L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

L’histoire de France, de la chute de l’Empire à la Restauration

Le premier quart du XIXe siècle marque l'histoire de France par l'instauration de l'Empire de Napoléon Bonaparte, vivement contesté...
Le couronnement de Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1804 - Jacques-Louis David | Domaine public
Le couronnement de Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1804 – Jacques-Louis David | Domaine public

L’histoire politique complexe de la France au début du XIXe siècle

L’histoire de France est marquée par de nombreux changements politiques. C’est notamment le cas au XIXe siècle, où la République laisse la place à l’Empire, puis à la Monarchie et ainsi de suite… Le XIXe siècle est le siècle des avancées politiques pour la France, ponctué par des changements rapides et profonds. C’est l’émergence des mouvements idéologiques militants, ayant pour vocation de transformer les structures politiques établies.

La vie s’améliore, et pas seulement du point de vue politique. En effet, il y a l’apparition des premiers chemins de fer, des machines à vapeur ainsi que de nouvelles techniques scientifiques telles que la pasteurisation, améliorant grandement les conditions de vie. Les penseurs et les hommes politiques voient le monde s’améliorer et progresser, on parle de « religion du progrès » durant le XIXe siècle. L’accès à l’écriture s’améliore, permettant une plus grande production de documents en tout genre : écrits, documents administratifs, romans, lettres. Les historiens estiment que le volume d’archives de cette période est 10 fois plus conséquent que celui de la période précédente.

Tous ces changements sont en partie dus à la Révolution française, elle est vécue par le monde comme une rupture. On parle de la révolution comme un fantôme idéologique important et omniprésent durant le XIXe siècle.

Les différents régimes politiques après la révolution de 1789

Les régimes politiques se succèdent après la Révolution française de 1789. Le premier est la monarchie constitutionnelle, imposée par les révolutionnaires à Louis XVI le 13 septembre 1791. Elle remplace la monarchie absolue alors en cours dans l’histoire de France depuis le XIVe siècle en France, avec Philip le Bel.

Ce premier régime s’effondre le 21 septembre 1792, après des mois de conflits avec le roi et les voisins européens. La fuite de Varennes le 22 juin 1791 oblige l’arrestation de la famille royale et l’entrée en guerre de l’empereur du Saint Empire et roi de Prusse Léopold II, frère de Marie-Antoinette, femme du roi et reine de France.

L’histoire nous le dira – YouTube.

Le régime est remplacé par la Première République à la chute de Louis XVI le 19 août 1792, mais il faut attendre les dernières victoires des armées révolutionnaires en septembre 1792, et notamment la bataille de Valmy le 20 septembre, pour que la République française soit complètement proclamée. Cette période marque l’apparition de notre hymne national, La Marseillaise, (composée par Rouget de Lisle) chanté par des volontaires marseillais se rendant vers les fronts parisiens.

La proclamation de la République marque le début de fortes instabilités en France. Les partis politiques se mènent la vie dure. Sous le régime politique du Directoire entre 1792 et 1799, des purges importantes auront lieu, c’est la Terreur (1793 – 1794). Le gouvernement révolutionnaire, centré sur le comité du salut public et le comité de la sûreté générale, a un objectif majeur : faire revenir le calme en France. La fin de la monarchie des Bourbons a provoqué des révoltes fédéralistes, l’insurrection vendéenne et des guerres avec les puissances européennes. La Terreur permet, par un régime d’exception, de mettre un terme à la cohue générale, et ce par des exécutions en masse et une brutalité sans nom. Cette période est notamment connue pour avoir vu Robespierre et Danton s’affronter politiquement.

C’est singulier, le verbe guillotiner ne peut pas se conjuguer dans tous ses temps ; on peut bien dire : Je serai guillotiné, tu seras guillotiné, mais on ne dit pas : J’ai été guillotiné.

Propos de Danton rapporté par le compte d’Altamira dans Le Rouge et le Noir par Stendhal

Le Directoire est remplacé par le Consulat (1799 – 1804) après le coup d’État du 18 Brumaire de l’An VIII (9 novembre 1799). La République est remplacée par un régime autoritaire, dirigé par trois consuls, Bonaparte, Sieyès et Ducos. L’objectif est de mettre un terme aux nombreuses instabilités de la France, d’assoir un pouvoir exécutif puissant et de faciliter le fonctionnement du régime. Cette période marque le début des grandes modernisations et la création d’Institutions encore présentes en France, comme la Banque de France (18 janvier 1800), l’instauration des préfets (17 février 1800), l’instauration du Code civil (21 mars 1804), création des lycées et des grandes écoles (1802). Cette période de modernisation et unification des codes voit aussi de nombreuses régressions des droits des hommes et des citoyens. Le 20 mai 1802, l’esclavage est rétabli dans tous les territoires français, la Constitution de l’An VIII ne fait plus aucune référence aux droits de l’homme ou à la défense des libertés.

La proclamation de l’Empire de Napoléon Bonaparte

Le passage du Consulat à l’Empire se fait rapidement et sans accrocs, les deux consuls Sieyès et Ducos sont remerciés et Napoléon Bonaparte est seul à diriger l’Empire à partir du 18 mai 1804, quand le sénatus-consulte proclame Napoléon Bonaparte « empereur des Français ». Il s’attache à faire le lien avec les rois d’Ancien régime, notamment en intégrant une chapelle aux Tuileries et en réalisant une procession dans l’ensemble de l’Empire. Ces procédés sont acceptés et servent à plébisciter l’État dans un pays en manque de repère et de dirigeants forts.

La France sous l’Empire est complètement transformée. La population est très jeune, sur les 30 millions de Français qui peuplent le pays, la moitié est née après la Révolution française. Ces 15 millions d’habitants sont donc complètement intégrés à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC), établie le 26 août 1789.

Il n’y a plus de privilèges et la société des ordres n’existe plus. Dès lors, les paysans et les bourgeois vivent égaux face à la loi. Ces changement ont néanmoins impacté la démographie française. En effet, la noblesse a perdu ses richesses et la plupart ont quitté la France pour rester en vie. Le clergé s’est vu confisquer une grande partie de ses biens devenant possession de l’État. Les biens sont devenus des biens nationaux ou ont été revendus, permettant à de nombreuses personnes, notamment des bourgeois, de devenir des propriétaires terriens. Sous l’Empire apparaît une petite noblesse, ayant fait fortune grâce à la disparition de leurs prédécesseurs durant les révolutions.

En 1811, l’Empire connaît son apogée. Une bonne partie de l’Europe est sous domination ou contrôle de l’Empire français. De plus, Napoléon place sa famille sur les trônes de toute l’Europe afin d’étendre son contrôle (Espagne-Naples…). L’Empire passe de 80 à 130 départements avec une population de plus de 44 millions de sujets. Cette période est marquée par de nombreuses modernisations de l’administration et une uniformisation de nombreuses mesures permettent de mieux intégrer les économies et populations européennes. En France, le Code civil de 1804 permet d’unifier les lois françaises et de ne plus faire de distinction entre les régions de l’Empire, la promotion du mètre comme unité de mesure universelle pour faciliter les échanges (mesuré par Pierre-François MECHAIN (1744-1804) et Jean-Baptiste DELAMBRE), le Code du commerce en 1808 pour homogénéiser le pays, etc.

Carte de l'Empire Français en 1812 divisé en 130 départements, avec les Royaumes d'Espagne, de Portugal, d'Italie et de Naples et la Confédération du Rhin, l'Illyrie et la Dalmatie - Dufour, Auguste-Henri | Domaine public
Carte de l’Empire Français en 1812 divisé en 130 départements, avec les Royaumes d’Espagne, de Portugal, d’Italie et de Naples et la Confédération du Rhin, l’Illyrie et la Dalmatie – Dufour, Auguste-Henri | Domaine public

Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio et est mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène. Il a été Empereur des Français sous l’Empire qu’il a instauré entre 1804 et 1814. Il est responsable du coup d’État du 18 Brumaire en l’an VIII, qui met fin au Directoire et le remplace par le Consulat, où il sera nommé Premier Consul pendant 10 ans en 1799, puis Consul à vie à partir de 1802. Il est reconnu pour ses nombreuses campagnes militaires victorieuses notamment la Campagne d’Italie de 1796 à 1797 et la campagne d’Égypte de 1798 à 1799.

Quelques mots sur Napoléon.

Les tensions au sein de l’Empire

La domination de l’Empire sur le reste de l’Europe est totale. Néanmoins, des tensions apparaissent dans certains territoires, comme en Espagne (guerre d’indépendance, 1808 – 1814). La situation s’envenime à Madrid, après que la ville occupée par l’armée française se révolte. L’abdication du roi d’Espagne Charles IV au profit du frère de Napoléon Bonaparte déclenche la révolte dans l’ensemble du royaume. Les armées de l’empire sont alors mobilisées pour rétablir l’ordre.

L’armée de Napoléon traversant le Niémen - Auteur inconnu | Domaine public
L’armée de Napoléon traversant le Niémen – Auteur inconnu | Domaine public

La campagne de Russie, un tournant dans l’histoire de France

En parallèle, l’empereur participe à de nombreuses campagnes victorieuses. La bataille d’Austerlitz, le 2 décembre 1805, aussi appelée bataille des 3 empereurs, marque la victoire écrasante de la France sur la 2e Coalition.

Le changement de rapport de force en Europe intervient durant la campagne de Russie. Les relations avec l’ancien allié de l’Empire tombent en décrépitude. Il y a la crainte que la Russie s’allie avec l’Angleterre, ennemi puissant de l’Empire. Napoléon organise alors la campagne de Russie le 24 juin 1812, avec une armée de 650 000 soldats en provenance de tous les pays sous domination de l’Empire (450 000 hommes conscrits et 200 000 soldats). Les Russes vont l’appeler sarcastiquement l’armée des 20 nations. Elle se dirige donc vers la Russie.

Le voyage, tant qu’il traverse des territoires alliés ou sous sa domination, n’est pas bien compliqué. Mais, dès que l’armée arrive en terre ennemie, elle rencontre d’importants problèmes. Pas de combats intenses avec l’armée adverse, mais des pertes qui ont lieu à cause des maladies, de la faim et de la désertion (130 000 soldats). Les Russes appliquent la stratégie de la terre brûlée, afin de rendre inutiles les nouvelles possessions de la Grande armée (France). Une fois arrivée à Moscou et après avoir livré une bataille dantesque, l’armée s’installe durant un mois dans une ville complètement dévastée par les flammes.

Napoléon Bonaparte comprend trop tard que la campagne est perdue, il décide la retraite au bout, mais l’hiver est déjà là et très rude. Il va perdre bon nombre d’hommes sur la route du retour. Un lieu bien connu de cette retraite sera la traversée de la Bérézina le 14 décembre 1812 : entre 100 000 et 50 000 survivants de la Grande Armée rentrent en France.

Bataille de la Bérézina, Histoire de France - Peter von Hess | Domaine public
Bataille de la Bérézina, Histoire de France – Peter von Hess | Domaine public

Une défaite décisive pour l’Empire de France

Après la défaite importante de l’armée française dans la campagne de Russie, une coalition est créée pour mettre fin au règne de Napoléon Bonaparte. C’est la VIe Coalition, qui se compose de six pays différents : Royaume-Uni, Russie, Prusse, Suède, Autriche et les États Allemands.

Cette campagne militaire est appelée la campagne de France (1814), les troupes alliées entrant en France le 1er janvier 1814. Cette invasion provoque l’indignation de la population française, l’Empereur lève une nouvelle conscription, afin de renforcer les rangs de l’armée française, et lève de nouveaux impôts afin de financer la guerre. La crise qu’engendre la guerre provoque des mutations sociales importantes. Certains Français en viennent à acclamer des représentants de l’Ancien Régime comme le duc d’Angoulême à Bordeaux le 12 mars. La campagne de France s’arrête lorsque les souverains alliés entrent dans Paris le 31 mars 1814. La campagne de France provoque la déchéance de Napoléon Bonaparte le 2 avril 1814, prononcée par le Sénat. Napoléon, lui, prononce son abdication entre le 6 et le 12 avril 1814 à Fontainebleau. Un gouvernement provisoire formé par le Sénat est donc mis en place le 1er avril 1814. Napoléon quitte Fontainebleau le 20 avril, il sera exilé sur l’île d’Elbe. Il garde son titre d’empereur et des revenus convenables lui sont versés.

Les différents souverains ont fait de multiples déclarations par rapport à cette campagne, comme celle connue du tzar Alexandre : « une guerre contre Napoléon, non pas contre la France ». La Coalition connaît un premier moment difficile avec le choix de succession de Napoléon. Malgré tout, la volonté n’est pas de malmener la France (territoire, économie), mais simplement de la replacer dans son état d’avant l’Empire.

Le retour de la monarchie

Les membres de la coalition proposent plusieurs prétendants pour le trône de France. L’Autriche propose Marie-Louise, impératrice et mère du Roi de Rome, les Russes proposent Bernadotte, ancien maréchal et roi de Suède (Russie), et l’Angleterre propose l’ancienne famille royale de France, les Bourbons. Les intérêts divergent entre les différentes puissances européennes pour savoir qui va remplacer Napoléon. Un homme politique important de l’époque qui a jonglé entre tous les régimes des 25 dernières années, va faire pencher la balance du côté des Bourbons. Le Prince de Talleyrand, aussi appelé le Le diable boiteux (1754 – 1838) arrange un rendez-vous avec le Tzar Alexandre dans ses appartements afin de le convaincre du bien fondé du retour de la monarchie des Bourbons sur le trône de France. Avec du recul, il est possible de dire que Talleyrand est à lui seul responsable du retour de cette famille à la tête de la France. Malgré les voix qui s’élevaient pour contrer leur retour : « une race éteinte, une dynastie sans sujets ? » (Metternich).

Le Gouvernement français provisoire rédige une constitution afin qu’elle soit efficiente dès l’arrivée du roi en France. Elle garantit les libertés civiles, l’égalité, et les biens nationaux acquis lors de la réquisition de ceux-ci. Les nobles qui se sont enfuis de la France lors de la Révolution française et de la Première République, risquent de rentrer maintenant que les Bourbons sont de retour. Malheureusement, le nouveau roi Louis XVIII, lorsqu’il entre dans Paris le 3 mai 1814 ne voit pas les choses de la même manière. Il veut le retour du drapeau blanc et la fin du drapeau tricolore qu’il considère illégal. Il n’accepte pas la Constitution rédigée par le Gouvernement provisoire.

Le retour de la famille Bourbon sur le trône de France.

Le Gouvernement provisoire (Sénat), nomme le Comte d’Artois (deuxième frère de Louis XVI) général du royaume. Le drapeau blanc est rétabli. Les alliés signent une convention le 23 avril 1814 qui suspend les hostilités, marque le retour aux relations amicales entre les puissances. Le Comte de Provence quitte l’Angleterre le 19 avril et débarque à Calais le 24 avril. Il réalise la Déclaration de Saint-Ouen, près de Paris le 2 mai. Louis XVIII rentre dans Paris le 3 mai 1814. Il fait rédiger la Charte constitutionnelle par une commission. Ensuite, il met en place les droits dynastiques et le respect des libertés acquises avec la Révolution le 4 juin 1814.

La France en l’an 1814, un quart de siècle bouleversé

La France du début du XIXe siècle est marquée par une évolution importante de son influence en Europe. Les troubles politiques de la fin du XVIIIe siècle servent de base solide à la création d’un Empire puissant et expansionniste. Malgré tout, cet état de grâce pour les partisans de la France, prend fin après une énième campagne militaire, cette fois catastrophique pour les intérêts français. En l’espace d’une décennie, l’histoire de France est complètement transformée.

Quelques liens et sources utiles

Thierry Lentz, Le Premier Empire : 1804-1815, Pluriel, 2018

Jean-Philippe Rey, Histoire du Consulat et du Premier Empire, Paris, Perrin, 2016

Aurélien Lignereux, Les Impériaux. Administrer et habiter l’Europe de Napoléon, Fayard, 2019

Philippe Boutry, « Restauration » dans Dominique Kalifa (dir.), Les noms d’époque. De « Restauration » à « années de plomb », Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 2020

Henry Contamine, Diplomatie et diplomates sous la Restauration, 1814-1830, Paris, Hachette, 1970

Éric Le Nabour, Les deux Restaurations, Tallandier, Paris, 1992

Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration (1814-1830) : naissance de la France moderne, Perrin, Paris, 2002

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