L’écimage : une tradition au service du futur agricole

L’écimage, dans un contexte de transition agroécologique et de perte d’efficacité des herbicides, revient de plus en plus à la mode pour répondre aux défis actuels
Ecimage d'un plant de tomates - Image générée par intelligence artificielle
Ecimage d’un plant de tomates – Image générée par intelligence artificielle

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Alors que les pratiques agricoles sont en pleine évolution, les techniques les plus ancestrales parviennent tout de même à rester populaires. C’est le cas de l’écimage qui, dans un contexte de transition agroécologique et de perte d’efficacité des herbicides, revient de plus en plus à la mode pour répondre aux défis actuels. Zoom sur une tradition qui n’a pas dit son dernier mot.

Qu’est-ce que l’écimage ?

Aussi appelé “étêtage”, l’écimage est une opération qui consiste à couper les extrémités des tiges d’une plante. Pratiquée notamment sur le maïs, la vigne, les tomates et le tournesol, l’écimage a pour but de modifier la physiologie de la plante pour que ses ressources (= sucres, nutriments) s’orientent davantage vers ses organes de production (= grains, fruits, grappes).

On sait que cette technique traditionnelle était déjà utilisée en 1861 par les Africains pour la culture du coton, ce qui témoigne de son intemporalité.

Objectifs et bénéfices

Les enjeux agronomiques de l’écimage ne sont pas exactement les mêmes selon la plante.

Sur une vigne, l’objectif est d’abord de limiter l’excès de vigueur des rameaux. En effet, si les rameaux sont trop longs et trop feuillus, ils font alors de l’ombre aux grappes, ce qui retarde la maturation des raisins et favorise certaines maladies cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium. Couper le surplus permet ainsi d’améliorer l’exposition solaire et l’aération des grappes, et donc d’obtenir à terme de meilleurs raisins.

Pour le maïs, l’écimage permet surtout d’améliorer la récolte. Par définition, un maïs écimé est plus court, donc moins soumis au vent et à la pluie et plus facile à récolter mécaniquement. Écimer permet d’ailleurs d’enlever les tiges et les feuilles inutiles, ce qui est un gain de temps non négligeable à la ramasse. Autrement, tout comme la vigne, couper permet aussi de réduire la compétition interne entre les tiges hautes et les organes reproducteurs, et donc de donner aux épis une meilleure lumière et une meilleure aération.

champ de maïs
Champ de maïs – Domaine public

En ce qui concerne les tomates, l’écimage vise à concentrer la production sur un nombre défini de bouquets floraux. Plus concrètement, lorsqu’on coupe la tête de la plante, elle arrête de s’allonger et de produire de nouvelles fleurs. Cela la conduit ainsi à diriger ses réserves vers les fruits déjà existants, qui vont donc grossir et mûrir plus vite, et surtout en même temps. Résultat : une récolte homogène, avec des tomates plus grosses.

Enfin, le tournesol peut aussi être écimé, bien que la pratique soit rare. Les objectifs sont alors d’uniformiser la hauteur et de faciliter la récolte mécanique, mais c’est au détriment du rendement en graines, forcément en baisse si l’on coupe l’organe principal de production.

Techniques traditionnelles et modernes

Historiquement, l’écimage se faisait à la main, grâce à des couteaux, des sécateurs ou simplement par la force du pincement. Seulement, cela demandait une grande quantité de main d’œuvre, ainsi qu’un savoir-faire précis.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, l’écimage est majoritairement mécanisé. Pour les vignes, on utilise par exemple des machines spécifiques qui sont équipées de lames ou de disques qui viennent couper l’extrémité des rameaux en un seul passage. Pour le maïs ou le tournesol, on utilise plutôt des ensileuses ou des barres de coupe qui font le travail tout aussi rapidement sur de grandes surfaces. La mécanisation a l’inconvénient d’être plus brusque, et moins adaptée à chaque situation, ce qui peut causer des pertes matérielles pouvant aller de 1 à 2% de la surface totale. Mais le gain de temps compense largement ces pertes, d’où sa popularité.

De nos jours, l’écimage est aussi de plus en plus utilisé comme alternative au désherbage. Alors que les graminées deviennent de plus en plus résistantes aux herbicides, l’écimage mécanisé est ainsi de nos jours une solution pratique et pas plus chère (82 euros HT en moyenne par hectare).

Enjeux environnementaux et agroécologiques

Dans le cadre de la transition agroécologique en cours, l’écimage a plusieurs intérêts.

D’abord, il permet de limiter l’usage d’intrants et de régulateurs de croissance. Aérer la plante permet en effet derrière de limiter les traitements fongicides (= pesticides) et autres solutions chimiques à l’impact désastreux sur la santé.

Sur le plan de la biodiversité, l’usage de l’écimage permet aussi d’améliorer la circulation des insectes pollinisateurs et auxiliaires.

Risques et limites

Quelques risques liés à l’écimage existent. D’abord, la technique peut réduire la photosynthèse de la plante si la coupe est trop basse. Ensuite, si les plantes sont abîmées par l’écimage, il y a des risques de maladie comme le Botrytis pour la vigne ou l’Alternaria pour les tomates. Enfin, du fait du geste brusque de l’écimage, la plante peut souffrir de stress physiologique, et ainsi réagir par de nouvelles pousses appelées gourmands.

En bref, l’écimage est aujourd’hui une intervention physiologique clé pour les agriculteurs, qui influe positivement aussi bien sur le rendement que sur la qualité des cultures. Il reste toutefois du travail pour développer l’écimage de demain, qui serait un écimage de précision guidé par des capteurs et d’aide à la décision.

Quelques liens et sources utiles :

CIRAD-GRET, Mémento de l’agronome, QUAE, 2009

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