L'ouvrage coup de cœur de mars : Atavi : Le Labyrinthe de Fundokolia par Arslan Cherr

Le Protectorat français au Maroc

Signé le 30 mars, 1912 le traité de Fès reconnait officiellement le protectorat français au Maroc, le général Lyautey est alors nommé...
Le croiseur français Gloire lors du bombardement de Casablanca en août 1907, imprimé sur une carte postale - Joseph Boussuge | Domaine public
Le croiseur français Gloire lors du bombardement de Casablanca en août 1907, imprimé sur une carte postale – Joseph Boussuge | Domaine public

Dans sa conquête du monde, la France organise son expansion économique et politique sur le continent africain, et notamment en Afrique du Nord. Une expansion dont l’homogénéité présentait pour la République une préoccupation primordiale qui débuta dès le XIXème siècle.

De par son invasion de l’Algérie, la France ne prend pas la peine de cacher sa convoitise sur le Royaume du Maroc, cette pièce manquante pour compléter son puzzle nord-africain, et donc étayer l’AFN (l’Afrique Française du Nord). Quoi de mieux que de mettre la main sur le Maroc pour renforcer l’AFN et avoir un Maghreb exclusivement français.

Grâce à sa position géographique, le Royaume du Maroc se voyait infaillible face à une éventuelle conquête française. De plus, l’exclusivité était vouée à l’échec car le Maroc, contrairement à l’Algérie, n’a pas pu être monopolisé que par la France en raison des colonies espagnoles déjà présentes sur le territoire Chérifien.

Alors que le Maroc devenait la cible de plusieurs pays européens, la conférence internationale d’Algésiras fut un moyen d’apaiser les tensions naissantes entre ces pays, ayant comme finalité d’essayer de trouver un compromis international pour le cas du Maroc. Cependant, passée la crise internationale de Tanger, le Maroc reste l’épicentre des convoitises européennes et notamment celles franco-allemandes.

Le coup d’Agadir

Encore un épisode dans le feuilleton de la colonisation française au Maroc, qui allait attiser les tensions entre la France et l’Allemagne, qui sont loin de renoncer à l’idée de conquérir l’Empire Chérifien. De la même acabit que la guerre franco-marocaine de 1844, où la France avait envoyé des flottes militaires à Tanger et à Essaouira, la ville d’Agadir est la cible, et c’est une flotte allemande cette fois-ci.

Tout a commencé en 1908 lorsque Moulay Abdel Hafid devient le monarque du Maroc succédant à son frère Moulay Abdel Aziz. Ce souverain était partisan des nouveautés européennes et de l’ouverture sur leurs innovations. La population marocaine était conservatrice et opposée au changement voyait d’un mauvais oeil cette politique du souverain Moulay Abdel Aziz.

S’ajoutent aussi les troubles et les tensions diplomatiques, surtout étrangères, qui n’ont arrangé en rien la situation délicate de la nation. Le sultan fut alors détrôné par son frère, Moulay Hafid. Alors résident à Fès, le roi déchu, subit la révolution de la population amazighe. Une pression qui pousse Moulay Hafid Aziz à recourir à l’aide de France. L’intervention militaire française provoque la réaction des Allemands qui la considèrent comme une infraction à la conférence d’Algésiras. L’intrusion française est donc la raison directe de la crise d’Agadir.

Le 1er juillet 1911 est marqué par le coup de force causé par l’Allemagne qui souhaite limiter l’expansion française au Maroc. L’Allemagne n’hésite pas à envoyer une canonnière à la ville d’Agadir, une ville côtière au sud du Maroc. La canonnière SMS Eber servit de menace directe pour la France. Les tensions franco-allemandes renaissent, et la rivalité entre les deux pays se creuse davantage. La France amplifie ses actions pour s’emparer du Maroc à l’instar de l’Algérie. Le Royaume-Uni, de son coté, défend très largement les intérêts français et condamne ouvertement les convoitises allemandes jugées irrégulières par rapport à la conférence d’Algésiras.

Le traité de Fès

Signé le 30 mars 1912, le traité de Fès marque le dénouement d’une série de tensions opposant la France à l’Allemagne. Après de longs conflits sur la question du Maroc, les deux pays trouvent un compromis, et c’est le sultan Moulay Abdel Hafid lui-même qui signe le traité permettant l’intrusion des Français dans le Royaume, sous la forme d’un « Protectorat ».

La lutte marocaine, contre des colonisateurs puissants, a affaibli davantage son économie, une position de faiblesse qui ne laisse aucun choix au monarque marocain d’opter pour une décision qui coûte l’indépendance de son pays.

La France tire le grand lot, en signant le traité de Fès, elle s’octroie le droit de possession des territoires marocains notamment le centre du Maroc. L’Espagne de son côté se limite à l’occupation de tout le nord et le Sahara du Royaume. Le Maroc fut alors déchiqueté entre la France et l’Espagne. Tandis que pour l’Allemagne, elle s’est vue obligée de reconnaitre la souveraineté des Français et des Espagnols sur les territoires marocains, sans tirer sa part du gâteau.

Le protectorat français

En 1912, le Maroc est reconnu officiellement sous le protectorat français. La présence des Français sur le territoire marocain monte d’un cran, à la tête, le Résident Général Hubert Lyautey (nommé par la France comme premier résident général au Maroc, anciennement officier pendant les guerres coloniales, puis ministre de Guerre en Première Guerre mondiale). Il lui est confié la tâche de générer les différentes implantations françaises, ainsi que des aménagements et des rénovations pour le Royaume du Maroc.

Maréchal Lyautey, premier résident général du Maroc français. Il représente les intérêts coloniaux français tout en défendant l'autorité du sultan - Eugène Pirou | Domaine public
Maréchal Lyautey, premier résident général du Maroc français. Il représente les intérêts coloniaux français tout en défendant l’autorité du sultan – Eugène Pirou | Domaine public

Comme l’annonce le décret du 27-04-1912, le général Lyautey est officiellement le commissaire Résident Général et représentant de la République Française au Maroc. À peine il signa le traité de Fès, que le sultan Moulay Abdel Hafid quitta la ville impériale de Fès pour aller s’installer à Rabat.

À l’aube du protectorat, le peuple marocain, insurgé, se révolte contre la souveraineté française sur ses territoires. La révolte s’élève ainsi contre les pouvoirs publics marocains et tout le système politique local chapeauté par le sultan Moulay Abdel Hafid.

La sédition du Moyen Atlas (le territoire centre du Maroc, le plus affecté par la colonisation française, ce sont des régions majoritairement occupées par la population amazighe) et des Fassis est arrivée au point de causer des pillages ciblant tout ce qui appartenait aux européens présents dans la ville de Fès. Les émeutiers envahissent le Mellah (quartier des Juifs), s’attaquant aux riverains Juifs qui, fuyant leurs agresseurs, finissent par prendre refuge à Dar El-Mekhzen (le Palais Royal) qui leur a ouvert ses portes. Ce qui était déjà trop tard pour la plupart des Juifs Fassis du quartier, il fut dénombré plus de soixante morts, et soixante-quinze blessés, le quartier de Mellah subit une véritable hécatombe.

En avril 1912 et toujours aux débuts du protectorat, les émeutes poursuivent leur révolte et cette fois ils s’en prennent aux chrétiens et Français de la région de Cherarda. Ils réussissent même à s’incruster et à exécuter la propriétaire de l’hôtel de France. Plusieurs Français civils et militaires ont été également exécutés, et l’entrée du quartier européen est incendiée.

L’insurrection des Marocains face à l’invasion des Français n’est que le début d’une longue série de sédition des Autochtones, cependant, la colonisation française dure des années et ce n’est qu’en 1956 qu’on reconnaît le Maroc comme un pays indépendant.

Quelques liens et sources utiles

Edouard Moha, Histoire des relations franco-marocaines, Picollec, 1995

Guillaume Denglos, La revue Maghreb (1932-1936) : Une publication franco-marocaine engagée (Histoire et perspectives méditerranéennes), L’Harmattan, 2015

Henri-Jean-Jules Mordacq, La guerre au Maroc : enseignements tactiques des deux guerres franco-marocaine 1844, Hachette Livre BNF, 2016

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