Mai 1968 est un mouvement de contestation majeur qui éclate en France et s’étend à plusieurs secteurs de la société. Ce soulèvement, initié par les étudiants, s’accompagne de la plus grande grève générale de l’histoire du pays.
Il marque un tournant dans la société française, remettant en cause l’autorité, les valeurs traditionnelles et le pouvoir du général de Gaulle.
Un contexte de tensions sociales et politiques
À la fin des années 1960, la France connaît une période de prospérité économique, mais aussi de profondes frustrations sociales. Plusieurs facteurs expliquent ce climat de contestation :
- Un malaise étudiant : les universités sont surchargées, et le système éducatif apparaît rigide et inadapté à la nouvelle génération.
- Une société conservatrice : le régime du général de Gaulle, au pouvoir depuis 1958, incarne une autorité que les jeunes jugent dépassée.
- Une montée des inégalités : les ouvriers et employés dénoncent un partage inégal des richesses, alors que les grandes entreprises prospèrent.
À cela s’ajoute une influence internationale : en 1968, des mouvements similaires émergent aux États-Unis, en Allemagne et en Italie, notamment contre la guerre du Vietnam et pour plus de libertés individuelles.
Le déclenchement des événements
Tout commence en mars 1968, à l’université de Nanterre, où des étudiants protestent contre les inégalités et les restrictions dans les résidences universitaires. Le mouvement gagne en intensité et, en mai, des affrontements éclatent à Paris :
- Le 3 mai, des étudiants de la Sorbonne manifestent, la police intervient et plusieurs arrestations ont lieu.
- La nuit du 10 au 11 mai, les manifestants érigent des barricades dans le Quartier Latin. La répression policière est violente, entraînant une vague d’indignation.
Les slogans, comme « Sous les pavés, la plage » ou « Il est interdit d’interdire », reflètent l’esprit contestataire du mouvement.
Une grève générale sans précédent
À partir du 13 mai, le mouvement étudiant se transforme en grève générale, impliquant des millions de travailleurs. Les usines, les transports et les services publics sont paralysés.

Le gouvernement tente de négocier avec les syndicats. Les accords de Grenelle, signés le 27 mai, prévoient une augmentation du salaire minimum et des améliorations pour les salariés. Pourtant, la contestation continue, les manifestants exigeant un changement profond du système.
La fin du mouvement et les conséquences
Face à la crise, Charles de Gaulle dissout l’Assemblée nationale et organise de nouvelles élections en juin 1968. Son parti remporte une large victoire, et le calme revient progressivement.
Mais mai 68 laisse des traces profondes dans la société française :
- Un changement des mentalités : les valeurs traditionnelles sont remises en question, ouvrant la voie à plus de libertés individuelles.
- Des avancées sociales : la législation évolue sur le travail, l’éducation et les droits des femmes.
- Un affaiblissement du pouvoir gaulliste : en 1969, de Gaulle quitte le pouvoir après l’échec d’un référendum.
Mai 68 : un héritage toujours débattu
Certains considèrent mai 68 comme une révolution inachevée, d’autres comme une période de désordre sans résultats concrets. Pourtant, cette révolte a profondément influencé la société, marquant la fin d’une époque et l’entrée dans la modernité.
Quelques liens et sources utiles
Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures, La Fabrique, 2005.
Ludivine Bantigny, 1968. De grands soirs en petits matins, Seuil, 2018.