Les miniatures de véhicules, tant convoitées par les enfants et considérées comme de véritables objets de collection pour les adultes, sont de véritables fenêtres sur notre histoire. Parmi celles-ci, les véhicules militaires de la Seconde Guerre mondiale occupent une place de choix, témoignant de la popularité indéniable qu’ils suscitent auprès du public.
Ces fidèles reproductions ne sont pas de simples jouets ou objets décoratifs. Elles évoquent un moment précis de notre passé, et pour certains, ces véhicules étaient bien plus que de simples moyens de transport : ils étaient pour eux un outil de travail, un outil de mort, et bien trop souvent leur dernier tombeau.
Toutefois, si ces miniatures apportent un éclairage sur l’histoire, elles peuvent parfois transmettre une image idéalisée, voire erronée, de la guerre. Qu’il est important de décortiquer, mais qui ne vous empêche pas d’en faire la collection, notamment grâce à de fidèles reproductions de véhicules militaires à collectionner sur le site de Collect World.
Une vision idéalisée d’une guerre pourtant à pied
La Seconde Guerre mondiale est souvent perçue comme une guerre entièrement mécanisée. L’image des divisions allemandes fonçant sur l’Armée française en 1940 est largement connue. L’impréparation française, le manque de stratégie du commandement et surtout la suprématie des Panzers et des Stukas allemands ont été cités comme causes de la débâcle que nous connaissons tous.
Les Panzer I et II étaient, à l’origine, destinés à des fins d’entraînement et non à la guerre. Ils étaient nos premières expériences, nos premiers pas dans le développement d’une véritable force de chars.
Général Heinz Guderian a écrit dans son livre Panzer Leader.
Pourtant, la réalité diffère. Au début de la guerre, l’Allemagne nazie ne comptait que 29 divisions mécanisées sur un total de 91 divisions d’infanterie. Au déclenchement de la guerre en 1940, la France disposait d’un plus grand nombre de chars et de véhicules blindés que l’Allemagne. De plus, la plupart de ces véhicules surpassaient en performances les nombreux Panzer I et Panzer II allemands. En outre, la majorité des déplacements des troupes se faisaient à pied, avec des équipements tirés par des chevaux. N’oublions pas que l’Allemagne a mobilisé plus de 2,75 millions de chevaux durant la Seconde Guerre mondiale.
Il est ironique que les Panzer I et II, malgré toutes leurs insuffisances, aient constitué la majorité des chars allemands pendant les campagnes cruciales en Pologne et en France
R. L. DiNardo, professeur d’études stratégiques au Marine Corps War College
Cette réalité est d’autant plus dramatique pour la France qui perd contre un ennemi qui aurait pu être arrêté. Il est donc impossible de lutter contre la propagande allemande, qui s’acharne à se présenter comme dominante, inarrêtable et imbattable.
L’héritage de la propagande nazie, dans l’art des modèles réduits ?
Un terrible rappel du travail de Joseph Goebbels et de son industrie de propagande. Ainsi, malgré la défaite de l’Allemagne nazie, de nombreux individus se persuadent encore aujourd’hui que les forces allemandes étaient technologiquement en avance, supérieures sur le champ de bataille, et qu’elles n’ont été vaincues que par la folie d’Adolf Hitler. Cette réalité, bien présente, pousse les historiens à démystifier cette armée, c’est notamment le cas de Jean Lopez et Olivier Wieviorka dans Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale.
Ces mythes, retranscrits dans le monde du modèle réduit et de la miniature de véhicules militaires, ne sont pas dramatiques. Aucun mal n’est fait si un enfant ou un adulte s’amuse et collectionne de telles pièces. Au même titre qu’un blindé B1 français ou un Panzer I allemand, ces modèles méritent d’être représentés. Le risque réside dans le manque de recul du public qui est touché par ces pièces. La surreprésentation des modèles allemands, mais également américains, laisse à croire que la Seconde Guerre mondiale n’a été que le combat de ces deux nations.
Nous avons pris l’exemple à plusieurs reprises de la France, mais pensons également à l’Armée rouge, qui a été la plus durement touchée par la guerre. Le choc des blindés allemands et soviétiques a été terrible. Quasiment aucun appareil allemand n’était capable de rivaliser avec les T34 au début de l’Opération Barbarossa.
Le matériel soviétique était bien plus rustique que celui des Allemands, néanmoins sa qualité au combat n’a rien à envier au Panzer I, II et III. En fin de compte, la qualité compte, mais ce qui fait la différence c’est la capacité industrielle de production de ces unités – sujet encore très moderne, le conflit en Ukraine étant un terrible rappel de cette composante. En 1944, l’industrie allemande parvient à produire 19 000 blindés, contre 51 200 la même année pour la production de l’URSS, des États-Unis et de l’Angleterre.
Cette qualité idéalisée n’a aucune chance contre le rouleau compresseur de métal et de fer que les Alliés envoient sur le front, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest.
Un loisir innocent, mais teinté d’histoire
Les miniatures de véhicules de la Seconde Guerre mondiale, malgré leur innocence, véhiculent parfois des images erronées de notre histoire. Un élément insignifiant pour les simples collectionneurs, cette histoire mérite néanmoins d’être racontée pour les plus passionnés.
En ce sens, la France est très peu représentée, ou du moins n’attire pas autant les collectionneurs, tant la défaite de 1940 a été humiliante et le sentiment de francophobie violent, même chez nos anciens alliés britanniques.
Le soft power américain domine et propulse la myriade de véhicules qu’ils ont produits durant ce conflit. Enfin, les reliquats de la propagande nazie fascinent encore, en raison des nombreux mystères qui entourent la Wehrmacht et la Waffen-SS.
Esprit éclairé que vous êtes maintenant, collectionnez avec passion !
Quelques liens et sources utiles
Philippe Masson, La Seconde Guerre Mondiale, Tallandier, 2003
Jean Lopez, Olivier Wieviorka, Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale, Tempus, 2018
Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2023