Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est un chant révélateur de l’histoire récente de la France, reflétant la détermination et la résilience d’une nation blessée.
Suite à la défaite cuisante de la France contre la Prusse en 1870 lors de la guerre franco-prussienne, l’Alsace et la Lorraine furent annexées à l’Empire allemand. Ce bouleversement territorial et identitaire a engendré un sentiment de perte et de nostalgie profondément ancré dans le cœur des Français, que ce chant symbolise.
Les paroles de Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine
Ce chant est révélateur d’une période de désordre en France, amputée d’une partie de son territoire après la guerre prussienne de 1870. Le chant L’Alsace et la Lorraine galvanise la force des Français de ces territoires, en voici les paroles.
France, à bientôt ! car la sainte espérance
Emplit nos cœurs en te disant : Adieu !
En attendant l’heure de délivrance.
Pour l’avenir… nous allons prier Dieu.
Nos monuments où flotte leur bannière
Semblent porter le deuil de ton drapeau.
France, entends-tu la dernière prière
De tes enfants couchés dans leur tombeau ?
Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous nous resterons Français ;
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais.
Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière
Et s’en iraient grossir vos régiments !
Pour égorger la France, notre mère,
Vous armeriez le bras de ses enfants !
Ah ! vous pouvez leur confier des armes,
C’est contre vous qu’elles leur serviront,
Le jour où, las de voir couler nos larmes,
Pour nous venger leurs bras se lèveront.
Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous nous resterons Français ;
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais.
Ah ! jusqu’au jour où, drapeau tricolore,
Tu flotteras sur nos murs exilés,
Frère, étouffons la haine qui dévore
Et fait bondir nos cœurs inconsolés.
Mais le grand jour où la France meurtrie
Reformera ses nouveaux bataillons,
Au cri sauveur jeté par la Patrie,
Hommes, enfants, femmes nous répondrons :
Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous nous resterons Français ;
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais.
Des paroles très patriotiques, qui poussent à croire à un futur conflit pour être de nouveau rattaché à la France. Les terres sont « germanisées », ce qui sonne comme des terres souillées. Cependant, nous ne sommes pas encore en 1914… attention à ne pas faire de téléologie, ce ne serait pas compatible avec notre volonté de faire de l’histoire.
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Un classique pour les fans de musique du genre, notamment avec le premier volet et les chants d’avant 1870.
Un chant de revanche contre la Prusse victorieuse de 1870
Le chant Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine a été composé à la même période que La Strasbourgeoise. La France du Second Empire est défaite par les troupes prussiennes, elle doit se rendre et laisser notamment les terres d’Alsace-Moselle. Cette situation génère d’importants mouvements patriotiques dans toute la France. Les nouvelles générations sont élevées dans l’idée de prendre leur revanche contre la Prusse, en devenant de vaillants citoyens et soldats.
Un chant patriotique Alsace et Lorraine
Le chant Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est aussi connu sous la contraction Alsace et Lorraine. Il a été composé en 1871 par Gaston Villemer et Hippolyte Nazet – des hommes de lettres français – avec les paroles Ben Tayoux – compositeur français – à la suite de la défaite contre la Prusse et l’annexion de l’Alsace-Moselle.
Cette période est un véritable traumatisme pour les Français, l’empire vient de s’effondrer, la Commune de Paris – qui voit la naissance de L’Internationale – a créé d’importants troubles à Paris… Les Prussiens ont proclamé le IIe Reich dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, un comble… L’élite française découvre aussi sa faiblesse par rapport aux Prussiens, tant par leur arrogance, leur méconnaissance et manque d’ouverture, qui les placent en très grande faiblesse par rapport à leurs rivaux d’outre Rhin.
Être français sous la domination prussienne
Le chant s’intègre donc parfaitement dans cette période dite du revanchisme français, avec comme pour différence par rapport à La Strasbourgeoise de prendre le point de vue des Français vivant maintenant sous la domination des Prussiens. En effet, les paroles invitent à espérer un rattachement avec la France, d’où ces paroles d’au revoir : « France, à bientôt ! car la sainte espérance ; Emplit nos cœurs en te disant : Adieu ! ».
Quelques liens et sources utiles
Bertrand Joly, « La France et la Revanche (1871-1914) », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, 1999, 46-2, pp. 325-347
Jean-Claude Klein, Florilège de la chanson française, Paris, Bordas, 1989
Georges Kastner, Les chants de l’armée français, Paris, 1855
Joseph Yingtrinier, Chants et Chansons des soldats de France, 1902
2 Responses
Bonjour,
Ma tante cherche l’auteur de cette comptine sur l’annexion de l’Alsace – Lorraine.
Avez vous une information ?
Dans un cher pays que rien ne console
qu’on détient en vain mais qu’on ne tient pas
la gourde au côté, le panier au bras,
le petit garçon se rend à l’école
mais sans chansonnette et sans cabriole
il marcherait même à tous petits pas
ah les écoliers, s’il faut qu’ils le disent
au jour d’aujourd’hui sont bien mal lotis
ça fait deux l’école et le paradis ! (…)
Le vieux maître c’était le bon maître
avec son bon rire et sa bonne voix
quelque gros délit qu’on eut pu commettre
à peine tappait-il sur le bout des doigts
mais le nouveau, quelle différence
hargneux comme un loup
il est d’un méchant et d’une ignorance !
Croiriez vous qu’ en tout et pour tout
il n’est qu’un pays qui soit de son goût
et que ce pays, ce n’est pas la France !
»la France »
à ce mot le petit garçon s’arrête et soupire
je ne sais pas bien ce qu’il peut se dire
mais ce qu’il se dit sûrement semble lui sourire
et on voit bien que, sans se presser,
le petit garçon s’écoute penser(…)
ce n’est pas si loin la France
on voit le poteau du haut du moulin
il a du bon pain dain dans sa gibecière
et du cœur, tout plein !
(le petit oiseau puis le petit caillou, puis le petit poisson veulent partir avec lui) …
un soldat débouche en haut du chemin
»on n’a pas congé ? Ce n’est pas dimanche ?
Que fait ici ce maudit gamin ?
Et dégringolant comme une avalanche
il court après lui le sabre à la main
le petit garçon (…)
le petit oiseau lui dit : pas encore
prends moi par la patte et tient bien fort !
Le petit oiseau vole, vole, vole
la rivière est proche, il arrive au bord
et tombe épuisé par le grand effort …
le petit poisson lui dit : pas encore
prends moi par la queue et tiens bien fort
le petit poisson nage, nage,nage il arrive au bord
le soldat tire son pistolet
le petit garçon dit c’est fait je suis mort
le petit caillou lui dit : pas encore
prends moi dans ta main et lance bien fort
le petit caillou file, file, file et,
soit que le lancé fut particulièrement habile
soit que le soldat, à ce coup de pierre
eut un coup de sang
tout du long dans l’herbe il tombe immobile
ensuite le petit oiseau est retourné de l’autre côté pour aller chercher le petit caillou
Bonjour,
Nous avons effectué quelques recherches, mais malheureusement, nous n’avons pas pu trouver de résultats permettant d’identifier l’auteur de cette comptine.
Si de votre côté vous parvenez à en trouver davantage sur l’origine de cette comptine, nous serions ravis d’en apprendre plus.
Bonne journée.