L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Le fondement de l’apartheid en Afrique du Sud

En 1948 on reconnait officiellement l'apartheid comme organisation sociale du pays dont le but était de séparer les blancs des non-blancs.
Manifestation de rue aux États-Unis en faveur de l'égalité des droits, 1963 - Rowland Scherman | Domaine public
Manifestation de rue aux États-Unis en faveur de l’égalité des droits, 1963 – Rowland Scherman | Domaine public

Tout a commencé au XVIIème siècle, lorsqu’un certain nombre de « Boers » ont décidé d’envahir l’Afrique du Sud. Pour la plupart des Européens, les Boers font référence à une population majoritairement néerlandaise, ils incarnaient alors le rôle de colonisateur. Ils ont effectivement conquis le Cap, une ville côtière au sud-ouest du pays.

Comme toute autre nation africaine, l’Afrique du Sud était un des territoires sur lesquels lorgnaient les pays occidentaux. Ce fut alors les Hollandais et les Anglais qui en ont pris possession pendant des décennies, voire des siècles. Une invasion qui a même transcendé « la colonisation » pour donner naissance à « la racialisation », d’où l’apparition du phénomène de l’apartheid.

La colonisation de l’Afrique du Sud par les Hollandais

L’Afrique du Sud prend place au pied du continent africain, aujourd’hui le pays recense plus de 55 millions d’habitants. De par sa situation géographique, l’Afrique du Sud possède plusieurs richesses notamment en minerais, avec un fort potentiel agricole. Cette opulence de ressources a fini par attirer l’attention des pays occidentaux. Les intérêts de conquérir l’Afrique du Sud se sont étayés par la précarité diplomatique et gouvernementale du pays. À l’instar de ses voisins, l’Afrique du Sud a été tailladée par les guerres locales qui n’ont fait qu’accentuer son marasme.  

Cependant, l’histoire nous révèle que les prémices de la colonisation de l’Afrique du Sud par les Néerlandais datent de 1674, bien avant la découverte des ressources en minerais. À cause d’un naufrage dans les rivages du Cap, les rescapés du navire hollandais ont réussi à envahir la montagne de la Table, où ils trouvèrent refuge et cohabitèrent avec les autochtones, nouant ainsi des échanges commerciaux. Plus tard, les Néerlandais construisent une station balnéaire qui fut un pont commercial pour toutes les flottes qui mettaient le cap sur l’Inde depuis l’Europe.

Arrivée de Jan Van Riebeeck au cap, en 1652 - Charles Davidson Bell XIXe siècle | Domaine public
Arrivée de Jan Van Riebeeck au cap, en 1652 – Charles Davidson Bell XIXe siècle | Domaine public

Les colonies européennes se fructifièrent, et le nombre de colons ne cessa d’augmenter, tous de peau blanche, provenant des Pays-Bas, de l’Allemagne ou du Danemark. La colonisation du Cap est reconnue officiellement en 1691 et dès lors on commence à présager le phénomène de ségrégation raciale en plus de l’esclavagisme qui existait déjà dans la région. 

Il a fallu attendre plus d’un siècle pour que les Anglais prennent le relais et conquissent à leur tour le Cap africain. Le traité de Paris en 1814 reconnaît officiellement l’appartenance des terres du Cap, anciennement occupées par les Néerlandais. 

Les premières lois ségrégationnistes

La loi de 1909 est une loi qui avait pour objet la délimitation exacte des colonies anglaises sur le territoire de l’Afrique du Sud. Elle met en exergue la victoire des Anglais contre les Boers lors de la guerre qui les ont confrontés en 1899 et reconnaît la naissance de « l’Union de l’Afrique du Sud ».

D’autres lois voient le jour et viennent étayer les prédispositions ségrégatives et raciales qu’adoptait le régime politique de l’époque, constitué majoritairement de blancs. Notamment la loi de 1911, qui a légitimement créé un clivage dans le milieu du travail, puisqu’elle a interdit aux noirs d’exercer des emplois spécialisés. Deux ans après, la fameuse loi de propriété foncière a vu le jour, privilégiant ainsi la population blanche minoritaire en leur prodiguant 93 % des terres, plus de 3 millions des non-blancs se sont vus expulsés implacablement de leurs propres terres.

La politique de l’apartheid

Étymologiquement, le terme « apartheid » trouve ses origines dans la langue Afrikaans qui est la langue parlée en Afrique du Sud. Elle est le rendu des années de colonisation néerlandaise qui a légué tout un langage germanique différent naquit d’un mélange entre le dialecte local et le néerlandais parlé au sud de la Hollande. La population blanche de l’Afrique du Sud se fait appeler : les Afrikaners.

Ce n’est qu’en 1948 qu’on reconnait officiellement l’apartheid comme organisation sociale et régime politique du pays, instauré par la minorité blanche qui était au pouvoir. La finalité était la même que celle présagée par les premières lois ségrégationnistes : séparer les blancs des non-blancs. Le résultat du scrutin parlementaire de 1948 a été majoritairement favorable pour le Parti national et le Parti Afrikaner, une fusion qui a pu assurer un pouvoir non contesté de la part du peuple non-blanc. La majorité parlementaire a donc profité de ce pouvoir pour voter des lois extrêmement racistes ôtant tout droit de révoquer ou débattre les lois de l’apartheid.

Le fondement de l’apartheid est alors à l’origine d’une question de survie. Les Afrikaners ont alors usé de leur pouvoir pour édicter des lois dénigrantes et répressives. Parmi les nombreuses lois qui ont été élaborées entre 1948 et 1991, on retrouve la loi de la répartition raciale dont l’objet était de classifier les individus selon leur couleur de peau, tout en sachant que, non seulement les Noirs étaient concernés par ces lois, mais également tout individu non-blanc, métis ou indien. On retrouve également la fameuse loi entrée en vigueur en 1953, qui ségréguait l’usage des différents aménagements publics. Plus tard, le gouvernement en place a permis aux non-blancs de profiter de ces aménagements avec un « laissez-passer » qui autorise l’accès à ces derniers.

La population noire subissant la ségrégation raciale dans les villes de l'Afrique du Sud | La Libre Afrique
La population noire subissant la ségrégation raciale dans les villes de l’Afrique du Sud | La Libre Afrique

« La mise à part » cette fois-ci prend des dimensions spatiales et se veut de plus en plus oppressive envers le peuple non-blanc, quitte à l’annihiler complètement. Ce qui a longtemps constitué « le rêve » des Afrikaners nourri par la hantise d’une possible dominance des non-blancs.

La chute de l’apartheid

Dès les années 80, on commence à entendre parler d’une possible chute du régime raciste qui gouvernait le pays durant plus de 40 ans. La révolte noire contre la suprématie des blancs se répand dans chaque quartier subissant la ségrégation, le peuple prend alors conscience de l’ampleur de son supplice. C’est alors que commence « la résistance à l’apartheid » sous le commandement du premier Parti politique contestant : le « Congrès national africain (ANC). »

La confrontation entre les deux ethnies a abouti à des années de sédition qui finissent par être rassérénées avec l’arrivée de Frederik de Klerk à la tête du pouvoir en 1989. C’est le premier président blanc qui ouvre une possibilité de négociations avec l’ANC, il répond affirmativement aux différentes conditions énumérées par ce dernier dont la libération des prisonniers politiques. Parmi les détenus figurait Nelson Mandela en tant que prisonnier politique ayant été incarcéré pendant 27 ans pour la rébellion qu’il a menée depuis toujours contre le racisme. Sans aucune intention de rebrousser chemin, Nelson Mandela poursuit sa révolte et réclame l’abolition totale de toute forme de ségrégation ou clivage social.

La résistance de la population noire, désormais intense sous les directives de Nelson Mandela, prend de l’ampleur et dépasse le continent africain. Des pays occidentaux, dont les États-Unis rappellent les droits de l’Homme et condamnent ouvertement les restrictions prises en Afrique du Sud.

Finalement l’Afrique du Sud abolit définitivement l’apartheid en juin 1990, et l’histoire veut que Frederik de Klerk soit le dernier homme blanc à gouverner le pays et que Nelson Mandela soit son prédécesseur et devienne un symbole de Paix dans le monde.

Quelques liens et sources utiles

Nelson Mandela, L’Apartheid, Editions de Minuit, 1965

Antoine Bullier, Apartheid : l’écriture d’une histoire 1940-1990, Université Paris I, 2003

Jacques Suant, Afrique du Sud, du principe à la nécessité, Point de vue, l’Harmattan, 1996

P.Coquerel, L’Afrique du Sud des Afrikaners, Complexes, 1992

Ilan Pappé, Israel and South Africa: The Many Faces of Apartheid, Zed Books Ltd, 2015

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