Cueva de las manos en Santa Cruz, Argentine

C’est dans le Nord-Ouest de la province Santa Cruz, au sud de l’Argentine que l’on peut retrouver le site emblématique de la Cueva de las manos. Ce site archéologique d’art rupestre se situe sur les parois du canyon de la rivière Pinturas. Plus important site d’art rupestre de la Patagonie, l’emplacement est reconnu comme patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1999.

Cueva de las manos : sa découverte et ses caractéristiques

La Cueva de las manos a été découverte en 1941 par le prêtre Alberto M. de Agostini, un féru de géographie et d’ethnographie qui arpentait les régions reculées de Patagonie. Établi à 88 mètres d’altitude sur une falaise rocheuse, le site surplombe le lit de la rivière Pinturas. À 163km de la ville la plus proche, son accès difficile et très éloigné de tout centre urbain explique sa découverte tardive.

La grotte est haute de 10 mètres à son entrée, 24 mètres de profondeur et 15 mètres de largeur. Cette large entrée protège les peintures rupestres des intempéries et de la lumière directe du soleil, ne laissant que très peu d’espaces exposés, ce qui contribue à leur remarquable état de conservation. L’intérieur de la grotte et la première partie du plafond sont ornés de divers motifs, dominés par d’innombrables peintures de mains. C’est de là que la grotte tire son nom : Cueva de las manos (la Cave des mains).

La formation de la grotte résulte de l’érosion éolienne et hydrique, ce qui en fait un exemple unique de structure naturelle. Elle offre également une vue imprenable sur les paysages patagoniens, renforçant son caractère exceptionnel et son intérêt pour les visiteurs et les chercheurs.

L’art rupestre de la Cueva de las manos

L’art rupestre de la Cueva de las Manos est remarquable tant par sa diversité que par la qualité de ses techniques de réalisation. Les artistes préhistoriques utilisaient des tubes en os pour souffler et pulvériser la peinture sur les parois, créant ainsi plus de 2 000 négatifs de mains, majoritairement des mains gauches, car la plupart des artistes étaient droitiers, ils tenaient donc le tube de la main dominante.

Les peintures étaient réalisées à partir de pigments naturels. Les couleurs rouges provenaient de l’hématite, les blancs du calcaire, les noirs du charbon, et les jaunes et oranges de l’ocre. Ces pigments étaient broyés à l’aide d’outils en pierre jusqu’à obtenir une pâte adaptée à leur application. Pour varier les textures et consistances, les pigments étaient mélangés avec un fluide liant ou une solution, permettant d’obtenir des peintures plus aqueuses pour les tons rouges et plus pâteuses pour les tons blancs.

L’analyse des pigments a révélé la présence de gypse, ce qui améliorait l’adhérence des pigments sur les parois rocheuses. Cette utilisation comme produit liant a également été constatée sur d’autres sites d’art rupestre en Amérique.

Outre les nombreux motifs de mains, les artistes de la Cueva de las Manos représentaient des êtres humains, des animaux tels que des félins, des guanacos et des nandous, ainsi que des formes géométriques comme des carrés, des cercles et des étoiles. On trouve également des scènes de chasse, témoignant de la vie et des activités des hommes et femmes préhistoriques de la région.

Importance culturelle et archéologique du site

La Cueva de las Manos présente des œuvres d’art rupestre qui couvrent différentes époques et styles artistiques, étalés sur une période de 3 000 ans, commençant au début de l’Holocène. Ces peintures, réalisées par des communautés de chasseurs-cueilleurs ayant vécu entre 13 000 et 9 500 ans, témoignent de l’une des cultures les plus anciennes d’Amérique du Sud.

Les peintures rupestres de la Cueva de las Manos sont attribuées aux cultures indigènes de la région, comme les Tehuelches et les Aucas. Ces communautés ont laissé ces traces dans le cadre de leurs rituels et récits symboliques, y compris des représentations du soleil, ce qui laisse penser à une union spirituelle entre les participants et les forces de la terre.

Les chasseurs qui vivaient dans la région ont peint des scènes de chasse dynamiques et réalistes sur les surfaces rocheuses. Ces scènes montrent diverses stratégies de chasse, où les guanacos sont acculés, piégés ou poursuivis par des chasseurs utilisant des armes de jet, comme les « bolas ». Certaines scènes représentent un seul chasseur, tandis que d’autres montrent des cercles de 10 à 12 hommes entourant jusqu’à 20 guanacos. Ces représentations offrent un témoignage unique du comportement des premiers chasseurs patagoniens et enrichissent notre compréhension des techniques de chasse de l’époque.

Le site est reconnu internationalement comme le plus important pour l’étude des premiers chasseurs-cueilleurs d’Amérique du Sud. En 1993, il a été classé Monument Historique National. Dans les années 1980, une clôture de protection de 2 mètres de haut a été installée, bien qu’elle coupait la vue des visiteurs. Elle a été remplacée par une balustrade de 90 cm de haut, permettant une meilleure vue tout en protégeant le site.

L’environnement entourant la Cueva de las Manos est soigneusement préservé et continue d’abriter les mêmes espèces animales qu’à l’époque des peintures. Cette continuité écologique renforce la valeur historique et culturelle du site, maintenant dans un état aussi proche que possible de celui connu par ses premiers habitants l’environnement local.

Quelques liens et sources utiles

Conservación y gestión sostenible del patrimonio cultural: Cueva de las Manos, 10,000 años de historia en la Patagonia. Instituto Nacional de Antropología y Pensamiento Latinoamericano.

Sitios de patrimonio mundial: Cueva de las Manos, Río Pinturas. Ministerio de Educación de la Nación. Educ.ar.

Cueva de las Manos. Global National Parks.