L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

L’opposition de Winston Churchill et Staline

Winston Churchill - aujourd'hui connu pour sa lucidité vis-à-vis de l'URSS - fait bloc seul contre Staline durant la Seconde Guerre mondiale.
Discours de Winston Churchill - Congrès de La Haye, mai 1947 - Auteur inconnu | Domaine public
Discours de Winston Churchill – Congrès de La Haye, mai 1947 – Auteur inconnu | Domaine public

Dès la Seconde Guerre mondiale, une opposition naissait entre les Alliés. Le modèle capitaliste et le modèle communiste avaient un adversaire commun : le fascisme allemand. Néanmoins, les divisions idéologiques étaient très fortes. Ainsi, Winston Churchill – aujourd’hui connu pour sa lucidité vis-à-vis de l’URSS – fait bloc seul contre Staline.

Les États-Unis du président Franklin D. Roosevelt ne veulent pas être un frein à Staline. La promesse faite par Staline d’ouvrir le marché de l’URSS aux États-Unis a convaincu le président Roosevelt d’être un soutien indéfectible.

Winston Churchill premier opposant au communisme

Lors de la déclaration de guerre nazie contre l’URSS, Winston Churchill exulte. Les forces allemandes vont enfin stopper leur pression sur l’île. Londres est exsangue, c’est la pause tant attendue par les Britanniques. Cependant, Winston Churchill affirme soutenir tous les ennemis de l’Allemagne nazie.

Tout homme ou État qui combat le nazisme aura notre soutien. Voilà notre politique ! Nous donnerons à la Russie au peuple russe tout l’aide que nous pourrons leur apporter.

Déclaration de Winston Churchill à la suite de l’invasion du 22 juin 1941

Il n’admet néanmoins aucun accord politique avec l’URSS, ne souhaitant pas légitimer les possessions nouvellement acquises, notamment par le pacte germano-soviétique. En effet, l’URSS a pris pied en Pologne, dans les pays Baltes et en Finlande. Ce nouveau tracé des frontières ne convient pas au Royaume-Uni.

L’ouverture d’un nouveau front

Un point où les Britanniques et les Soviétiques se retrouvent, c’est sur l’ouverture d’un nouveau front à l’Ouest, pour soulager le front Est et surtout fragiliser l’armée allemande. Maintenant assuré que la guerre prend un nouveau tournant, notamment avec la prochaine entrée en guerre des Américains, Churchill souhaite éviter la pax sovietica en Europe.

Il souhaite militer pour l’ouverture d’un nouveau front en Europe centrale, pour limiter à la fois l’Armée rouge et fragiliser les Allemands, qui devront se battre à l’Est et au Sud. Les Balkans, considérés comme « le ventre mou de l’Europe » selon Churchill, sont le lieu idéal d’un débarquement allié, qui répond à la fois au besoin de terminer la guerre, mais aussi de limiter la puissance soviétique.

L’entrée en guerre des États-Unis le 7 décembre 1941 ouvre la voie au dialogue avec les Britanniques. Cependant, ils ne trouvent pas de terrain d’entente, les Américains préférant intervenir en Europe par la Manche pour des raisons géographiques ; c’est en effet le passage le plus simple, proche des zones d’approvisionnement.

La route la plus sûre, géographiquement et historiquement, menant au coeur de nos ennemis

Dwight D. Eisenhower

Sauf que le plan américain colle avec les attentes soviétiques. Winston Churchill milite seul. Il doit pouvoir convaincre le géant américain de la dangerosité de leur allié de circonstance. Une première victoire a lieu avec la mise en place de l’opération anglo-américaine Torch, en Afrique du Nord. Le combat contre les Allemands s’ouvre donc au Sud.

L’entrée en scène des Français

Le débarquement allié en Afrique permet la libération de plusieurs colonies françaises et donc la naissance factuelle de la France Libre, dirigée par le général de Gaulle. Initialement très contrarié de ce débarquement dont il n’a pas été tenu informé, de Gaulle cherche à prendre la température chez les Soviétiques. Giraud, alors rival de de Gaulle, est partisan du plan de Winston Churchill et le fait savoir à la conférence de Casablanca, en janvier 1943.

Charles de Gaulle souhaite l’ouverture du front en France, pour libérer le plus rapidement possible le pays de l’occupation allemande et de la présence du maréchal Pétain à la tête du pays. Néanmoins, les Alliés ne le suivent pas, et le plan de Churchill commence à s’exécuter en Méditerranée, avec la prise de la Corse, de la Sicile et du Sud de l’Italie.

Staline offre son soutien à de Gaulle, contre l’éviction de Giraud, et son entière coopération dans l’ouverture d’un front à l’Ouest, dans le Nord de la France. Chose faite le 9 novembre 1943, de Gaulle est seul maître des questions stratégiques du Comité français de Libération nationale (CFLN). La rencontre entre Staline et les Alliés le 28 novembre à Téhéran permet au chef du Kremlin de confirmer le choix d’ouvrir un front à l’Ouest. Winston Churchill reste le seul opposé à cette mascarade. Le président américain se laisse convaincre.

Churchill a peur que les Russes deviennent très forts en Europe. Reste à savoir si c’est un mal. […] J’ai le pressentiment que Staline n’est pas l’homme qu’on croit. Harry Hopkins me dit aussi qu’il a cette impression et que Staline ne veut rien d’autre que la sécurité de pour son pays. C’est pourquoi je pense si je lui donne tout ce que je puis lui donner sans rien demander en retour, noblesse oblige. Il ne pourra penser annexer quoi que ce soit et acceptera de travailler avec moi à un monde démocratie et de paix.

Franklin D. Roosevelt

Opération Overlord et Dragoon

Le débarquement du 6 juin 1944 est déclenché, et ouvre donc un front à l’Ouest, pour soulager les troupes soviétiques. Il doit être suivi rapidement d’un débarquement en Provence, une exigence de Staline, qui s’assure que toutes les troupes alliées sont mobilisées à l’Ouest, ne pouvant plus orchestrer un débarquement dans le centre de l’Europe.

Malgré les quelques largesses de Giraud, que de Gaulle évince définitivement, Staline obtient ce qu’il voulait. L’intervention des Alliés à l’Ouest, sans aucune intervention en Europe centrale. Il ne reste plus qu’à foncer vers Berlin le premier.

L’acte annonciateur de la Guerre froide

C’est la première grande erreur, politique et stratégique, dont nous aurons tous les deux à assumer la responsabilité.

Winston Churchill à Rossevelt

Staline, très en difficulté au début de la guerre avec l’Allemagne, ressort en étant à la fois puissant dans son pays et à l’international. Il faut rappeler que sans l’aide américaine au début de Barbarossa, le programme Lend-Lease, le régime soviétique aurait probablement pu s’effondrer. Des millions de tonnes de matériel ont été livrés à l’Union Soviétique. Cette aide a été essentielle pour maintenir le front, tout en permettant à l’URSS de lancer efficacement l’effort de guerre.

Avec cette nouvelle capacité d’action et la puissance militaire qu’il a su créer durant la Seconde Guerre mondiale, Staline souhaite consolider la puissance de l’URSS. Ce état de fait provoque un choc entre les Alliés à l’Ouest et à l’Est.

Winston Churchill se positionne dès la fin de la Seconde Guerre mondiale contre l’évolution polarisée du monde, notamment dans son célèbre discours du 5 mars 1946 aux étudiants de Fulton dans le Missouri, aux États-Unis.

Quelques liens et sources utiles

Le jour le plus long, Le Figaro Hors-série, 2024

Jacques Pessis, Les Français parlent aux Français, Omnibus, 2011

Claude Quétel, La Seconde Guerre mondiale, Tempus Perrin, 2018

Robert Capa, Philippe Seclier, Robert Capa, Photo poche, 2020

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