Dans un monde de plus en plus polarisé, certaines personnes adoptent des idées pro-russes ou soutiennent des discours autoritaires, parfois en opposition à la vision occidentale dominante. Ce phénomène peut s’expliquer par un mélange de facteurs historiques, sociologiques, psychologiques et géopolitiques.
Pourquoi ces idées trouvent-elles un écho chez certaines personnes, et quels mécanismes les poussent à rejeter les valeurs démocratiques au profit d’un discours autoritaire ou discriminant ?
Le rejet des élites occidentales : une défiance généralisée
Les systèmes politiques occidentaux, souvent perçus comme dominés par des élites éloignées des préoccupations des citoyens, suscitent de plus en plus de défiance. Certains voient dans le modèle occidental une source d’inégalités croissantes, de crises économiques et sociales, ou encore d’échecs dans la gestion de problèmes mondiaux comme le changement climatique.
En comparaison, le discours russe, mettant en avant un nationalisme fort et une critique des valeurs occidentales, apparaît comme une alternative séduisante. Vladimir Poutine, par exemple, présente la Russie comme un bastion de la « tradition » et de la « souveraineté nationale », contrastant avec une vision occidentale souvent associée à la mondialisation et à une perte d’identité.
Les crises économiques ou politiques amplifient cette méfiance. Lorsqu’un pays traverse des périodes de troubles, le discours autoritaire peut sembler apporter des solutions rapides et une promesse de stabilité. Ce mécanisme est renforcé par une rhétorique qui oppose les « faiblesses » démocratiques à la « force » des régimes autoritaires. Cette pratique n’est absolument pas limité à la Russie et aux pays autoritaire. Donald Trump aux États-Unis utilise les mêmes mécaniques, tout comme les partis d’extrême droite ou d’extrême gauche dans de nombreuses démocraties.
La propagande et les récits alternatifs : l’arme des régimes autoritaires
La Russie investit massivement dans des médias internationaux comme RT (Russia Today) ou Sputnik, qui diffusent des récits alternatifs aux narratifs occidentaux. Ces médias jouent sur les ambiguïtés, la désinformation et les théories du complot pour semer le doute sur les valeurs et les actions des démocraties.
Exemples de récits pro-russes populaires :
- L’idée que l’Occident est hypocrite dans sa défense des droits de l’homme, pointant des exemples comme les guerres en Irak ou en Afghanistan.
- La vision d’une Europe affaiblie par le multiculturalisme et les « valeurs libérales décadentes ».
- La glorification de la Russie comme défenseur d’un ordre mondial multipolaire, en opposition à l’hégémonie américaine.
Les personnes qui se sentent exclues ou marginalisées par les récits dominants trouvent souvent refuge dans ces récits alternatifs. La propagande russe capitalise sur ce besoin en proposant une vision simplifiée des enjeux mondiaux : l’Occident serait le « grand méchant », et la Russie le « sauveur » d’un monde en péril.
L’attrait du modèle autoritaire : pourquoi certains préfèrent la « force » à la « liberté »
Dans des périodes d’incertitude, de nombreuses personnes recherchent un modèle de société qui promet stabilité et ordre. Les régimes autoritaires, comme celui de la Russie, s’appuient sur cette aspiration en mettant en avant des valeurs telles que l’autorité, le contrôle et la discipline.
Pour certaines personnes, les régimes autoritaires apparaissent comme des alternatives pragmatiques à des démocraties qu’ils perçoivent comme inefficaces ou faibles.
Les régimes autoritaires adoptent souvent des discours simplistes, opposant un « nous » vertueux à un « eux » corrompu ou dangereux. Ce type de rhétorique est séduisant pour les individus en quête de repères, car il offre des réponses rapides à des questions complexes.
Exemple : La Russie utilise régulièrement des discours discriminants envers les minorités ou les étrangers, affirmant défendre des « valeurs traditionnelles » face à une prétendue menace de déstabilisation culturelle ou morale.
Psychologiquement, certains individus se sentent rassurés par un pouvoir fort et centralisé. Ce besoin d’autorité peut être amplifié dans des sociétés où les inégalités sociales ou les crises identitaires sont particulièrement marquées.
Le rôle des biais cognitifs et des émotions
Beaucoup de personnes ont tendance à rechercher des informations qui confirment leurs croyances préexistantes. Si quelqu’un est déjà critique envers l’Occident, il est plus susceptible d’adhérer à des discours pro-russes ou autoritaires qui valident ses convictions.
Les régimes autoritaires et leurs soutiens utilisent souvent la peur pour mobiliser. Qu’il s’agisse de la crainte d’une perte d’identité culturelle, d’une menace économique ou d’un effondrement moral, ces discours exploitent les insécurités pour légitimer leur pouvoir.
Un clivage générationnel et culturel
Pour les jeunes générations, confrontées à des crises multiples (climat, emploi, inégalités), les régimes autoritaires ou les idées pro-russes peuvent apparaître comme des alternatives offrant un sens clair et une vision « anti-système ».
Dans certains pays, notamment ceux ayant des liens historiques avec la Russie (ex. : anciennes républiques soviétiques ou pays satellites), les idées pro-russes trouvent un écho plus fort. L’héritage de la propagande soviétique continue de peser sur les mentalités.
Un défi pour les démocraties
L’adhésion à des idées pro-russes ou à des discours autoritaires est un phénomène complexe, nourri par une combinaison de défiance envers les démocraties, de manipulation propagandiste, et de quête de stabilité.
Pour les démocraties occidentales, le défi est double : restaurer la confiance de leurs citoyens en leurs institutions tout en proposant des récits qui répondent aux attentes et aux angoisses d’un monde en mutation.
Quelques liens et sources utiles
François Heisbourg, Le Temps des prédateurs : La Chine, la Russie et nous, Odile Jacob, 2020
Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Éditions Grasset, 2018
Masha Gessen, The Future Is History: How Totalitarianism Reclaimed Russia, Riverhead Books, 2017
Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine, Actes Sud, 2015
Jean-François Colosimo, La guerre civile mondiale : Retours sur le XXIe siècle, Stock, 2017
Une réponse
Etant donné que l’auteur de cet article m’a mis dans une « case » , je prends du temps afin de lire ses productions, et de comprendre quelles sont ses prétentions intellectuelles.
Cet article est bien construit et bien sourcé (même si l’ensemble des sources visent à conforter l’avis premier de l’auteur)
Néanmoins, avec le recul nécessaire bien sur, on peut très bien avoir un avis différent des événements actuels de ceux proposés et pour autant ne pas se présenter comme un « pro russe »pro palestinien »pro israélien » ou pro je ne sais quoi ou encore être traité de populiste, mais tout simplement posséder un jugement construit avec de la hauteur et qui montre une autre vérité.
Le président russe ne s’est pas levé un matin en se disant « tiens je vais dénazifier ce pays! en parlant de l’Ukraine! )
Les américains ont eux par contre menti pour envahir et détruire des pays au nom de la suprématie du Dollar! pour ne pas rentrer dans les détails!
Les démocraties perdent de leur influence car elles mentent, trichent, et justement ne respectent plus les valeurs de la démocratie.
J’espère ne pas être cet archétype dans mes commentaires que vous aimer tant décrire!!