À partir de 1830 et avec la conquête de l’Algérie, plusieurs unités locales sont créées pour faciliter la conquête française de l’autre côté de la Méditerranée. Pour l’infanterie : la Légion Etrangère, les Zouaves, et les Tirailleurs et d’autre part pour la cavalerie : les Chasseurs d’Afrique et les Spahis.
Ces unités de grande qualité constituent la future Armée d’Afrique qui s’étend à l’ensemble des formations militaires stationnées en Afrique du Nord pendant la période du protectorat français.
Le développement de l’Armée d’Afrique sous le Second Empire et la IIIème République
À la suite de la reddition d’Abdelkader en 1847, la très récente Armée d’Afrique participe à toutes les campagnes du Second Empire et de la IIIème République.
- La Guerre de Crimée (1853-1856) opposant la France à l’Empire russe où les tirailleurs sont pris par les Russes pour des Turcs durant le siège de Sébastopol et ainsi nommés turcos.
- La campagne d’Italie de 1859 entre les troupes franco-sardes et l’armée autrichienne où le 2ème régiment des zouaves est décoré de la Légion d’honneur après la bataille de Solférino.
- L’expédition du Mexique (1861-1867) après laquelle Napoléon III décide de récompenser les tirailleurs algériens en les incorporant au sein de la garde impériale en 1863.
Avec la guerre franco-prussienne de 1870, la France fait appel à trois régiments de zouaves et trois régiments de tirailleurs. C’est le premier conflit qui voit combattre ces soldats maghrébins sur le territoire métropolitain. Ce sont alors plus de 6 000 tirailleurs algériens qui traversent la Méditerranée et s’illustrent aux batailles de Frœschwiller-Woerth, Sedan, et Wissembourg.
En 1881, l’établissement du protectorat français sur la Tunisie permet de constituer le 4ème régiment de tirailleurs tunisiens. La mise sous tutelle du Maroc permet la création de goumiers marocains à partir de 1908 et des compagnies de spahis marocains en 1912.
La mobilisation du contingent nord-africain pendant les guerres mondiales
Les troupes françaises d’Afrique pendant la Première Guerre mondiale
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, la mobilisation de l’Armée d’Afrique vers la France concerne 37 bataillons sur les 45 existants. L’encadrement des troupes était assuré par des métropolitains, mais on trouvait de nombreux officiers et sous-officiers indigènes comme le capitaine Khaled, petit-fils de l’émir Abdelkader qui servait au 1er régiment de spahis algériens.
Les troupes algériennes étaient tenues en haute estime car, lors du défilé du 14 juillet 1913 à Longchamp, les troupes de l’empire sont particulièrement remarquées et, à la veille du conflit, leur présence rassure les Français. Malgré cela, les révoltes contre la mobilisation éclatent régulièrement en Afrique et la répression est sévère notamment à Constantine en 1916.
De 1914 à 1918, près de 300 000 hommes de l’armée d’Afrique seront mobilisés : 170 000 Algériens, 80 000 Tunisiens, 40 000 Marocains servirent la France. Leurs pertes au 11 novembre 1918 s’évalueront à 30 000 morts.
L’Armée d’Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale
Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, 40 régiments venus d’Afrique du Nord, soit près de 80 000 hommes, sont engagés sur le front français.
À la signature de l’Armistice en juin 1940, il y a parmi les 1 500 000 soldats français prisonniers dans les Fronstalags 90 000 soldats de régiments nord-africains. L’Armée d’Afrique a en effet fortement participé aux combats de 1940 avec ses propres régiments dont les Spahis à la bataille de la Horgne et les Tirailleurs au Bois Inor.
À partir du tournant de 1942, l’Armée d’Afrique s’illustre dans de nombreux conflits : la Légion étrangère à Bir Hakeim en 1942, les tirailleurs algériens lors la campagne de Tunisie en 1943 puis l’assaut des tirailleurs tunisiens à Monte Cassino en 1944.
Certains rejoindront les nouveaux régiments de la France Libre comme la 2ème DB constituée à moitié de soldats de l’Armée d’Afrique qui prêteront le serment de Koufra. Près de 400 000 hommes de l’Armée d’Afrique seront ainsi armés par les Alliés entre 1942 et 1945 et environ 30 000 hommes sont tués.
La dissolution progressive de l’Armée d’Afrique
Les guerres de décolonisation mettent peu à peu fin à l’Armée d’Afrique.
En Indochine (1945-1954), ce sont plus de 130 000 engagés volontaires maghrébins qui participent au conflit et au maintien de l’ordre, où près de 7 500 d’entre eux y laissent la vie.
Après l’indépendance du Maroc et de la Tunisie en 1956, on trouve pendant la guerre d’Algérie, en 1961, plus de 400 000 Algériens aux côtés des Français sur une armée de près de 1 400 000 hommes. Du côté du Front de libération nationale (FLN) constitué de seulement 20 000 combattants, on retrouvera d’anciens soldats de l’armée de libération française de 1944.
La fin de la guerre d’Algérie conclue par les accords d’Evian en 1962 entraîne la dissolution de l’Armée d’Afrique qui aura depuis 1830 montré sa renommée à travers les conflits internationaux de la fin du XIXème jusqu’à la moitié du XXème siècle.
Quelques liens et sources utiles
Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours, PYGMALION 2012
Jérôme Leygat, Campagne de France, 1944-1945 – la libération par l’armée d’Afrique, ETAI, 2013
Pierre Dufour, L’Armée d’Afrique – Dans les conflits du XX siècle, Grancher, 2017
Guy Ganachaud, Les FFL et L’armée d’Afrique tous les combats 1940-1945, Tallandier, 1990