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De la naissance de l’indépendance américaine à l’éveil du conflit

Découvrez comment la guerre de Sept Ans a conduit à la révolte des colons américains et à la lutte pour l'indépendance.
Boston Tea Party colorisée 1846 -Nathaniel Currier I Domaine Public
Boston Tea Party colorisée 1846 -Nathaniel Currier I Domaine Public

Alors que la guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre vient de s’achever, cette dernière s’apprête à être confrontée à un nouveau conflit inhérent à ses colonies américaines. En effet, à la suite de l’instauration de plusieurs taxes destinées à rembourser la dette causée par la guerre avec les Français, des colons américains se révoltent et provoquent l’embrasement des Treize colonies en entrainant avec eux les partisans d’une Amérique indépendante.

Le développement de la colonie américaine après la Guerre de Sept Ans

Dans le cadre du traité de Paris qui marque la fin de la guerre de Sept ans en 1763, les Français perdent l’ensemble de leurs territoires en Amérique au profit de la Couronne britannique qui récupère également un grand nombre de territoires à travers le globe.

En effet, outre l’acquisition du Canada et d’une partie de la Louisiane française, sujet que nous avons abordé dans l’article suivant : La Louisiane un héritage français en Amérique, l’Angleterre a étendu ses possessions sur d’autres continents. Les comptoirs indiens (Decan, Bengale…) et des îles des Caraïbes, anciennement françaises et espagnoles (Les Grenadines, la Dominique, Tobago…) sont désormais entre ses mains.

Les possessions anglaises en Amérique peuvent désormais se développer sans crainte des ennemis héréditaires français.

Carte nouvelle de l’Amérique angloise-Lotter-Matthau-1763-BNF I Domaine Public

Ces territoires sont composés d’une part, d’un espace au bord de l’Atlantique habité par près de 2 millions de colons et divisé en Treize colonies (Virginie, Massachussetts, Caroline du Nord, Pennsylvanie…). Bien qu’une majorité de la population soit anglaise, une part des habitants a des origines diverses étant aussi bien Ecossais, Irlandais et Allemands.

Chaque colonie a un gouverneur, une assemblée locale et une politique propre. Les colonies doivent néanmoins fournir des hommes pour la guerre, sous forme de milices. Ces milices sont souvent méprisées par l’armée de métier tout droit venue d’Angleterre.

D’autre part, les possessions américaines s’étendent à un territoire à l’ouest des colonies, entre les Appalaches et le fleuve Mississippi et à l’intérieur duquel vivent les tribus amérindiennes.

En 1763, est proclamée l’interdiction aux colons américains de franchir les montagnes des Appalaches derrière lesquelles se trouvent ces tribus. En effet, après quelques tentatives d’installation des colons, les tribus indiennes se révoltent sous le commandement de Pontiac, chef indien ami des Français, et massacrent colons américains et soldats britanniques.

Les prémices de la révolte : la création de taxes sur les produits importés.

Malgré cette victoire éclatante de la Couronne britannique, la guerre de Sept Ans a été très onéreuse pour couvrir les frais militaires. En conséquence, les finances anglaises sont exsangues creusant la dette de 76 à 135 millions de livres entre 1757 et 1763. Or, l’Angleterre rassemble un revenu annuel de 8 millions de livres grâce aux colonies américaines (5 millions d’exportations et 3 millions d’importations).

Les nouvelles possessions britanniques doivent alors augmenter considérablement le commerce avec la Couronne afin de générer plus de revenus et de rembourser la dette. L’Angleterre force les colonies américaines à acheter des produits venant de métropole. Les Anglais leur achètent en échange des produits comme le tabac et le riz.

Grâce à son empire colonial, l’Angleterre exporte par la Compagnie des Indes d’autres produits en Amérique comme le thé depuis l’Asie, denrée très consommée par les colons.

Les colons américains vendent néanmoins leurs produits aux Français et aux Espagnols installés aux Antilles depuis des années avant la guerre de Sept Ans.

Mais les frais engagés par l’Angleterre en Amérique sont trop importants par rapport à sa situation économique. Rien que le maintien de l’ordre en Amérique coûte près de 200 000 livres annuellement à la Couronne.

Pour rembourser la dette creusée par la guerre, le gouvernement anglais mené par Georges Grenville impose donc une série de taxes aux colonies américaines :

Le Sugar Act voté à la Chambre des Communes le 5 avril 1764 qui taxe le sucre et la mélasse (permettant la distillation de l’alcool), mais impose également les produits ne venant pas de Grande-Bretagne comme le sucre, le café, ou le textile.

Cette taxe affecte de nombreux marchands américains (brasseurs, fermiers, boulangers, bouchers) qui doivent rogner leurs marges d’une part et arrêter leurs ventes aux puissances étrangères d’autre part.

Des mouvements de protestation apparaissent immédiatement alors et des personnalités émergent comme James Otis et Samuel Adams.

Le Currency Act voté le 19 avril 1764 qui ordonne aux treize colonies d’utiliser la livre sterling et à la place du papier-monnaie local.

Le Stamp Act mis en œuvre le 22 mars 1965 : désormais, tous les actes officiels sortant d’une imprimerie doivent porter un timbre dont le coût revient à la Couronne (les actes légaux sont concernés mais aussi les livres et calendriers…). Cette mesure impacte fortement les imprimeurs qui répercutent la taxe sur le prix de vente de leurs produits.

Ces taxes successives entrainent ainsi un mécontentement général dans les colonies. Des pétitions pour abroger les lois sont envoyées au gouvernement depuis les assemblées locales.

Le célèbre Benjamin Franklin (écrivain, homme d’État et physicien), alors agent de plusieurs états américains se présente comme le porte-parole des colons américains en métropole.

Malgré cela, le Premier Ministre Grenville refuse de retirer les taxes car il souhaite que les Américains participent aux difficultés financières de la Couronne.

Benjamin Franklin-Joseph Siffrein Duplessis-
1785 I Domaine Public

Les premiers signes de la rébellion américaine

En conséquence, le 8 juin 1765, la Virginie appelle les autres colonies à abroger le Stamp Act et des heurts éclatent :

-Une première émeute a lieu à Boston le 14 août 1765 où la maison du marchand chargé d’appliquer le Stamp Act est saccagée.

-Le 26 août 1765, la maison du gouverneur du Massachusetts Hutchinson est pillée et dévastée.

-Des mouvements naissent comme « Les Fils de la Liberté », organisation indépendantiste militante composée de marchands et autres professions menées par Samuel Adams.

Les révoltes se déclenchent dans les villes d’autres colonies comme New-York, Philadelphie ou Newport.

Le 7 octobre a lieu la réunion des représentant de 9 colonies pour trouver une solution et faire pression sur le gouvernement britannique. Par la Declaration of Rights of Grivences rédigée le 14 octobre, le peuple américain réclame un certain nombre de droits à la Couronne comme l’abrogation des taxes et sa représentation au Parlement.

« No taxation without representation »

Déclaration du congrès américain le 14 octobre 1765

Face au refus de la Couronne d’accepter leurs revendications, les Américains boycottent toute marchandise britannique dans les ports. La Couronne voit donc ses exportations chuter avec une perte de revenus tant nécessaire à rembourser la dette. Le 18 mars 1766, le roi d’Angleterre Georges III acte la suppression du Stamp Act pour donner des gages aux séditieux américains.

Mais la Couronne a terriblement besoin de l’argent des impôts venant d’Amérique. Le Parlement légifère ainsi l’année suivante le remplacement du Stamp Act par les Townshend Acts (taxes sur plomb, verre, carton, thé).

Les Américains mettent alors en place de nouvelles mesures et les produits anglais déjà sur le territoire sont boycottés. D’autre part, les colonies cessent tout commerce avec la Grande-Bretagne afin de faire pression sur eux tandis qu’ils peuvent concentrer leurs échanges avec les Antilles, aux mains de puissances étrangères.

Le gouvernement anglais est acculé et révoque ainsi les Townshend Acts en 1770 à la demande de la Compagnie des Indes et des manufactures anglaises. Mais pour garder un semblant d’autorité, le Parlement conserve les taxes sur le thé qui vont devenir un symbole de la lutte contre la mère patrie.

Le Boston Tea Party, élément déclencheur de l’insurrection

Le 20 décembre 1773 a lieu le premier événement de la révolte : le Boston Tea Party.

Des colons déguisés en indiens s’introduisent dans le port de Boston et montent sur 3 bateaux venant de la Compagnie des Indes. Ils jettent alors à la mer les 342 caisses de thé que les bateaux contenaient. Les insurgés interdissent à quiconque de revendre du thé ou d’en stocker chez soi à l’avenir. Un autre bateau transportant du thé ne peut rentrer dans le port de Philadelphie. En tout, ce sont près de 5 millions de livres sterling qui partent en fumée et ne retombent pas dans les poches de la Couronne.

The Battle of Lexington-William Barnes-1910 I Domaine Public

Le 31 mars, un acte est signé par les autorités anglaises afin de fermer le port de Boston et de rechercher les insurgés. Mais l’acte est brûlé en place publique le 19 mai et les colonies imposent un embargo sur tous les produits britanniques.

Le 1er septembre 1774 se déroule le premier congrès américain avec des délégués pour représenter chaque état. Les Treize colonies s’unissent enfin contre l’adversaire commun. Le Congrès formé décide de cesser tout commerce avec l’Angleterre et commence par renvoyer à partir de février 1775 toute marchandise venant de métropole.

Un premier affrontement armé a lieu entre Américains et Britanniques le 18 avril 1775 à Lexington et à Concord, près de Boston (Massachussetts). Des troupes anglaises venues récupérer un chargement de poudre font feu sur une compagnie de miliciens gardant l’entrepôt et en tuent quelques-uns. Les redcoats (soldats anglais) avancent mais tombent sur un autre groupe de miliciens qui ouvrent le feu et doivent battre en retraite.

Cet événement marque la naissance d’un mouvement de révolte qui se propage dans les grandes villes des colonies. Les colons en faveur de l’indépendance s’engagent massivement dans les milices locales tandis que les partisans de la Couronne sont houspillés. L’affrontement signe le début d’une longue guerre d’indépendance qui va durer jusqu’en 1783 et pendant laquelle les Américains vont devoir constituer une armée régulière capable de défaire l’armée britannique.

Quelques liens et sources utiles

Odet Julien Le Boucher, Histoire de la guerre de l’indépendance des Etats-Unis Tome 1, Hachette Livre BNF, 2012

Pascal Cyr et Sophie Muffat, La guerre d’indépendance américaine, PASSES COMPOSES, 2022

Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Tempus Perrin, 2018

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