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Pourquoi y a-t-il un quartier breton à Paris ?

À Paris, le quartier Montparnasse est depuis longtemps associé à la communauté bretonne. Cette présence remonte à l'inauguration de la ligne ferroviaire Brest-Paris en 1865.
la closerie des lilas en 1909 - Delcampe CPA | Domaine public
la closerie des lilas en 1909 – Delcampe CPA | Domaine public

À Paris, le quartier Montparnasse est depuis longtemps associé à la communauté bretonne. Cette présence remonte à l’inauguration de la ligne ferroviaire Brest-Paris en 1865, un événement qui a transformé Montparnasse en porte d’entrée pour de nombreux travailleurs bretons. Mais cette migration massive n’a pas été sans obstacles : en quittant leurs terres natales, ces ouvriers ont trouvé dans la capitale non seulement des opportunités, mais aussi des difficultés et des discriminations.

Comment ce quartier breton s’est-il constitué et pourquoi ces migrants ont-ils choisi de se regrouper autour de la gare Montparnasse ? Ce récit est l’histoire complexe d’une communauté qui, face à l’adversité, a su faire preuve de solidarité et de résilience.

La ligne Brest-Paris : Un pont vers la capitale

En 1865, l’ouverture de la ligne Brest-Paris marque un tournant dans l’histoire des migrations internes en France. Cette voie rapide relie les régions de l’Ouest breton aux centres économiques et industriels de Paris, offrant aux jeunes Bretons un moyen d’évasion vers de nouvelles opportunités.

Les raisons de cette migration sont nombreuses :

  • des difficultés économiques importantes en Bretagne ;
  • le manque de perspectives d’emploi locales ;
  • l’attrait pour les emplois disponibles dans le secteur du bâtiment et, plus tard, dans la construction du métro parisien.

Un accueil hostile : La stigmatisation des migrants bretons

Cependant, pour ces migrants, l’arrivée à Paris n’est pas sans heurts. La majorité d’entre eux ne parlent pas français ou le maîtrisent mal, se retrouvant ainsi isolés et souvent méprisés par la population parisienne.

Les préjugés à leur égard incluent des accusations d’incapacité d’intégration et de manque d’instruction, des qualificatifs comme « sauvages » ou même « parias ». Les journaux de l’époque relaient ces stéréotypes et les accusent de « voler les emplois » des Parisiens « de souche ».

Le mot « baragouine » en est la preuve : c’est une déformation des mots bara et gwin, qui signifient « pain » et « vin » en breton. Il vient des revendications des soldats bretons pendant la guerre de 1870, largement mobilisés, mais surtout moqués.

Les discriminations envers les Bretons ont été nombreuses, allant de :

  • de violences physiques ;
  • de discriminations sur les lieux de travail ;
  • leur affectation aux tâches les plus pénibles, notamment dans le creusement des tunnels du métro, un travail dangereux et exigeant.

La solidarité bretonne : Vivre ensemble pour survivre

Face à ce rejet, les Bretons choisissent de s’organiser et de se regrouper autour de la gare Montparnasse, qui symbolise leur lien avec leur terre d’origine. Ce regroupement permet aux nouveaux arrivants de bénéficier d’une communauté d’entraide et de soutien mutuel.

Ensemble, ils trouvent des moyens de résister à l’hostilité ambiante et de défendre leurs droits face aux employeurs et à la société parisienne. Cette période voit la création de commerces bretons, notamment des auberges et des crêperies, mai aussi la constitution d’un réseau solidaire qui renforce les liens communautaires et permet de préserver leur culture et leur identité.

Une empreinte durable sur Montparnasse

Au fil des décennies, cette présence bretonne contribue à modeler l’identité de Montparnasse. Le quartier acquiert une réputation d’authenticité bretonne, incarnée par les crêperies, les cafés et, plus tard, les associations culturelles qui perpétuent les traditions bretonnes.

Aujourd’hui encore, Montparnasse demeure marqué par l’influence de ces premiers migrants bretons. Ce quartier est le témoignage vivant de cette migration bretonne qui, à travers son identité propre, a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire de Paris.

Symbole de notre faiblesse xénophobe et raciste

Le quartier breton de Montparnasse est bien plus qu’une simple enclave culturelle : il symbolise une histoire de lutte, de solidarité et de persévérance. En choisissant de rester ensemble pour affronter les défis de l’exil, les Bretons ont construit un héritage unique, contribuant à enrichir le tissu social parisien.

Quelques liens et sources utiles

Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d’orgueil, 1975 – Témoignage précieux sur la migration bretonne et l’expérience des ouvriers.

Dominique Venner, Les Bretons de Paris, 1978 – Ouvrage essentiel qui détaille les conditions de vie et d’accueil des Bretons à Montparnasse.

Archives de la Bibliothèque Nationale de France – Collection de journaux et de périodiques des années 1860 à 1890 pour des sources primaires sur les stéréotypes et discours publics.

Paris et les Bretons : Article de Paris.fr, site officiel de la Ville de Paris, qui met en avant l’histoire de la communauté bretonne dans la capitale.

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