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Georges Guynemer, l’incroyable épopée de cet aviateur

Alors que rien ne le prédestinait au monde de l’aviation, Guynemer s’impose rapidement comme l’un des meilleurs as de la Grande guerre.
Georges Guynemer - Armée de l'air | Domaine public
Georges Guynemer – Armée de l’air | Domaine public

Coup de cœur de la rédac'

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Georges Guynemer est un pilote français du début du XXème siècle. Alors que rien ne le prédestinait au monde de l’aviation, il acquiert une renommée nationale dès 1915 sur le front en prenant tous les risques et s’impose rapidement comme l’un des meilleurs as français de la Première Guerre mondiale.

Un chemin sinueux dans l’aviation

Georges Marie Guynemer naît à Paris le 24 décembre 1894. Il est le fils de Paul Guynemer, ancien officier Saint-Cyrien et de Julie Doynel de Saint-Quentin, issue d’une famille aristocratique normande.

Georges grandit dans un milieu aisé, élevé et instruit par des gouvernantes. Il aspire jeune au métier d’officier et après l’obtention de son baccalauréat scientifique au Lycée Stanislas à Paris, y poursuit en classe préparatoire en vue de rentrer à Saint-Cyr ou à l’école Polytechnique. Sa scolarité se solde par plusieurs interruptions dues à son état de santé mais surtout son indiscipline qui le conduit à son renvoi de sa classe préparatoire à la suite d’une gifle donnée à son professeur.

À la déclaration de la guerre en juillet 1914, Georges alors en vacances près de Biarritz, tente de s’engager par trois fois dans l’infanterie, mais se voit à chaque fois recalé en raison de sa faible condition physique.

Il parvient, grâce aux relations de son père, à s’engager dans l’aviation, milieu qu’il admire particulièrement depuis qu’il a aperçu en 1911 des avions survoler Paris lors de la compétition du Circuit européen.

Premièrement engagé à Pau dans le service auxiliaire de l’armée de l’air en qualité de mécanicien, Georges Guynemer doit s’adonner à des tâches rudimentaires en caserne qui lui font découvrir un monde qu’il ne connaissait pas. En effet, il doit partager sa chambrée avec des soldats de milieux populaires et effectuer de nombreuses corvées. Cette vie, bien loin de son rêve, ne lui plaît pas et il fait tout pour en sortir. Il parvient finalement, grâce à une connaissance de son père, à rejoindre une école de formation de pilote en janvier 1915. Il y est remarqué par ses supérieurs pour sa maladresse et endommage plusieurs avions. Mais sa passion de voler l’habite et il multiplie les entraînements, l’issue de quoi il obtient son brevet de pilote en mars 1915.

Affecté près de Compiègne à l’escadrille MS 3, légendaire escadrille des Cigognes, il est formé au combat par son instructeur Jules Védrines, pilote expérimenté, connu quelques années plus tard pour son atterrissage sur le toit des Galeries Lafayette en janvier 1919. Malgré la réticence de ses supérieurs qui veulent le renvoyer, Védrines le prend sous son aile et l’aide à perfectionner sa technique de pilotage.

Les débuts d’une série de victoires impressionnantes

Guynemer à bord de son Nieuport en 1916 (à droite) - Armée de l'air | Domaine public
Guynemer à bord de son Nieuport en 1916 (à droite) Guynemer et son mécanicien Guerder le 19 juillet 1915 (à gauche)- Armée de l’air | Domaine public

Sa première mission a lieu le 13 juin 1915, où il est chargé avec un observateur de faire une reconnaissance des lignes ennemies à bord d’un Morane-Saulnier type L. Guynemer y découvre finalement un monde qui va lui faire connaître une ascension fulgurante.

Sa première victoire aérienne a lieu près de Soissons, le 19 juillet 1915, quand le caporal Guynemer, alors en train de travailler sur son appareil, aperçoit un avion de reconnaissance allemand qui survole les lignes françaises. Guynemer s’empresse de monter dans son Morane Saulnier avec son mécanicien Charles Guerder et décolle immédiatement sans attendre l’ordre d’un quelconque supérieur. Il fonce fougueusement sur l’appareil allemand qui le repère et prend le temps de s’enfuir. La déception est grande mais un autre appareil allemand type Aviatik est en vue. Guynemer sent son heure arriver et s’applique à ne pas se faire voir pour prendre en chasse l’ennemi. Cette fois, l’appareil allemand détecte trop tard l’aviateur français et doit s’engager dans le combat. La lutte est rude, les balles pleuvent et les appareils manquent de se toucher. Guerder qui est chargé de faire feu est blessé à la main droite et l’équipage français se retrouve alors en difficulté. Mais le mécanicien se ressaisit et réussit malgré l’imprécision de sa mitrailleuse à toucher le pilote allemand et mettre en feu l’appareil ennemi qui s’écrase.

La victoire est totale. Les poilus qui ont assisté à la scène depuis la terre viennent célébrer l’exploit du jeune aviateur. Georges Guynemer et Charles Guerder reçoivent la médaille militaire deux jours plus tard sous l’œil admiratif de Paul Guynemer, le père du jeune pilote.

Les exploits vont s’enchaîner pour Guynemer avec l’arrivée de nouveaux appareils : les Nieuport 10. En effet, dans le seul mois de décembre 1915, il abat trois appareils allemands qui lui vaudront la Légion d’honneur remise par le président Poincaré le jour de ses 21 ans. Il se distingue comme le meilleur pilote français en franchissant, le 3 mars 1916, le cap des 5 victoires aériennes, le faisant devenir le premier as de guerre. Son nom apparaît dans le communiqué aux armées et sa notoriété grandit.

Mobilisé à Verdun, il est blessé par des éclats d’obus et mis en convalescence jusqu’en juin 1916 où son escadrille est affectée dans la Somme. Lors de cette bataille, il y abattra officiellement 21 appareils ennemis à bord du tout nouveau SPAD VII, dès septembre 1916. Le SPAD VII, appareil très moderne, va totalement changer le combat aérien en raison de ses très bonnes performances techniques (200 km/h de vitesse maximale pour 180 ch). Guynemer contribue à l’amélioration de cet appareil en correspondant régulièrement avec son constructeur, l’ingénieur Louis Béchereau.

En février 1917, Georges Guynemer, fraîchement nommé capitaine, est transféré en Lorraine où il abat 5 avions. Son palmarès atteint alors 35 victoires aériennes.

Engagé dans la bataille du chemin des Dames, il acquiert une renommée grandissante le 25 mai 1917 quand il abat 4 avions dans cette même journée. (8h30, 8h31, 12h30, 18h)

Une fin tragique pour l’aviateur Georges Guynemer

Guynemer épargnant l'aviateur Ernst Udet après l'enrayement de sa mitrailleuse (peinture de l'aviateur allemand lui-même) - Ernst Udet  | Domaine public
Guynemer épargnant l’aviateur Ernst Udet après l’enrayement de sa mitrailleuse (peinture de l’aviateur allemand lui-même) – Ernst Udet | Domaine public

Affecté dans les Flandres en juillet 1917 pour renforcer la grande offensive, Guynemer prend le commandement de l’escadrille des Cigognes, célèbre unité rassemblant les meilleurs pilotes français comme Roland Garros ou René Fonck. A sa tête, il remporte quatre victoires à bord d’un SPAD XII. Sa dernière victoire a lieu le 20 août 1917 avec un SPAD XIII.

Le 11 septembre 1917, vers 8h30 Guynemer part en patrouille avec le pilote Jean Bozon-Verduraz. Apercevant un avion de reconnaissance Rumpler, l’as français plonge dans sa direction. Bozon-Verduraz repère plusieurs Fokker allemands venant secourir leur camarade et se porte vers eux afin de faire diversion. Les appareils s’éloignent étonnamment et le pilote français vire afin de retourner aider son coéquipier. Mais surprise, les deux avions ont disparu. Bozon-Verduraz descend alors à basse altitude en espérant trouver une explication mais rien à l’horizon. Le pilote revient à la base et annonce la terrible nouvelle à l’escadrille. Georges Guynemer est officiellement porté disparu le 25 septembre par le ministère de la Guerre. L’émotion est grande parmi son escadrille mais aussi les soldats français qui y voient la disparition d’un héros qui les aidait à surmonter la vie dans les tranchées à sa simple apparition au-dessus de leur tête.

« GUYNEMER (Georges), capitaine commandant l’escadrille n°3 :  mort au champ d’honneur, le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable, qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations« 

Citation à l’ordre de l’armée du 16 octobre 1917.

Le corps de Guynemer, probablement tombé dans le no man’s land ne sera jamais retrouvé. C’est ainsi que s’éteint la légende française aux 53 victoires officielles et aux 21 citations dont la devise « Faire Face » est aujourd’hui celle de l’École de l’Air.

Quelques liens et sources utiles

Georges Thomas, Guynemer, l’As des As, Les Editions Blanche de Peuterey 2018

Myrone N. Cuich, Guynemer et ses avions du Spad au Mirage, 1980

Marcel Nadaud, Guynemer, l’as des as, Albin Michel 1918

Raymond Vanier, Raymond Vanier, journal d’un pilote de guerre (1914-1918), Loubatières nouvelles éditions 2017

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