L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

La folle histoire de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine est le dirigeant de la Russie depuis 1999. Malgré une interruption entre 2008 et 2012, il est l'homme fort de la Fédération.
Vladimir Poutine - Kremlin | Creative Commons BY 3.0
Vladimir Poutine – Kremlin | Creative Commons BY 3.0

Un personnage ampli de mystère

Homme politique russe, Vladimir Poutine est au centre du pouvoir depuis les années 90. Intégré dans le KGB à la suite de ses études de droit au début des années 80, il est basé à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), sa ville de naissance. Il est propulsé dans le monde politique à la chute du mur de Berlin et lors de la dislocation de l’URSS.

Vladimir Poutine est véritablement le symbole de la Russie moderne. Malgré un début de carrière complexe, il arrive à imposer son pouvoir. Il participe activement à réformer la Russie, notamment sur le plan social, politique et économique. Ce qui permet au pays de retrouver sa place sur l’échiquier géopolitique mondial. Ce n’est qu’à partir de 2014 que la vision bienfaitrice de la politique de Poutine commence à s’affaiblir, notamment pour l’opinion publique européenne.

Il est essentiel d’avoir une vision éclairée sur l’homme (le plus détesté ?) qu’est Vladimir Poutine, pour pouvoir comprendre ses choix et sa vision du monde.

Élevé à la mode rouge

Vladimir Poutine est né le 7 octobre 1952 à Leningrad au coeur de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Fils d’un ancien soldat de l’Armée rouge et ouvrier, il grandit dans le quotidien de tous les autres Russes. Pas particulièrement intellectuel, il est poussé à développer ses compétences sportives. Il fait tout un tas de sports : tennis, judo, ski ou encore de l’équitation. Cet aspect est fortement mis en avant par la propagande d’État russe, un homme fort, viril et SPORTIF.

Un autre aspect de sa vie est enjolivé ; la vie de son grand-père Spiridon Poutine. Soldat pendant la Première Guerre mondiale sur le front Est, il se battait contre les Autrichiens. Vladimir Poutine s’est exprimé plusieurs fois sur les faits marquants de la vie de son grand-père. Enjolivée ou non, sa vie est utilisée pour représenter le courage, la compassion ou encore la force du peuple russe.

Il avait remarqué qu’un soldat ennemi le visait de la tranchée opposée, et a tiré en premier. Le grand-père de Poutine a entendu les gémissements du soldat autrichien blessé, et au lieu de le tuer, il a rampé jusqu’à lui, il a bandé son bras et secouru. L’Autrichien embrassa sa main en signe de gratitude.

Nikita Mikhalkov a réalisé un film sur cette histoire.

Son grand-père aurait été – selon un biographe de Vladimir Poutine – le cuisinier des Romanov, de Lénine puis de Staline. Cette information est tirée de l’oeuvre de Simon Sebag Montefiore, Les Romanov, Librairie générale française, Hachette, 2017, 1369 p.

L’un des cuisiniers chargés de préparer les repas de Raspoutine durant la Grande Guerre était chef au luxueux hôtel Astoria de Petrograd. Il passerait au service de Lénine et Staline après la Révolution. Son nom : Spiridon Poutine – le grand-père du président Vladimir Poutine.

Simon Sebag Montefiore

Cette histoire, vraie ou fausse – difficile de faire la part des choses dans un pays qui ne s’est jamais initié à la liberté de la presse ou même à la libre expression – est en tout cas révélatrice du besoin de se rattacher à des éléments forts de l’histoire russe.

Un réformateur en puissance

Vladimir Poutine n’est pas l’homme politique le plus apprécié en Occident. Malgré tout, il a grandement participé au développement de la Russie. Succédant à Boris Eltsine, qui lui offre la présidence russe, il s’engage à dynamiser l’économie notamment en réduisant la TVA, en harmonisant les impôts ou encore en accordant plus de liberté aux entreprises.

Les évolutions s’illustrent aussi sur le plan social, avec une amélioration du système des retraites, une augmentation du niveau de vie grâce au système de santé, d’éducation ou encore du système des logements. Cette stratégie permet à Poutine d’être très apprécié par la population russe. Ainsi, selon les données du gouvernement, le revenu réel des particuliers a augmenté de + 58,5 % entre 1999 et 2002, et de plus de + 13,5 % en 2004. Durant la crise économique de 2008, la Russie semble dans un premier temps soutenir assez correctement son économie pour ne pas s’effondrer, malgré un reflux des capitaux d’au moins 191 milliards entre 2008 et 2009. Cependant, en 2010 la situation s’aggrave et des milliers de personnes manifestent à travers le pays pour se plaindre de la hausse des prix.

Son approche politique limite grandement la participation des citoyens de la Fédération de Russie. La population perd la main sur les décisions, les élections et les choix politiques du pays. Le Kremlin reprend sa place, la Russie se contracte sur Moscou. Pour illustrer cette situation, évoquons la réforme du Conseil de la Fédération de Russie qui met un terme à l’élection des Gouverneurs par les citoyens. C’est maintenant le Kremlin qui s’occupe de les désigner. Cette situation est accentuée par la création du Conseil d’État (Gossoviet) constitué de tous les Gouverneurs. Un moyen de placer qui l’on souhaite, et de les diriger vers une politique commune au profit de Vladimir Poutine, chef du Kremlin.

Une politique extérieure en double face

À la chute de l’URSS en 1991, la Fédération de Russie s’effondre sur elle-même. Le PNB chute de plus de 40% et des groupes d’influences s’accaparent des pans entiers de l’économie russe. Vladimir Poutine prend le pouvoir à la suite de Boris Eltsine pendant la guerre fratricide contre la Tchétchénie. C’est donc une situation complexe pour le pouvoir Russe et les Russes, un besoin se fait donc ressentir d’avoir des alliés. Ainsi, de nombreuses propositions sont faites, notamment l’intégration dans l’OTAN, ou la création d’un marché économique unique avec l’Union européenne. Néanmoins, les États-Unis, puissant voisin outre-Atlantique, refusent les deux propositions.

La première fracture entre les deux anciens rivaux intervient lors de l’Opération Allied intervention en 1999 sur le territoire de la République fédérale de Yougoslavie. Cette intervention de l’OTAN dans un pays considéré dans la zone d’influence de la Russie est assimilée comme une agression. Il y a un changement total de doctrine militaire en Russie, pour pouvoir répondre aux futures et potentielles agressions de l’OTAN contre son territoire.

Ce n’est que lors de l’attentat du 11 septembre 2001 que les deux puissants relient ouvertement et durablement le dialogue. Vladimir Poutine se place comme un allié contre le terrorisme. Il devient également un intermédiaire privilégié pour jouer le rôle de médiateur, notamment dans les dossiers avec l’Iran, le conflit israélo-palestinien ou bien la Corée du Nord. Cependant, le choix des États-Unis de placer un système d’armes balistiques en Pologne pour lutter potentiellement contre une agression iranienne fait déraper les relations. La Russie considère ce choix comme une énième agression.

Le discours de Munich

Vladimir Poutine, alors Premier ministre, et le président Medvedev le 11 mars 2008 - Kremlin | Creative Commons BY 3.0
Vladimir Poutine, alors Premier ministre, et le président Medvedev le 11 mars 2008 – Kremlin | Creative Commons BY 3.0

En 2007 Vladimir Poutine réalise un discours à Munich durant une conférence sur la sécurité. Il affirme que le rapprochement de l’OTAN vers les frontières de la Russie est une agression et surtout une violation des promesses faites à Gorbatchev en 1990.

Il y a vingt ans, le monde était divisé sur le plan économique et idéologique et sa sécurité était assurée par les potentiels stratégiques immenses des deux superpuissances.

La confrontation globale reléguait les problèmes économiques et sociaux urgents à la périphérie des relations internationales et de l’agenda mondial.

De même que n’importe quelle guerre, la guerre froide nous a laissé, pour ainsi dire, des « obus non explosés ». Je pense aux stéréotypes idéologiques, aux doubles standards et autres clichés hérités de la mentalité des blocs.

[…]

En ce qui concerne les projets prévoyant le déploiement en Europe d’éléments du système de défense antimissiles, ils ne manquent pas non plus de nous inquiéter. Qui a besoin d’une nouvelle relance – inévitable en l’occurrence – de la course aux armements ? Je doute fort que ce soient les Européens.

Aucun des pays dits « à problèmes » ne possède de missiles ayant une portée de l’ordre de 5000 à 8000 kilomètres et susceptibles de menacer l’Europe. Mieux, dans un avenir prévisible, leur apparition dans ces pays n’est pas envisageable. Je dirais même plus : une tentative de lancer un missile nord-coréen, par exemple, vers les Etats-Unis via l’Europe serait contraire aux lois de la balistique.

Discours du président russe Vladimir Poutine lors de la 43e édition de la conférence de Munich sur la sécurité, le 10 février 2007.

Par conséquent, la Russie sort du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe le 12 décembre 2007, causant de nombreuses inquiétudes dans le camp occidental et au sein de l’OTAN.

Renforcement de la puissance russe

La Russie utilise l’affaire des écoutes révélée par Edward Snowden en 2013 pour légitimer son image de contrepoids aux États-Unis. La même année, elle arrive à empêcher une invasion de la Syrie, par les forces occidentales. Elle utilise ce nouvel aura pour partager des idées pro-russes en Occident, avec les agences Sputnik et Russia Today.

La Russie intervient militairement en Syrie à partir de 2015, à la demande de Bachar el-Assad, se positionnant contre les États-Unis et l’Europe. Le Moyen-Orient devient un terrain de jeu pour les Russes, prémices de leurs futures interventions officielles ou officieuses dans la région, et plus largement en Afrique.

Sur le plan militaire bon nombre d’experts affirment une montée de la puissance militaire russe sur les 10 dernières années. Cela se fait notamment grâce à la modernisation de leurs matériels, l’arrivée des S-400 devant protéger la Russie d’une majorité de missiles et la livraison de nouveaux chars de combat ou encore le déploiement opérationnel du Soukhoï Su-57.

L’invasion de l’Ukraine en 2022

La crise déclenchée en 2014 avec l’Ukraine dégénère en février 2022, lorsque le président Vladimir Poutine reconnaît officiellement les républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk. Dans le cadre de cette reconnaissance, il déclenche une opération militaire de démilitarisation et « dénazification » du territoire ukrainien, notamment pour soutenir les deux républiques séparatistes.

Cette opération déclenche une levée de boucliers des pays de l’OTAN et de l’Occident de manière générale. L’armée ukrainienne, son peuple et son président Volodymyr Zelensky sont majoritairement soutenus. La guerre en Ukraine semble être la guerre du Vietnam des Russes.

Quelques liens et sources utiles

Vladimir Poutine, VLADIMIR POUTINE : Première personne, So Lonely, 2016

François-Xavier Nerard et Marie-Pierre Rey, Atlas historique de la Russie : D’Ivan III à Vladimir Poutine, Autrement, 2019

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