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Les Français le 6 juin : Commando Kieffer

Le Commando Kieffer naît de l'impulsion de Philippe Kieffer et de la France libre (FNFL) au printemps 1942.
Quelques membres du Commando Kieffer - Kieffer92 [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY-SA 4.0
Quelques membres du Commando Kieffer – Kieffer92 [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY-SA 4.0

La France est accablée par l’armistice de juin 1940. Le régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, s’engage dans la voie de la collaboration. Heureusement, quelques Français ont fait le choix des armes et sont entrés en résistance. Ces hommes seront notamment membres du Commando Kieffer le 6 juin 1944.

La France se divise en cette année 1940. La très grande majorité reste en France occupée, tandis que d’autres écoutent la voix d’un jeune général, Charles de Gaulle, le 18 juin 1940, et se rendent à Londres, en Amérique, ou bien en Afrique pour continuer la lutte.

La naissance du Commando Kieffer

Le Commando Kieffer naît de l’impulsion de Philippe Kieffer et de la France libre (FNFL) au printemps 1942. Le 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos, de son vrai nom, intègre initialement des volontaires. Le bataillon est commandé par Philippe Kieffer, d’où l’expression « Commando Kieffer« .

Le commando est placé sous autorité britannique et est la première troupe étrangère à intégrer le centre d’entraînement d’Achnacarry. C’est à cet endroit que le Special Service Brigade, les commandos britanniques, sont entraînés. Les 29 hommes du Commando Kieffer sont par la suite intégrés au nouvellement formé Commando interallié Numéro 10.

Winston Churchill souhaite créer une force d’assaut de 20 000 hommes, composée de petites unités légères et mobiles. Cette force doit être constituée de forces hétérogènes, en provenance de toute l’Europe occupée (Pologne, France, Belgique, Norvège ou encore Pays-Bas).

Un entrainement rude et des opérations nombreuses

L’entraînement des commandos au château d’Achnacarry dans les Highlands est difficile. Il prépare les hommes à toutes les conditions qu’ils pourraient connaître en opération, mais puissance dix ! Ils sont privés de sommeil, réalisent des marches interminables, en somme, ils sont endurcis et prêts à réaliser n’importe quelle opération.

Les hommes du Commando Kieffer sont envoyés à plusieurs reprises en opération, notamment pendant la dramatique opération Jubilée, ou encore pendant les opérations Hardtack.

  • Opération Jubilée le 19 août 1942 ;
  • Opération Forfar entre le 1er et 7 septembre 1942 ;
  • Plusieurs opérations Hardtack entre le 23 décembre 1943 et le 20 janvier 1940 ;
  • Opération Premium.

Avec l’obtention du béret vert à la fin de leur formation et les premières opérations commandos, Philippe Kieffer et ses hommes deviennent véritablement les premières forces de ce type en France.

Le débarquement du 6 juin 1944

Le Commando Kieffer fait partie de l’opération Overlord, en compagnie de la 3e Division britannique. Ce sont donc 177 Français qui foulent la plage normande de Sword. Ils sont accompagnés par 28 990 soldats britanniques, qui débarquent progressivement sur la plage.

Dans les jours précédant le Débarquement, des photos des objectifs sont distribuées aux commandos sans mention du lieu. Cependant, certains commandos français, originaires de Normandie, reconnaissent les sites, ce qui inquiète l’état-major anglais. Pour éviter toute fuite d’information, ils sont confinés jusqu’au jour J.

Le 6 juin, le lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer débarque en Normandie à la tête de 176 hommes du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos, répartis en deux sections de combat et une section de mitrailleuses. Ils arrivent à 7 h 32 sur Sword Beach et sont les premiers à toucher le sol de leur patrie, les Britanniques les ayant laissés passer en tête. Leur mission est de sécuriser La Brèche, près de Ouistreham.

Malgré des pertes significatives, ils atteignent leurs objectifs initiaux, capturant une pièce de 50 mm et l’ex-Casino de Riva-Bella, puis rejoignent les troupes britanniques à Pegasus Bridge vers 16 h 30. En fin de journée, le bataillon a perdu près de 25 % de ses effectifs (blessés et morts).

Le bataillon combat jusqu’au 27 août 1944, puis est renvoyé en Grande-Bretagne. Le commando doit être rééquipé, les hommes soignés, et surtout recomplété de nouveaux hommes.

Le souvenir du Commando Kieffer

La Libération de Paris par la 2e DB de Leclerc est un fait bien plus marquant pour les Français. Le Commando Kieffer reste un vague souvenir du Débarquement, mais très vite, ces hommes sont oubliés. Le général de Gaulle préfère mettre à l’honneur des troupes françaises dirigées par des Français.

Ainsi, il faudra attendre bien des années pour que le commando reprenne de l’importance dans la mémoire des Français, mais aussi pour qu’il soit distingué. Les commandos survivants devront attendre 60 ans après la Seconde Guerre mondiale pour recevoir la Légion d’Honneur.

Au sein de l’armée, le Commando Kieffer a une longue tradition. Aujourd’hui, les 7 Commandos de Marine sont tous héritiers des hommes de Kieffer. Deux commandos sur les 7 portent le nom d’un officier du 1er BFMC mort au combat :

  • Commando Hubert ;
  • Commando Trepel.

Quelques liens et sources utiles

Le jour le plus long, Le Figaro Hors-série, 2024

Jacques Pessis, Les Français parlent aux Français, Omnibus, 2011

Claude Quétel, La Seconde Guerre mondiale, Tempus Perrin, 2018

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