L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

La conquête française en Algérie (1835-1847)

Depuis la prise d’Alger en 1830, la France a un pied de l’autre côté de la Méditerranée et désire mettre en œuvre une conquête intérieure de la région.
Combat de Sikkak en 1836 - Horace Vernet | Domaine public
Combat de Sikkak en 1836 – Horace Vernet | Domaine public

Les débuts d’une expansion territoriale contestée

Depuis la prise d’Alger en 1830, la France a un pied de l’autre côté de la Méditerranée, mais ne possède que le contrôle du littoral et désire mettre en œuvre une conquête intérieure de la région. Celle-ci va s’avérer difficile, puisque cette terre est divisée en de nombreuses tribus aux multiples allégeances depuis la chute de la régence d’Alger sous domination ottomane. Un des opposants les plus connus à l’expansion française n’est d’autre que l’illustre Abdelkader.

Jeune émir né le 6 septembre 1808 dans la région d’Oran, il est proclamé chef de la tribu des Hachem en 1832 à son retour d’un pèlerinage à la Mecque, et prend pour capitale Mascara. Très croyant, Abdelkader veut faire de l’ancienne régence d’Alger un fief islamique. Il entend par cela repousser les Français et partir à la conquête des tribus avoisinantes. Dès l’année 1833, il prend ainsi le contrôle de la région autour d’Oran et déclare la guerre à la France, à qui il va infliger plusieurs défaites.

La création d’une véritable armée d’Afrique

Zouave (1831) - Turco (1831) - Chasseur d'Afrique (1832) - Spahi (1834) - Légionnaire (1840) - Légionnaire (1867) - Zouave (1867) | Domaine public
Zouave (1831) – Turco (1831) – Chasseur d’Afrique (1832) – Spahi (1834) – Légionnaire (1840) – Légionnaire (1867) – Zouave (1867) | Domaine public

Le gouvernement français voit dans les échecs de la France une cause principale : la méconnaissance du terrain face à des adversaires très mobiles, privilégiant des attaques par surprise.

L’armée française ne connaît pas le terrain sur lequel elle évolue et doit s’y adapter si elle veut gagner la guerre. Il s’agit alors de réformer l’armée en allégeant considérablement le matériel et en créant des régiments avec des hommes issus de tribus locales opposées à Abdelkader, qui connaissent parfaitement le territoire.

Très rapidement se développe la formation de régiments spécialisés comme les Chasseurs d’Afrique ou la Légion étrangère mais aussi de régiments mixtes franco-indigènes : les Spahis pour la cavalerie légère et les Zouaves pour l’infanterie.

Des accords avec des tribus locales sont conclus afin de permettre la création de makhzen, cavaleries indigènes chargées de faire régner l’ordre et d’appuyer les forces françaises en échange de privilèges (comme l’administration des territoires et la perception d’impôts).

Le 14 octobre 1839, le Ministre de la Guerre Virgile Schneider donne le nom « Algérie » à ce territoire qui remplacera l’usage de l’ancienne régence d’Alger.

Des tentatives de paix

En février 1834, le traité de paix Desmichels est signé avec la France qui reconnaît à Abdelkader son statut en Oranie. La France veut alors utiliser l’émir pour pacifier la région, pendant qu’elle règle les conflits des autres régions comme Constantine, encore aux mains des Ottomans.

En juin 1835, le traité Desmichels est rompu et Abdelkader bat les Français à Macta.

Mais en décembre 1835, les Français, très bien organisés, prennent leur revanche à la bataille de Mascara. Cette ville, désignée comme capitale du royaume d’Abdelkader, est prise par 7000 combattants Français. Abdelkader a tout juste le temps de s’enfuir en y laissant son artillerie.

Le lieutenant-général Bugeaud, arrivé en tant que nouveau commandant en Oranie, signe avec Abdelkader le traité de Tafna le 30 mai 1837, afin d’en faire un allié temporaire face aux défaites françaises à l’est de l’Algérie.

En effet, la région de Constantine est sous l’autorité d’Ahmed Bey, installé sous la régence turque. Ce dernier a défait en 1836 l’armée française au siège de Constantine avec la perte de 2000 français.

Ce traité, peu bénéfique à la France, reconnait Abdelkader comme un chef d’état à part entière et lui octroie un territoire très grand, d’environ les 2/3 de l’ancienne régence d’Alger. Après l’échec de 1836 a lieu, en octobre 1937, la prise de Constantine par les Français et la chute d’Ahmed Bey. Abdelkader n’est plus que le seul grand adversaire de la France.

Pendant ce temps, ce dernier organise son royaume. Il le divise en plusieurs régions, noue des relations diplomatiques et débute des échanges commerciaux avec d’autres pays. Il tente toujours d’agrandir son immense territoire en soumettant des tribus adverses parfois dans le sang (comme le massacre de la tribu des Ben Zetoun, anciens alliés de la France).

Le traité de Tafna sera rompu en 1839 par la France, qui tente de faire une liaison entre Constantine et Alger en franchissant les portes de Fer, alors territoire de l’émir.

Une dernière reprise des combats

Reddition d'Abd el Kader le 24 décembre 1847 - Augustin Regis | Domaine public
Reddition d’Abd el Kader le 24 décembre 1847 – Augustin Regis | Domaine public

Le lieutenant-général Bugeaud, nommé gouverneur général en Algérie, accroît considérablement les effectifs de l’armée française qui rassembleront près de 100 000 hommes en 1840. Contre Abdelkader, il privilégie la mobilité et la politique de la terre brûlée, qui sera contestée par sa brutalité et le rendra impopulaire lors des événements des enfumades de 1845.

Sous son commandement, Bugeaud remportera de nombreuses victoires comme Tlemcen en 1842 ou la prise de la smalah de l’émir en 1843, véritable ville ambulante de 30 000 sujets.

Abdelkader, affaibli par les défaites, se réfugie plusieurs fois au Maroc où il s’avère être très influent auprès des populations locales. Son arrivée déclenchera la guerre franco-marocaine de 1844.

Fin 1847, expulsé par le sultan et très isolé, Abdelkader repasse la frontière algérienne et se rend au général Lamoricière le 24 décembre, plus précisément.

Abdelkader, sa famille et ses fidèles seront détenus en France, au château d’Amboise, où ils resteront 4 ans. Il quittera la France en 1852 sous l’autorisation de Napoléon III récemment arrivé au pouvoir. Il entretiendra des liens avec la France jusqu’à la fin de sa vie. Celui qui avait voué sa vie à combattre les non-musulmans la terminera à Damas, où il sauvera des milliers de chrétiens lors d’une émeute en 1860.

Quelques liens et sources utiles

Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie: des origines à nos jours, PYGMALION 2012

Pierre Guiral, Les militaires à la conquête de l’Algérie : 1830-1857, Critérion, 1993

Thierry Nélias, Algérie, la conquête : 1830-1870, comment tout a commencé, Vuibert, 2022

Mehdi Benchabane, L’Émir Abdelkader face à la conquête française de l’Algérie (1832-1847), Edilivre, 2014

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