L'ouvrage coup de cœur de mars : Atavi : Le Labyrinthe de Fundokolia par Arslan Cherr

Du nationalisme algérien, à la guerre d’indépendance

À la fin de la Première Guerre mondiale, des revendications sur l'égalité des droits avec les européens émergent des populations musulmanes.
Manifestation anti OAS (1962) - André Cros | Créative Commons BY-SA 4.0
Manifestation anti OAS (1962) – André Cros | Créative Commons BY-SA 4.0

Depuis l’arrivée des Français en Algérie en 1830, une forte croissance démographique de la population, considérée comme indigène, est observée, passant d’environ 3 millions en 1830 à près de 6 millions dans les années 1920. Cet accroissement s’explique en grande partie à la suite du développement d’un système de santé (hôpitaux, dispensaires, vaccinations) qui s’accompagne d’une forte croissance économique du territoire. Malgré cela, de fortes disparités apparaissent entre les communautés, les musulmans n’ayant pas accès au même droit que leurs voisins d’ascendance européenne. Ces disparités vont rapidement se transformer en revendications, et pousser le nationalisme algérien sur le devant de la scène.

La naissance d’un nationalisme dans l’entre-deux-guerres

À la fin de la Première Guerre mondiale et face à l’horreur des combats dans lesquels ils ont été mobilisés dans l’armée d’Afrique, de nombreuses revendications commencent à émerger des populations musulmanes. Ces revendications portent sur l’égalité des droits et des salaires, la représentation politique, et avant tout la citoyenneté. Elle n’est accordée que s’ils renoncent à certaines lois dictées par le Coran, mais cette situation est très rare.

Les revendications du peuple algérien sont grandissantes et une réforme est mise sur pied 1919 afin de permettre à un certain nombre d’Algériens d’obtenir un accès aux fonctions politiques dans les assemblées locales.

Plusieurs hommes politiques musulmans connaissent une ascension et deux grands courants s’opposent :

D’un côté, un courant assimilationniste représenté par Ferhat Abbas, pharmacien devenu homme politique qui promeut la lutte pour l’égalité et l’intégration à la France de toute la population vivant en Algérie et de l’autre côté, un courant nationaliste représenté par Messali Hadj. Ce dernier souhaite une indépendance totale de l’Algérie, et veut imposer la langue arabe comme langue nationale. Messali Hadj est un ancien militaire passé par le parti communiste avant de fonder en 1926 l’Étoile Nord-Africaine (ENA), premier parti indépendantiste algérien.

Dans les années 1930, les revendications de la part de ces représentants s’amplifient et le gouvernement du Front populaire, nouvellement élu présente le projet Blum-Violette. Ce projet vise à étendre aux Algériens musulmans un accès aux fonctions politiques locales et la participation d’une fraction de 20 000 musulmans aux élections législatives. Cependant, ce projet déclenchera une très forte réaction des Européens en Algérie mais également en métropole et il est rapidement abandonné.

L’influence de Messali Hadj grandit et celui qui réclamait bien plus que le projet Blum-Violette voit son parti dissous par le Front populaire en 1937. Il crée quelques semaines plus tard le Parti du Peuple Algérien (PPA) qui sera lui aussi dissous en septembre 1939.

L’Algérie pendant la Seconde guerre mondiale

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique du Nord française reste sous les ordres du gouvernement de Vichy qui avait sous l’impulsion du Général de Gaulle et du Premier ministre Paul Reynaud réfléchi un temps à se replier sur Alger pour fuir l’invasion allemande.

Le 8 novembre 1942 est lancée l’opération Torch qui vise à débarquer les Alliés en Afrique du Nord. À Alger, le débarquement est un succès car il est facilité par une opération de résistance de grande ampleur. En effet, 400 combattants dont de nombreux membres de la communauté juive d’Alger, prennent le contrôle des principaux points stratégiques de la ville la veille du débarquement. Ce putsch permit d’éviter la défense de la ville par le 19e corps d’armée vichyste, sous le commandement du général Juin. Ce dernier obtient un cessez-le-feu entre ses troupes et les Alliés. La fin des opérations se solde par quelque 479 morts pour les Alliés, et 1 346 tués pour les Français sous les ordres de Vichy.

La réaction allemande est immédiate et dès le 11 novembre, la zone libre est envahie. Aux côtés des Alliés, l’armée française entre dans la lutte contre les forces de l’Axe. Les Allemands débarquent la Deutsches Afrikakorps sous les ordres du Generalfeldmarschall Rommel.
Alger devient alors le siège du commandement allié, chargé de préparer le débarquement en Italie sous la direction du général Eisenhower, futur président des États-Unis.
Elle est surtout la capitale provisoire de la France, lorsqu’elle accueille le général de Gaulle qui y constitue, avec le général Giraud, le Comité français de la Libération nationale (CFLN), qui devient en juin 1944 le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Pendant les opérations pour la libération de l’Europe, près de 120 000 Français d’Algérie et 130 000 Algériens musulmans seront engagés pour la libération en Italie, France, Allemagne. Leurs pertes s’élèveront à 10 000 pour les Français d’Algérie qui tombent aux côtés de 6000 algériens.

Mais l’arrivée des Américains dotés d’une puissance militaire surpuissante et porteurs d’idées anticolonialistes décrédibilisent la France aux yeux des populations musulmanes, qui voyaient les troupes française comme la plus grande armée du monde, près de 25 ans plus tôt.

La dégradation de l’influence française à la libération

Ferhat Abbas - Anefo | Domaine public
Ferhat Abbas – Anefo | Domaine public
Messali Hadj - Maccc | Domaine public
Messali Hadj – Maccc | Domaine public

En 1943 est publié le « Manifeste du peuple algérien » de Ferhat Abbas évoquant une nation algérienne. Ce dernier ne croit plus aux idéaux d’égalité qu’il défendait avant le début de la guerre et revendique l’idée d’une indépendance de l’Algérie. Ce manifeste sera rejeté par le Régime de Vichy, mais plus tard entendu par De Gaulle qui étendra des droits aux musulmans par l’ordonnance du 7 mars 1944.

Mais la guerre a vidé les garnisons et le gouvernement français ne peut contrôler le développement des influences indépendantistes de l’autre côté de la Méditerranée.

Dès le 8 mai 1945, jour de la libération du joug nazi en Europe, plusieurs manifestations pour l’indépendance algérienne à Sétif dégénèrent en conflits entre communautés. Ceux-ci déclenchent des troubles dans toute la région avoisinante se soldant par des massacres d’Européens. Ces massacres seront fortement réprimés par le gouvernement aboutissant à plusieurs milliers de morts musulmans et à l’internement des chefs nationalistes dont Messali Hadj qui sera libéré l’année suivante.

« Je vous ai donné la paix pour dix ans ; si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable. ».

Déclaration du général Duval, commandant dans le Constantinois.

Les revendications réapparaissent avec des luttes d’influence entre des nouveaux partis pro-indépendantistes avec des leaders déjà bien connus : L’Union Démocratique pour le Manifeste Algérien (UDMA) fondé en 1946 par Ferhat Abbas et le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) fondé la même année par Messali Hadj. Ces mouvements seront éphémères.

Les luttes d’influence se transforment rapidement en affrontements meurtriers entre le nouveau parti de Messali Hadj, le Mouvement de Libération Algérien (MNA) et le Front de Libération National (FLN) créé en 1954 et finalement rejoint par Ferhat Abbas.

Le FLN finit par gagner la bataille de l’influence et s’impose définitivement comme le grand opposant à la présence française en Algérie dès le début de la guerre d’indépendance en 1954 jusqu’aux Accords d’Evian de mars 1962 qui marquent la création de la nation algérienne.

Quelques liens et sources utiles

Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie: des origines à nos jours, PYGMALION 2012

Marc Riboud, Algérie / Indépendance, Le bec en l’air Editions, 2009

Michel Junot, Opération « Torch », Editions de Fallois, 2001

Guy Ganachaud, Les FFL et L’armée d’Afrique tous les combats 1940-1945, Tallandier, 1990

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