L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Les tribunaux pour enfants à Montréal au XIXe siècle

Les tribunaux pour enfants ne sont pas une invention récente, mais bien une ancienne préoccupation des institutions gouvernementales.
Des "Apaches" parisiens vers 1900 pour illustrer les tribunaux pour enfants - Agence Roger-Viollet | Domaine public
Des « Apaches » parisiens vers 1900 pour illustrer les tribunaux pour enfants – Agence Roger-Viollet | Domaine public

Les changements majeurs de la révolution industrielle en Europe et en Amérique du Nord bouleversent considérablement la structure même de la société et la place des individus dans celle-ci.

La productivité devient le maître mot du monde et très vite des déviances ont lieu, avec le travail des enfants, des conditions de vie de plus en plus déplorables pour les individus, le conditionnement de certaines classes dans certains quartiers, l’augmentation de la délinquance dans les villes etc.

Les tribunaux, la réponse pour lutter contre les violences.

La pauvreté n’est plus simplement une question de manque de volonté des individus. Les individus travaillent mais vivent pourtant dans la misère.

L’industrialisation de la société et le changement de paradigme des travailleurs

La crise à la fin du XIXe siècle reste à venir, un important exode rurale est en cours, il y a une forte urbanisation des villes, ainsi il y a une crainte de l’augmentation de la criminalité et de la délinquance dans des villes déjà en « crise » sociale.

Cette délinquance est traitée sans discernement par le gouvernement canadien, que les individus soient adultes ou enfants. 

L’enfant au cœur de l’évolution de la société

Pourtant il y a déjà une vision de pitié vis-à-vis des enfants. Ils sont vus comme des êtres poussés par la misère à commettre des larcins pour survivre.

Les enfants deviennent également des individus éloignés du monde du travail par des lois promulguées par le gouvernement, ainsi dès 1870 – 1880 les provinces régulent le travail des enfants dans les mines et les usines. Des lois apparaissent pour obliger les enfants à fréquenter les écoles. L’âge juvénile devient une période creuse financièrement, alors que les enfants étaient une source de revenus importants pour les familles.

Le larcin devient donc un moyen de contourner ce creux financier pour les familles. Le traitement de ces enfants criminels est expéditif, mais parfois complètement anticonstitutionnel. Le Code Pénal de 1892, ne permet pas d’envoyer des enfants en prison par exemple. Dès lors des réformateurs (le juge Choquet et sa femme) mettent en place de nouvelles directives pour permettre un traitement différent des enfants, avec des tribunaux adaptés.

L’entrée dans le XXe siècle voit apparaître des évolutions aux regards du jugement des enfants, devenant des êtres possiblement réhabilitables. Dès lors une « justice socialisée » est mise en place, permettant de faire la séparation entre les individus, rendant les jugements personnels et apportant alors des possibilités de réhabilitation.

Un corpus de documents présentant les tribunaux pour enfants

Les deux documents sont des extraits en provenance du journal La Patrie, un périodique de la province de Québec. Le premier est l’extrait d’un article sur la délinquance juvénile, il date du 9 janvier 1907. Le second extrait est la couverture du journal La Patrie du 15 octobre 1910.

Les tribunaux pour enfants La Patrie 1910 | Domaine Public
Les tribunaux pour enfants La Patrie 1910 | Domaine Public

Le journal est fondé en 1879 par le journaliste, écrivain et homme politique Honoré Beaugrand. Il est membre influant du Parti libéral, convictions qui se ressentent dans le journal.

La Patrie prend la suite du journal National qui lutte contre le Parti conservateur. Le document émet l’idée (en prenant ses inspirations dans les travaux de Lindsey de Denver) que l’enfant délinquant n’est pas un criminel comme les autres.

La justice, l’État doit absolument jouer son rôle « paternel » au même titre que les parents afin de maintenir les enfants dans le « droit chemin ».

L’enfant ne doit pas seulement être puni dans des tribunaux et être envoyé grossir les rangs des prisons. Il doit pouvoir être pardonné et reconsidéré.

Le deuxième document présente l’idée de séparation entre les enfants criminels et les adultes criminels. Cette démarcation est faite grâce à la personnification de l’État par la justice en une femme armée d’un bouclier et d’une épée et habillée d’une armure et d’un casque.

Comment les deux documents permettent ils de se rendre compte des évolutions effectuées dans la société canadienne vis-à-vis de la délinquance juvénile au début du XXe siècle ?

Quelques sources et liens utiles

David Niget, « Histoire d’une croisade civique : la mise en place de la “Cour des jeunes délinquants” de Montréal (1890-1920) », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Numéro 5, 2003

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