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Monumento a la bandera Buenos Aires Argentine

Le Monumento a la bandera dépasse l'Obelisco de Buenos Aires de 2 mètres, raflant le titre de plus haut monument historique d'Argentine.
Monumento a la bandera - AméthysteK [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 3.0
Monumento a la bandera – AméthysteK [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 3.0

Le Monumento a la bandera est l’œuvre emblématique de la très belle ville de Rosario, située dans la province de Santa Fe. Localisé à quelques mètres du fleuve Parana, il est relié depuis 1999 au centre historique de la ville par le passage du Juramento.

D’une taille de 70 mètres, il dépasse le célèbre Obelisco de Buenos Aires de 2 mètres, raflant ainsi le titre de plus haut monument historique d’Argentine.

L’histoire derrière le Monumento a la bandera

En pleine guerre d’indépendance argentine, le général Manuel Belgrano, véritable figure de proue du mouvement indépendantiste, est désigné comme commandant de l’armée du Nord. Tandis que la capitale et ses alentours sont sous le contrôle du premier Triumvirat argentin, le Nord-Ouest argentin continue de subir les attaques des Espagnols.

Fin 1811, ces attaques se poursuivent sur l’ensemble des rives du fleuve Parana. Envoyé en garnison à Rosario pour rétablir le contrôle des forces indépendantistes sur le fleuve, Belgrano prend alors la tête d’un régiment de patriciens. Pour empêcher un nouveau débarquement des royalistes, il fait installer deux batteries d’artillerie défensives, l’une sur la petite île d’Espinillo, l’autre à l’emplacement actuel du Monumento a la bandera.

Tour du Monumento a la bandera - Ermel [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 4.0
Tour du Monumento a la bandera – Ermel [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 4.0

C’est suite à une victoire sur les Espagnols que Belgrano décide de hisser un drapeau en accompagnant son geste d’un discours prononcé à l’encontre des habitants et des troupes en présence.

Ce fait historique est relaté dans une lettre de Belgrano envoyée au Triumvirat à Buenos Aires le 27 février 1812 pour annoncer sa victoire.

“Comme il fallait faire flotter le drapeau et que je n’en avais pas, j’ai ordonné qu’il soit bleu clair et blanc selon les couleurs de la cocarde nationale”

Toutefois, la réaction du Triumvirat est loin d’être celle attendue. Ce dernier demande la destruction immédiate du drapeau et rejette la création d’un drapeau national.

En effet, il faut comprendre que les politiciens au pouvoir à Buenos Aires, consciencieux des bonnes faveurs anglaises, ne parlent toujours pas d’indépendance nationale mais seulement d’autonomie. Les Anglais, alliés de la couronne espagnole dans sa lutte contre Napoléon, ne souhaitent pas une quelconque proclamation d’indépendance en Amérique du Sud.

Il faudra néanmoins plusieurs mois avant que la décision du gouvernement arrive jusqu’à Belgrano. Entre-temps, ce dernier continue d’enchainer les victoires en direction du Haut-Pérou et fait même bénir le drapeau national le 25 mai 1812 à San Salvador de Jujuy. Le 18 juillet 1812, il écrit au Triumvirat pour confirmer la destruction du drapeau.

Malgré la proclamation d’indépendance en 1816, la véritable apparence de ce drapeau reste perdue et ce jusqu’à nos jours. Les historiens supposent qu’il n’était composé que de deux bandes verticales, l’une blanche, l’autre bleue céleste. Ce n’est qu’à partir de 1816 que le drapeau actuel aux trois bandes horizontales bleu céleste et blanches sera officiellement adopté par le Congrès de Tucuman.

Une construction titanesque

Dès la fin du XIXe siècle, l’idée émerge de créer un monument au drapeau pour commémorer ce symbole d’unité nationale. En 1872, un premier projet est lancé avec un petit obélisque construit sur l’île d’Espinillo. Ravagé par une crue, le monolithe est emporté dans le fleuve Parana.

En 1898, le maire de la ville de Rosario recrute une équipe de chercheurs afin de déterminer l’endroit exact où a été hissé le drapeau pour la première fois.

Après l’étude des archives et de témoignages, la Chambre législative approuve une loi d’expropriation pour laisser place à la création d’un Monumento a la Bandera.

C’est ainsi que naît la Plaza Almirante Brown le 9 juillet 1898 à l’emplacement précis de la batterie d’artillerie de Belgrano.

Flamme éternelle - Pablo Flores [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 2.5
Flamme éternelle – Pablo Flores [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 2.5

À partir des années 1940, le gouvernement souhaite une rénovation en profondeur de la Plaza Brown. Pour cela, il lance un grand concours de projets dans le pays, ouvert seulement aux argentins. C’est finalement les architectes Angel Guido et José Fioravanti qui remportent ce concours et proposent leur projet. Débuté en 1943, il faudra attendre le 20 juin 1957 pour voir son inauguration. Le projet est titanesque, étalé sur 10 000m2, le complexe se compose de trois parties principales : le Proa, la Cour Civique et le Propylée Triomphale de la Patrie.

Le Proa, une tour de 70 mètres de hauteur, commémore la Révolution de Mai 1810. Elle permet d’accéder à la crypte de Belgrano et au belvédère de la tour. Au-dessous, se trouve la crypte où repose une sculpture de Manuel Belgrano, devant laquelle se dresse la Croix du Christ, représentant ses convictions catholiques. Initialement, il était prévu que les restes du héros reposent ici, mais avant de mourir, il avait demandé à être enterré au couvent de Santo Domingo à Buenos Aires.

La Cour Civique elle est caractérisée par ses escaliers, symbolisant les efforts entrepris pour obtenir l’indépendance. Elle relie le Proa au Propylée avec l’Escalier Civique Monumental, représentation des obstacles, guerres et pactes, que plusieurs générations d’argentins ont dû surmonter pour structurer la société.

Monumento a la bandera vu du ciel - Gouvernement de Rosario | CC BY 2.5 AR
Monumento a la bandera vu du ciel – Gouvernement de Rosario | CC BY 2.5 AR

Enfin, le Propylée Triomphal de la Patrie représente la nation organisée juridiquement depuis 1853. Entre ses colonnes, il abrite la flamme éternelle qui conserve les restes des soldats ayant combattu aux côtés de San Martín lors de la bataille de San Lorenzo en 1813. Cette flamme brûle continuellement en hommage aux soldats morts pour la patrie. Sous le Propylée se trouve la Galerie d’honneur des drapeaux d’Amérique, un espace honorant les drapeaux des pays membres de l’Organisation des États Américains, véhiculant l’esprit de fraternité entre les peuples du continent.

Pour compléter le complexe civil, un grand parc national entoure l’édifice. Avec ses nombreux espaces verts, il relie le Monumento a la bandera du centre ville de Rosario. L’ensemble du monument fait face au Rio Parana et représente un navire imaginaire au devant pointu, qui vogue sur les mers comme le pays à travers les époques et l’histoire.

Lieu de mémoire et de commémoration

Bien que l’idée de commémorer le drapeau national date de la fin du XIXe siècle, ce n’est qu’à partir de la présidence de Roberto Ortiz, le 7 juin 1938, que celle-ci est inscrite dans la loi. Le 20 juin, jour du Drapeau, est donc férié en Argentine. Chaque année le Monumento a la bandera voit défiler devant lui un défilé civilo-militaire, suivi d’une grande fête populaire dans toute la ville de Rosario.

Vu de la tour du Monumento a la bandera - Leandro Kibisz [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 2.0
Vu de la tour du Monumento a la bandera – Leandro Kibisz [pseudo Wikipédia] | CC BY-SA 2.0

De plus, tout au long du mois de juin, près de 8000 élèves, âgés de 14 ans, originaires de chaque province du pays, viennent faire la Promesa de Lealtad (promesse de fidélité) au drapeau.

Quelques liens et sources utiles

Monumento Nacional a la Bandera. Ente Turístico Rosario

Qué deberías saber sobre el Monumento a la Bandera. La Voz

El Monumento a la Bandera de Rosario: Un rompecabezas de piedra. Ministère de l’éducation

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