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Eugène Criqui de la bataille des Eparges à champion du monde de Boxe

Le parcours incroyable d'Eugène Criqui ou "Mâchoire de fer", de la bataille des Eparges au sommet de la boxe mondiale.
Portrait du boxeur français Eugène Criqui en 1927 - Agence Rol | Domaine Public
Portrait du boxeur français Eugène Criqui en 1927 – Agence Rol | Domaine Public

Né à Paris le 15 août 1893, Eugène Criqui ne mange pas toujours à sa faim ; il grandit dans les rues de Belleville, entre école buissonnière et bagarres. C’est à l’âge de 16 ans qu’il débute la boxe. Au début du XXe siècle, la boxe est un véritable phénomène culturel qui anime les music-halls parisiens. Il gravit les échelons pour devenir, à 19 ans, champion de France des poids mouches (-52 kg) et vice-champion d’Europe la même année.

En août 1914, il est mobilisé et part faire ses classes du côté de Laval. Il sera par la suite affecté sur le front Nord-Est, à la crête des Éparges, près de Verdun.

La Bataille des Éparges

Cette bataille est connue pour être le lieu de décès de l’écrivain Alain-Fournier (1886-1914) et de Louis Pergaud (1882-1915), auteur de La Guerre des boutons (1912), dont le corps n’a jamais été retrouvé. Elle sera aussi marquée par la présence de l’écrivain Maurice Genevoix (1890-1980), auteur de Ceux de 14 publié en 1949, et de notre boxeur Eugène Criqui.

La crête des Éparges, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Verdun, culmine à 350 mètres, ce qui offre aux Allemands une dominance sur le ravin des Quanottes à l’ouest, contrôle le col de la Crête de Combres au centre-sud et enfin, veille sur la plaine de la Woëvre à l’est. Les Allemands y développent des blockhaus et un réseau de tranchées, ce qui rend la tâche de reconquête pour la 12e division d’infanterie et le 106e régiment d’infanterie quasi impossible.

Pour l’état-major français, la possession de ce point stratégique semble idéale pour l’installation de batteries d’artillerie et d’un observatoire pour conduire les tirs des canons français.

L’assaut sera lancé le 17 février 1915. En quelques jours, la bataille comptera environ 50 000 morts dans les deux camps.

Le rôle déterminant du génie : la guerre des mines

À partir de mi-avril 1915, le général Herr (1855-1932) ordonne de déloger les troupes allemandes avec des charges explosives souterraines. Les sapeurs du génie sont alors chargés de creuser des galeries souterraines permettant d’approcher d’est en ouest de la crête les tranchées allemandes. Sous les positions ennemies, ils placent des charges explosives vouées à anéantir les troupes ennemies.

Illustration de l'établissement d'une mine sous une tranchée ennemie - Boldair | Domaine public
Illustration de l’établissement d’une mine sous une tranchée ennemie – Boldair | Domaine public

Finalement, la guerre des mines, terrible et éprouvante pour les sapeurs des deux camps, ne permettra pas de renverser le cours de cette bataille. Suite à l’action héroïque des sapeurs dans la bataille des Éparges, un monument « À la gloire du génie » a été élevé en 1963. Ce n’est qu’en septembre 1918 que la crête sera totalement libérée grâce à l’offensive de la 1ère armée américaine.

Criqui de “gueule cassé” à champion du monde

Les débuts dans l’enfer de 14 sont calmes pour Eugène. Grâce à son titre de champion de France, il est d’abord placé à l’arrière du front pour entraîner les jeunes recrues à la boxe.

Il participera par la suite à la bataille des Éparges.

Une nuit de mars 1915, Eugène est de garde dans une tranchée de première ligne. Il racontera avoir vu une silhouette grise sur laquelle il ouvrit le feu, puis rechargea, et au même moment, une balle l’atteignit au visage.

Transporté dans un hôpital parisien dans un service de chirurgie spécialisé, une plaque en acier complétera le bas de son visage, et sa langue sera recousue. Il perdra l’usage de la parole pendant plusieurs mois. Il fait partie des multiples hommes touchés d’une manière ou d’une autre par la guerre.

Il recevra la croix de guerre, reprendra la boxe en 1917 avec une nouvelle arme « le punch » et un nouveau surnom « mâchoire de fer ».

Dans son oeuvre Tomber 8 fois se relever 9, Frédéric Marais s’inspire librement de la vie d’Eugène Criqui pour la raconter avec des illustrations grandioses.

Une œuvre à lire, mais surtout à contempler et à exposer.

Tomber n’est rien. C’est le nombre de fois qu’Eugène se relève qui fait de lui le champion qu’il est !

Frédéric Marais, Tomber 8 fois se relever 9, HongFei, 2024

Il fit tomber tour à tour Jimmy Doyle, Kid Sullivan, Auguste Grassi, jusqu’à ce match au Vel’d’Hiv, le 4 février 1922. Devant une foule record, il abattit d’un seul crochet, en un round, le champion des coqs Charles Ledoux. Sacré champion d’Europe face au Belge Arthur Wins, Criqui en vint à disputer un championnat du monde des poids plume, détenu depuis dix ans par l’Américain Johnny Kilbane. Le combat se disputa au Polo Grounds de New-York le 2 juin 1923, et Criqui gagna par K.O. d’une droite au sixième round.

Quelques liens et sources utiles

Armée de Terre, Le génie aux Eparges : un rôle déterminant, Archives Defense, 2022

Maurice Genevoix, Ceux de 14, Flammarion, 2018

Maurice Genevoix (1890 – 1980), Des tranchées au Panthéon, Hérodote, 2020

Pascale Bouhénic, Boxing Parade, collection L’arbalète, Gallimard, 2011

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