Depuis l’incendie dévastateur du 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris est au centre d’un vaste chantier de restauration. Ce tragique événement a offert une opportunité unique de mener des fouilles archéologiques, permettant de redécouvrir l’histoire de ce monument emblématique de l’art gothique.
Ces travaux, menés en parallèle des efforts de reconstruction, ont révélé des trésors cachés et enrichi notre compréhension de ce patrimoine mondial.
La transformation du chantier en une fouille archéologique
En 2022, dans le cadre des travaux de restauration, des fouilles préventives ont été menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), principalement à la croisée du transept.
Ces recherches, essentielles pour sécuriser les fondations avant la pose d’un nouvel échafaudage pour la reconstruction de la flèche, ont permis des découvertes. L’intervention des archéologues a mis en lumière des éléments historiques jusque-là méconnus.
Parmi les trouvailles les plus remarquables figure un sarcophage anthropomorphe en plomb, datant probablement du XIVᵉ siècle. Ce cercueil, retrouvé à environ un mètre sous le sol, contenait les restes d’un dignitaire dont l’analyse permettra d’en apprendre davantage sur les pratiques funéraires médiévales.
Autre découverte fascinante : des fragments du jubé de la cathédrale, une structure liturgique érigée au XIIIᵉ siècle et détruite au XVIIIᵉ siècle. Ces fragments sculptés polychromes témoignent de la richesse artistique de Notre-Dame et de son rôle central dans la vie religieuse médiévale.
Des découvertes au service de la restauration et de la recherche
Ces trouvailles ont directement influencé le chantier de restauration. Elles ont permis d’intégrer des éléments historiques nouvellement mis au jour dans les travaux de reconstruction, tout en offrant de nouvelles perspectives sur l’évolution architecturale et liturgique de la cathédrale.
Par exemple, les fragments du jubé ont non seulement enrichi les connaissances sur l’aménagement liturgique, mais aussi inspiré des réflexions sur la conservation et la mise en valeur des éléments retrouvés. Ces découvertes rappellent que chaque pierre de Notre-Dame porte en elle une histoire, parfois oubliée, que l’archéologie permet de révéler.
La valorisation des découvertes
Le travail des archéologues ne s’arrête pas sur le chantier. Pour partager ces trésors avec le public, plusieurs expositions ont été organisées, notamment au Musée d’Archéologie nationale.
Ces initiatives permettent de mettre en lumière l’histoire riche et complexe de Notre-Dame, en montrant comment l’archéologie contribue à préserver et à transmettre ce patrimoine exceptionnel. Par ailleurs, ces efforts de valorisation renforcent le lien entre le passé et le présent, en rendant accessibles des aspects méconnus de la cathédrale.
Un chantier au croisement de l’histoire et de la modernité
Le chantier de Notre-Dame de Paris incarne un double enjeu : réparer les blessures causées par l’incendie tout en explorant les strates profondes de l’histoire du monument. À travers ces découvertes archéologiques, c’est tout un pan de la mémoire collective qui refait surface, rappelant l’importance de préserver et d’étudier ces témoins du passé.
En redonnant vie à ces vestiges, ce chantier devient bien plus qu’un simple projet de restauration : il s’impose comme une aventure humaine et scientifique d’une rare intensité.
Quelques liens et sources utiles
Philippe Plagnieux, Notre-Dame de Paris : Histoire, architecture, art, Éditions du Patrimoine, 2019.
Jean-Michel Leniaud, La cathédrale Notre-Dame de Paris, CNRS Éditions, 2020.
Lydwine Scordia et Patrick Demouy, Notre-Dame de Paris. Archéologie, histoire et restauration, Gallimard, 2022.