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Le « Murmansk Run », ou la bataille des convois arctiques

Les convois arctiques « Murmansk Run », étaient des missions de ravitaillement envoyées par les Alliés vers l'URSS.
Convoi arctique PQ-16 en juillet 1942 au large de l’Islande – Claude Henry Parnall | Domaine public.
Convoi arctique PQ-16 en juillet 1942 au large de l’Islande – Claude Henry Parnall | Domaine public.

Les convois arctiques, également connus sous le nom de « Murmansk Run », étaient des missions de ravitaillement cruciales envoyées par les Alliés vers l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

À partir d’août 1941, les premiers convois livraient des carburants, des pièces détachées, des blindés, des avions, des vêtements et de la nourriture. Ces convois empruntaient principalement deux axes : la route du Pacifique (vers Vladivostok) et la route arctique. À partir de 1942, un troisième itinéraire, le corridor persan via l’Azerbaïdjan, fut ajouté.

L’Arctique se révéla rapidement comme la voie la plus rapide et la plus directe, permettant d’atteindre les ports soviétiques d’Arkhangelsk et surtout de Mourmansk, ce dernier étant libre de glace toute l’année. Cependant, cette voie était aussi la plus dangereuse…

Mourmansk : une ville stratégique

Fondée officiellement le 4 octobre 1916 sous le nom de Romanov-sur-Mourman, Mourmansk est la dernière ville créée par l’Empire russe. Dès la même année, un chemin de fer la relie à Saint-Pétersbourg, faisant de Mourmansk un nœud de transport stratégique.

Aujourd’hui, Mourmansk demeure la plus grande ville située au-delà du cercle polaire, jouant un rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que principal port de réception des convois arctiques.

Vue aérienne de Mourmansk, en ruine, en 1942 – Yevgeny Khaldey | Domaine public.
Vue aérienne de Mourmansk, en ruine, en 1942 – Yevgeny Khaldey | Domaine public.

De 1941 à 1945, près de 4 millions de tonnes de fournitures, d’équipements et de vivres furent livrées à l’URSS via le « Murmansk run« . Cela comprenait 7 000 avions, 5 000 chars d’assaut, des camions, des pneus et des médicaments. Malgré les efforts acharnés de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe pour intercepter ces convois, avec un total de 98 bâtiments alliés coulés, ces missions vitales continuèrent.

Les équipages alliés devaient également faire face à la bureaucratie soviétique, ce qui ralentissait considérablement le déchargement des marchandises. Décharger un navire à Mourmansk ou à Arkhangelsk prenait en moyenne deux mois, contre quelques semaines ailleurs. Un cargo américain battit même le record en passant huit mois à Mourmansk sous les bombardements allemands en attendant son déchargement.

La stratégie et la logistique des convois arctiques

Un convoi type se composait d’une trentaine ou quarantaine de navires répartis en plusieurs lignes de plusieurs bâtiments. Les navires marchands étaient entourés par une escorte rapprochée composée de destroyers, de corvettes et de dragueurs de mines, tandis que les croiseurs légers naviguaient quelques milles plus en avant. Les routes empruntées par les convois étaient codées, avec les lettres PQ pour l’aller et QP pour le retour, modifiées ensuite en JW et RA respectivement.

Naviguant à une vitesse moyenne de huit nœuds, les convois mettaient au minimum huit jours pour atteindre Mourmansk, selon leur point de départ (Royaume-Uni, Islande, États-Unis). Les U-Boots allemands, bien que souvent confrontés à des problèmes de mise à feu de leurs torpilles, infligèrent de lourdes pertes aux convois alliés, rendant le voyage périlleux.

Entre le printemps et l’automne 1942, l’Allemagne dominait la bataille des convois arctiques, grâce notamment à la supériorité aérienne de la Luftwaffe. Les avions allemands, équipés et entraînés pour des attaques à la torpille, causèrent des pertes significatives aux convois, comme le PQ-18 en septembre 1942.

Cependant, le redéploiement de la Luftwaffe vers le sud pour les débarquements alliés en Afrique du Nord en novembre permit aux Alliés de reprendre l’avantage. Malgré cela, aucun convoi arctique ne fut organisé pendant les mois d’été par la suite.

Escortes et navires marchands à Hvalfjord avant le départ du convoi PQ-17 - Archives militaires britanniques | Domaine public.
Escortes et navires marchands à Hvalfjord avant le départ du convoi PQ-17 – Archives militaires britanniques | Domaine public.

Mais le PQ-17 est le convoi arctique le plus tristement célèbre. En juillet 1942, ce convoi de 35 navires marchands, escorté par une importante flotte de protection, partit d’Islande en direction d’Arkhangelsk, transportant des fournitures essentielles pour l’Union soviétique. Cependant, sous la menace constante des attaques de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe, et à la suite d’une mauvaise décision stratégique de l’Amirauté britannique qui ordonna la dispersion du convoi, les navires se retrouvèrent isolés et vulnérables.

Au total, 24 des 35 navires furent coulés par les sous-marins et les bombardiers allemands, entraînant la perte de nombreuses vies et d’une quantité considérable de matériel de guerre.

Des convois en proie à l’Arctique et aux Allemands

Naviguer dans l’Arctique présentait de vastes défis. Les conditions climatiques étaient rigoureuses, avec des vents violents, une mer agitée et des températures glaciales. Les vêtements des marins restaient constamment humides, et la glace recouvrait les armes et les machines, rendant leur fonctionnement difficile.

Les convois devaient également traverser des barrières de glace en mouvement tout en restant à portée des bases allemandes en Norvège.

Conditions hivernales extrêmes en Arctique sur l’HMS Inglefield – Archives de la Royal Navy | Domaine public.
Conditions hivernales extrêmes en Arctique sur l’HMS Inglefield – Archives de la Royal Navy | Domaine public.

Héritage et mémoire des convois arctiques

Les convois arctiques du « Murmansk Run » sont restés dans la mémoire collective comme un symbole de coopération héroïque et de sacrifice. Au total, 41 convois, représentant environ 1 400 navires marchands, livrèrent des millions de tonnes de fournitures à l’Union soviétique, jouant un rôle crucial dans la victoire finale des Alliés.

Ces missions ont non seulement contribué à l’effort de guerre, mais ont également renforcé les liens entre les Alliés et l’Union soviétique à cette période.

Aujourd’hui, des cérémonies commémoratives et des monuments honorent les marins courageux qui ont risqué leur vie pour assurer ces livraisons cruciales. La bataille des convois arctiques reste un chapitre important de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, illustrant le courage et la résilience des marins alliés face à des conditions inimaginables et à un ennemi implacable.

Quelques liens et sources utiles

BORIS, Laurent, Les Batailles arctiques, 1941-1945, ECONOMICA, 2020.

VETERANS AFFAIRS, The Murmansk Run, Canada.ca, 2017.

LARDAS, Mark, Les convois de l’Arctique en 1942. La Luftwaffe coupe la ligne de vie de la Russie, Osprey Publishing, 2022.

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