu’on se pose sur dissertation en histoire
Quel plan choisir en priorité ?
Choisissez l’architecture qui sert la question : thématique si vous comparez des dimensions ; chronologique problématisé si vous suivez des dynamiques. Dans tous les cas, écrivez la phrase-thèse de chaque partie et vérifiez qu’elle répond à la problématique. Si vous ne pouvez pas formuler deux preuves par partie, ajustez le plan.
Combien d’exemples par partie ?
Visez deux ou trois exemples solides, variés et analysés. La qualité prime sur la quantité. Chaque exemple doit être rattaché explicitement à une idée et, si possible, éclairé par un historien. Évitez les « catalogues » ; privilégiez la démonstration par cas représentatifs et comparables.
Faut-il citer des historiens à chaque paragraphe ?
Non. Citez lorsque la thèse d’un historien éclaire l’argument ou nuance un résultat. Une référence bien choisie et commentée vaut mieux qu’un empilement. Situez l’auteur et reliez sa position à votre démonstration. L’objectif n’est pas de nommer, mais de prouver.
Comment éviter le hors-sujet ?
Définissez les notions, fixez des bornes motivées et reformulez le sujet avant d’écrire. Testez la problématique avec deux arguments et leurs preuves. À chaque paragraphe, demandez-vous : « qu’est-ce que je démontre par rapport à la question ? ». Si la réponse n’est pas claire, coupez ou reformulez.
Les points clés à retenir
- Préparation : routines, plans-types, exemples « phares » par période.
- Analyse : notions définies, bornes motivées, tensions repérées.
- Problématique : question faisable qui appelle un plan démonstratif.
- Argumentation : exemples précis, historiens situés, transitions nettes.
- Conclusion : réponse claire, ouverture mesurée, relecture de cohérence.
Quelques liens et sources utiles
Yannick Clavé, Méthodologie de la dissertation en histoire : Classes préparatoires, licence, concours, Ellipses, 2021
Pierre Saly, François Hincker, Marie-Claude L’Huillier, Jean-Paul Scot, Michel Zimmermann, Le commentaire de documents en histoire – 3ED NP, Armand Colin, 2017
Pierre Saly, François Hincker, Marie-Claude L’Huillier, Jean-Paul Scot, Michel Zimmermann, La dissertation en histoire, Armand Colin, 2019