Qui n’a pas contemplé les trains de marchandises étant enfant ? La complexité du train et fluidité qu’il a à traverser et relier les territoires laissent tout de même petits et grands contemplatifs. Remontant dans le temps grâce à une petite histoire de la grande aventure du voyage en France, puis de la présentation d’un acteur de son évolution dans l’imaginaire collectif !
Le rail, la conquête du territoire national
Les gouvernements n’ont pas toujours eu la possibilité d’avoir la pleine maîtrise du territoire qu’ils dirigeaient. Il faut attendre l’émergence des relais postaux pour voir une accélération du déploiement des pouvoirs politiques, judiciaires et économiques de la monarchie au XVe siècle dans le Royaume de France.
Aussi, cette ouverture permet un désenclavement des populations. Encore aujourd’hui, nous sommes les premiers à affirmer que les Bretons sont les frères des Corses mais l’opposé des Parisiens. Imaginez alors, au XVe siècle l’appartenance forte des populations à leur territoire et leur considération des étrangers…
Le développement des routes de diligences
À partir du XVIIIe siècle, en France des correspondances régulières entre les villes proches de Paris commencent à apparaître. Les voyageurs fortunés peuvent utiliser le service des gondoles pour se déplacer rapidement. La diligence comme nous la pensons n’existe pas, mais le développement de ses services permet l’amélioration de l’existant.
Cette période voit apparaître des modifications liées au confort, avec des essieux suspendus, des intérieurs retravaillés, mais aussi des structures de diligences. C’est ce qui donne avec le temps trois types de compartiments pour les diligences, de l’avant à l’arrière : le coupé (aussi appelé cabriolet), la berline et la rotonde.
La diligence permet de se déplacer à une vitesse de 10 à 11 kilomètres par heure en 1780. Cette vitesse permet de se rendre de Paris à Angers en seulement 3 jours, avec un total de 106 kilomètres effectués chaque jour. Entre 1765 et 1780, le temps de trajet connaît une économie de 50%, nous le mettions en valeur sur le trajet Paris-Angers, mais d’autres destinations connaissent des gains encore plus importants. C’est notamment le cas pour le trajet Paris-Strasbourg qui passe de 11,5 jours de trajet à 4,5 jours de trajet, ainsi la distance parcourue passe de 42 à 109 kilomètres par jour.
Cette évolution des transports est due à un monopole d’État organisé par Turgot le 7 août 1775. Le transport de voyageurs est organisé par l’État, tous les anciens transporteurs doivent arrêter leur activité. Les conditions sont améliorées et standardisées, avec l’apparition des diligences « turgotines » plus légères et donc plus rapides. Ce monopole permet également d’offrir l’accès à des transports de nuit, deux cavaliers de la maréchaussée sont greffés aux voyages.
Les premiers rails en France
L’arrivée des chemins de fer met un terme aux services liés aux transports par diligence sur les grands axes à la fin du XIXe siècle. En effet, le gain de temps est considérable ! Par exemple, le train permet de faire le trajet Paris-Rouen en seulement trois heures et demie contre 14 heures en diligence.
L’arrivée du rail en France est timide, précurseur sur le rail tiré par les chevaux, la France utilise ses autres voies de communication. Les guerres napoléoniennes ralentissent également le développement du chemin de fer, puis les investissements, pour l’installer après la période napoléonienne sont trop importants pour pouvoir démocratiser rapidement le réseau. La France possède également un important réseau de canaux qui n’imposent pas de créer rapidement des lignes. Le rail français prend donc du retard sur ses voisins européens.
Les premières voies véritables sont construites en 1838 – dès 1837 les premières voies pour voyageurs apparaissent en France – par Baptiste Alexis Victor Legrand et s’inspirent en grande partie du travail de Pierre Michel Moisson-Desroches qui proposait déjà ce projet sous Napoléon Bonaparte. L’Étoile de Legrand reprend la forme du réseau routier du XVIIIe siècle, soit une étoile centrée sur Paris.
L’essor du train est alors rapide au début du XXe siècle, des centaines de kilomètres de lignes sortent de terre tous les ans. L’ensemble du territoire est couvert, les échanges sont nombreux tant en termes de voyageurs que de produits. La rapidité du train permet aux campagnes françaises éloignées des grandes agglomérations de vendre des produits périssables. La France obtient rapidement l’un des réseaux ferroviaires les plus denses, malheureusement l‘arrivée de la voiture freine puis fait décliner ce moyen de transport, pourtant si économique et bien moins polluant (sur des lignes déjà existantes).
Revivez l’aventure du rail avec le club SMCF
Le rail français a la chance d’avoir des centaines de passionnés qui lui permettent de se réinventer. Autant dans son organisation grâce à des acteurs puissants comme l’État et la SNCF qui permettent de réintégrer le rail dans notre quotidien, que des associations qui développent l’image du rail français. C’est dans cette optique que nous souhaitons mettre en avant l’association Seine Modèle Club Ferroviaire (SMCF) qui réalise des maquettes du réseau ferré d’hier et d’aujourd’hui.
40 ans de reconstitution du rail français
L’association est basée à Rouen en Seine-Maritime depuis 2015, avec des locaux de 120 m2 constitués de plusieurs maquettes de chemins de fer. Les adhérents ont la possibilité de construire un réseau complet ferroviaire, de faire circuler des rames chaque premier samedi du mois…
Chaque passionné peut donc se retrouver au coeur d’un espace dédié, pour faire revivre des maquettes de trains historiques, mythiques ou atypiques.
Retrouvez l’association au 21 Rue Verte à Morgny-la-Pommeraye (76750) pour vivre l’aventure du modélisme ferroviaire.
Des ressources pour les passionnés
L’une des spécificités de l’association est de collecter depuis 40 ans des archives sur les éléments liés au rail français. Cette collection est à la fois liée au modélisme grâce à des magazines, des tutoriels ou encore de la documentation. La collection est complétée d’archives historiques sur les chemins de fer de France et d’ailleurs.
Quelques liens et sources utiles
Théotiste Jamaux-Gohier, « Vitesse et durée des voyages au temps de la poste aux chevaux », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2007, pp. 188-201
Vincent Guigueno, Mathieu Flonneau, De l’histoire des transports à l’histoire de la mobilité ? Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009